: En images Les catastrophes naturelles se sont multipliées durant les douze mois les plus chauds jamais enregistrés
En publiant son dernier rapport, mercredi 5 juin, l'observatoire européen Copernicus confirme que le mois de mai qui s'achève a été le mois de mai le plus chaud jamais enregistré à l'échelle mondiale, depuis le début des mesures. C'est aussi le douzième mois consécutif à établir un nouveau record des températures moyennes sur le globe. La série de records témoigne d'une année rythmée par une fuite en avant climatique, expliquée par la croissance continue des émissions de gaz à effet de serre liées aux activités humaines, ainsi que par l'influence passagère du phénomène naturel El Niño. Les douze mois écoulés ont ainsi vu s'aggraver des phénomènes de sécheresses, d'inondations ou de chaleurs en plusieurs régions du monde.
Des incendies dévastateurs
Dès le 1er juin 2023, la saison des feux de forêt au Canada s'ouvre dans un contexte de températures records et de sécheresse généralisée. Ce jour-là, la foudre allume 120 incendies, selon les autorités canadiennes.
Sur la côté est des Etats-Unis, les New-Yorkais suffoquent dans le brouillard de fumée en provenance du voisin québécois.
Trois mois plus tard, plus de 6 132 incendies ont ravagé 16,5 millions d'hectares, soit plus du double du précédent record établi en 1989. Car "contrairement aux années précédentes", les feux de cette saison, "la plus destructrice jamais enregistrée", "s'étendaient de la côte ouest aux provinces atlantiques, en passant par le nord", résument les autorités.
Ce même été, des feux ravagent aussi le pourtour méditerranéen, soumis à des températures caniculaires, jusqu'à 47,6°C le 24 juillet à Catane, en Sicile. Italie, Grèce, Espagne, France, Algérie, Tunisie, Croatie... Les flammes font des dizaines de victimes.
Dans l'hémisphère sud, l'été austral s'accompagne aussi de canicules et de sécheresses. Dès le mois de novembre, le Brésil et la Bolivie suffoquent sous des températures meurtrières, qui entraînent incendies de forêts et des fermetures d'écoles. En février, près de 3 000 feux brûlent toujours à travers l'Amazonie, marquant un nouveau record pour la région. Après la Colombie et l'Argentine, le Chili connaît début février sa "plus grande tragédie" depuis le tremblement de terre de 2010, quand un incendie titanesque provoque la mort de 122 personnes dans la région touristique de Valparaiso.
Sans attendre le printemps, sécheresse et chaleur menacent à nouveau dans l'hémisphère nord, comme aux Etats-Unis, où un incendie précoce se déclare en février dans le Texas, ou en Espagne, où ce mois d'avril affiche des températures autour de 30°C, propices à un premier départ de feu.
Des chaleurs extrêmes
La chaleur a pesé sur le quotidien de nombreux habitants de la planète au cours de ces douze derniers mois. Dans l'hémisphère nord, l'Inde, la Chine, le Vietnam et la Thaïlande sont les premiers pays à enregistrer des centaines de décès liés à la canicule, à l'orée de l'été 2023. "Depuis 1951, Pékin a connu onze jours où les températures ont été supérieures à 40°C, dont cinq au cours des deux dernières semaines", écrit CNN le 7 juillet.
Dans la capitale chinoise, la chaleur et le recours massif à la climatisation mettent à mal les installations électriques, tandis qu'à l'autre bout du monde, une partie du sud des Etats-Unis, du sud de l'Europe et de l'Afrique du Nord dépassent déjà régulièrement les 40°C.
En Europe, les records absolus de températures tombent les uns après les autres, tandis qu'il faut monter à 5 298 mètres d'altitude, dans les Alpes suisses, pour trouver la limite du "0°C" : un record. En octobre, des arbres fleurissent, s'étonnent des agriculteurs, mais dans le même temps, les coraux se meurent dans presque tous les océans de la planète, touchés par une canicule sous-marine hors norme.
Mer ou montagne, le réchauffement climatique n'a guère de préférence. L'absence de neige entraîne l'annulation d'épreuves et l'aménagement d'une piste sur un glacier, à Zermatt (Suisse), où se déroule en novembre une étape de la Coupe du monde de ski alpin. Pour les Mondiaux de biathlon, quelques mois plus tard, en République tchèque, la neige naturelle est, là encore, portée disparue. Nous sommes en février et les Alpes battent un nouveau record : leur plus faible surface d'enneigement en cette saison (moins de 40%).
Et alors que l'hémisphère nord fond, les pays du sud étouffent. Des canicules meurtrières s'abattent à nouveau sur le Brésil et sur le nord du continent africain, le Sahel et une partie de l'ouest du continent.
Enfin, en Asie, les chaleurs qui précèdent habituellement la mousson, au printemps, atteignent des valeurs inédites. A Bangkok, les Thaïlandais décrivent "l'agonie" de ces mois d'avril et de mai, marqués par des fermetures d'écoles et autres confinements climatiques. En Inde, une vague de chaleur humide fait grimper le mercure à plus de 45°C dans plusieurs grandes villes et entraîne la mort de dizaines de personnes.
Des inondations meurtrières
Le réchauffement climatique n'entraîne pas que la sécheresse. Dans plusieurs régions du monde, les épisodes de chaleurs exceptionnels de ces derniers mois ont été suivis d'inondations dévastatrices. Ainsi, fin juillet, Pékin se relève à peine d'une canicule inédite que le printemps lui apporte un typhon en provenance des Philippines. En 40 heures, 170 mm de précipitations tombent sur la capitale, qui vit son plus fort déluge depuis 140 ans. Les intempéries provoquent l'évacuation d'environ 127 000 personnes (et 847 400 autres dans le Hebei voisin) et font au moins 147 morts.
Espagne, Grèce, Turquie... Les pays du pourtour méditerranéen, malmenés tout l'été par la chaleur, voient aussi arriver, en septembre, des pluies torrentielles et des inondations sur une partie de l'Europe. La tempête Daniel s'abat sur la ville côtière de Derna, en Libye. Sous la pression de l'eau, deux barrages cèdent, provoquant la destruction immédiate d'une partie de la ville de 100 000 habitants, dont 30 000 sont contraints d'évacuer.
Tandis qu'à l'automne, une partie de l'Amazone est à sec et que, par manque d'eau, le canal de Panama doit revoir à la baisse le nombre de bateaux qui y transite, l'ouragan Otis apporte des pluies diluviennes sur le Mexique, plusieurs milliers de km plus au nord. "Imprévisible", le monstre balaie la station balnéaire d'Acapulco, tandis qu'en Europe, les tempêtes se multiplient. Ciaran, Domingos... Les alertes orange et rouge aux risques de pluie-inondation et vagues-submersion rythment le quotidien de milliers de Français.
Dans le Pas-de-Calais, où les sols sont gorgés d'eau, les précipitations ininterrompues causent des inondations historiques et paralysent des villes entières pendant de longues semaines. Plus au nord, les îles britanniques connaissent l'hiver le plus pluvieux jamais enregistré.
La corne de l'Afrique et le Moyen-Orient, régions volontiers associées aux fortes chaleurs et aux conditions sèches, souffrent elles aussi de précipitations exceptionnelles. En Tanzanie, où la saison des pluies est boostée par le phénomène El Niño, des glissements de terrain font au moins 155 morts. Quarante-cinq autres personnes meurent au Kenya.
En avril, des pluies torrentielles font une victime à Dubaï et détruisent des infrastructures routières. A Oman, le bilan s'élève à 18 morts.
Au Brésil, les inondations succèdent aussi à la sécheresse dans l'Etat du Rio Grande del Sul, au cœur de l'Amazonie. Les crues, rendues deux fois plus probables par le réchauffement climatique, poussent 600 000 personnes à quitter leur domicile.
Le Bangladesh est frappé par le cyclone Remal, l'un des plus longs de l'histoire du pays. Accompagné de vents violents et de fortes vagues, il provoque inondations et glissements de terrain.
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