Carte Crise climatique : visualisez la vague de chaleur "exceptionnelle" enregistrée sur le continent africain

Article rédigé par Camille Adaoust
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Un berger est assis sur une terre aride à Ouled Essi Masseoud, au Maroc, le 6 mars 2024. (FADEL SENNA / AFP)
Le réchauffement climatique dû à l'activité humaine et le phénomène El Niño ont provoqué des anomalies extrêmes de température à la mi-mars.

Une situation "exceptionnelle", des "milliers de records explosés". Entre le lundi 11 et le dimanche 17 mars, des internautes ont signalé sur le réseau social X des températures particulièrement chaudes sur le continent africain. "Tous les ingrédients sont réunis pour avoir des températures élevées sur le continent en ce printemps", explique le climatologue Benjamin Pohl, chercheur à l'institut Biogéosciences de l'université de Dijon.

Sur les relevés de l'observatoire européen Copernicus, les anomalies positives de températures ont en effet recouvert de nombreuses régions du continent lors de cette semaine, comme le montre l'outil Climate Pulse, qui permet de comparer les températures du jour avec les moyennes entre les années 1991 et 2020. Plus la zone concernée vire au rouge, plus on se rapproche de +8 à +12°C par rapport aux températures des trente dernières années :  

Carte animée des anomalies de températures sur le continent africain

Pour expliquer ces températures, Benjamin Pohl cite d'abord le phénomène global de réchauffement climatique causé par les activités humaines. S'y ajoute "la fin d'un événement El Niño assez fort" : "Après le El Niño qu'on a eu, le continent africain est chaud assez uniformément, mais surtout dans le nord et le sud de la cuvette congolaise, sur tout le Sahel et en Afrique de l'Ouest."

Un autre paramètre s'additionne, selon le chercheur. "L'océan Indien répond parfois au phénomène El Niño et se réchauffe sur sa partie ouest, ce qui crée une nouvelle source de chaleur, affectant surtout l'Afrique australe et l'Afrique de l'Est, cette fois-ci." 

"On arrive à la saison du printemps, qui est la plus chaude au Sahel. Et cette année, on s'attend à un printemps particulièrement chaud."

Benjamin Pohl, climatologue

à franceinfo

On voit donc, année après année, une "nette augmentation des records de chaud et une baisse des records de froid." Ces événements interviennent en effet après une année 2023 particulièrement marquée par les extrêmes sur le continent africain : "une chaleur inhabituelle", des "déficits de précipitations", des "vagues de chaleur significatives" et des "inondations", cite le dernier rapport sur le climat de l'Organisation météorologique mondiale. "Les populations les plus exposées sont aussi les plus vulnérables et les moins responsables des émissions de gaz à effet de serre qui amènent cet excès de chaleur", déplore Benjamin Pohl. 

45°C prévus au Sud-Soudan

Conséquence immédiate, le gouvernement du Soudan du Sud a annoncé, samedi 16 mars, la fermeture des établissements scolaires à partir du lundi 18, pour une durée non précisée. Sur place, la vague de chaleur inhabituelle pouvait atteindre les 45°C. Une telle mesure est inédite dans ce pays tropical d'Afrique de l'Est, considéré comme particulièrement vulnérable au changement climatique. Les fortes chaleurs n'y sont pas rares, notamment lors du pic de la saison sèche en février-mars, mais dépassent rarement les 40°C.

"La plupart des régions du Soudan du Sud connaissent une vague de chaleur. (...) Des températures élevées de 41°C à 45°C sont attendues cette semaine", ont ainsi mis en garde les ministères de l'Education, de la Santé et de l'Environnement dans un communiqué, soulignant que ce phénomène était prévu pour durer "au moins deux semaines". "Des cas de décès liés à une chaleur excessive ont déjà été signalés", affirment-ils, sans plus de détails.


Depuis le XIXe siècle, la température moyenne de la Terre s'est réchauffée de 1,1°C. Les scientifiques ont établi avec certitude que cette hausse est due aux activités humaines, consommatrices d'énergies fossiles (charbon, pétrole et gaz). Ce réchauffement, inédit par sa rapidité, menace l'avenir de nos sociétés et la biodiversité. Mais des solutions – énergies renouvelables, sobriété, diminution de la consommation de viande – existent. Découvrez nos réponses à vos questions sur la crise climatique.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.