Espagne, Grèce, Turquie... Ce que l'on sait des pluies torrentielles et des inondations qui touchent une partie de l'Europe
Après un été marqué par plusieurs vagues de très fortes chaleurs et des incendies en raison du réchauffement climatique, notamment en Grèce, le bassin méditerranéen est touché par des pluies torrentielles qui ont provoqué des inondations. Les derniers bilans sont lourds, mardi 5 septembre : plusieurs personnes sont mortes en Espagne, en Grèce, en Turquie et en Bulgarie.
Ces événements exceptionnels trouvent leur origine dans un événement météorologique appelé "blocage en oméga" (de la forme de la lettre grecque), qui fige la circulation atmosphérique à haute altitude. Alors qu'une remontée d'air très chaud en provenance du Sahara touche la France et l'Europe centrale, deux dépressions alimentées par un air froid stagnent de part et d'autre de cette masse d'air chaud. "Une goutte froide", schématise auprès de franceinfo Davide Faranda, climatologue au CNRS. "Les orages se forment lorsque ces courants froids entrent en contact avec des masses d'air chaud, précise-t-il. Ces phénomènes de blocage en oméga ont toujours existé, mais le réchauffement climatique rend ces épisodes plus intenses."
En Espagne, des inondations après une sécheresse historique
Après plusieurs mois marqués par une sécheresse historique et plusieurs canicules – le thermomètre a atteint 47°C cet été, proche du record absolu dans le pays –, l'Espagne a été touchée par des pluies diluviennes, notamment pendant le week-end du 2 et 3 septembre. Ces intempéries, qui ont particulièrement touché les régions de Madrid et de Castille-La Manche, dans le centre du pays, ont fait trois morts et trois disparus, selon la garde civile, l'équivalent de la gendarmerie en Espagne.
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Des routes ont été coupées, des ponts ont été endommagés ou se sont écroulés, alors que le trafic ferroviaire a été partiellement interrompu en début de semaine. La rentrée scolaire a également été très perturbée à Madrid, où ces intempéries massives ont entraîné le déclenchement d'une alerte d'urgence inédite, directement envoyée sur les téléphones des habitants.
Le climatologue et co-auteur du sixième rapport du Giec Christophe Cassou explique sur X (ex-Twitter) que "l'influence humaine est un booster, un dopant non seulement pour les températures mais aussi pour les précipitations". Il rappelle que le réchauffement climatique augmente la quantité de vapeur d'eau dans l'atmosphère. "Une atmosphère plus chaude de 1°C peut contenir 7% de vapeur d'eau en plus."
La Grèce face à un "phénomène extrême"
"Il s'agit d'un phénomène extrême." Voici les mots employés par le Premier ministre grec, Kyriakos Mitsotakis, au sujet des intempéries qui touchent son pays, déjà ravagé par des incendies en juillet et en août. La tempête Daniel, comme elle a été surnommée, a touché le centre et le sud-ouest du pays. La police a notamment interdit les déplacements à Volos, dans certains villages du Pélion et sur l'île proche de Skiathos, touchées par des inondations et des crues sans précédent.
Alors que le service météorologique national prévient que les graves intempéries vont toucher le nord et le sud de la Grèce jusqu'à jeudi, le bilan est déjà lourd. Deux personnes sont mortes mardi et deux autres sont portées disparues, selon les autorités.
"D'après les météorologues, c'est le phénomène le plus extrême en termes de quantité d'eau tombée en l'espace de 24 heures depuis que la Grèce possède des archives sur le sujet", a annoncé lors d'un point-presse le ministre de la Protection civile et de la Crise climatique, Vassilis Kikilias. Selon le centre d'étude de la gestion des crises du ministère, "de 600 à 800 mm" d'eau sont tombés "en 24 heures en Magnésie", dans le centre de la Grèce. A titre de comparaison, 500 mm étaient tombés en 24 heures à Saint-Martin-de-Vésubie (Alpes-Maritimes) le 2 octobre 2020, pendant la tempête Alex, selon Météo-France.
"Malheureusement, dix de nos concitoyens ont perdu la vie dans les inondations, et quatre personnes sont portées disparues", a annoncé vendredi le ministre grec Vassilis Kikilias, lors d'un nouveau point presse.
Plus que la sécheresse, le climatologue Davide Faranda explique que les incendies ont joué un rôle dans ces gigantesques crues. "Les feux ont brûlé la végétation et les arbres capables de retenir l'eau, ce qui a provoqué des glissements de terrains."
Au moins neuf morts en Turquie et en Bulgarie
Voisines de la Grèce, la Turquie et la Bulgarie ont également été touchées par ces intempéries. La tempête Daniel a fait au moins six morts dans l'ouest de la Turquie, dont deux dans la capitale, Istanbul, où les rues et le métro ont été inondés par endroits. Le ministre de l'Intérieur, Ali Yerlikaya, a également fait état de 31 blessés, dont huit encore hospitalisés.
En Bulgarie, au moins trois personnes sont mortes mardi et deux sont portées disparues sur la côte de la mer Noire, où des milliers de touristes ont été affectés. La ville de Tsarevo, la plus durement touchée, a décrété une journée de deuil. Le ministre de l'Environnement bulgare, Julian Popov, a mis en garde à la télévision contre le danger posé par "le mauvais état des infrastructures et le trop grand nombre de constructions sur la côte".
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