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Infographies Incendies records, températures extrêmes... L'été 2023 résumé en six graphiques

Article rédigé par Léa Prati
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 10min
Des avions interviennent sur les incendies qui touchent l'île de Rhodes, en Grèce, le 24 juillet 2023. (SPYROS BAKALIS / AFP)
Des gigantesques incendies qui ont dévasté la Grèce et le Canada à la canicule inédite fin août en France, la période estivale a montré les conséquences radicales du réchauffement climatique.

Les indicateurs météorologiques se sont affolés partout dans le monde durant cet été 2023, témoignant de l'urgence de la crise climatique. Sur terre comme en mer, cette saison estivale a été marquée par des événements climatiques extrêmes d'une ampleur rarement observée. Alors que les températures ont atteint des records historiques en France et ailleurs dans le monde, des incendies dévastateurs ont ravagé des milliers d'hectares en Grèce et au Canada. Les océans et les mers, quant à eux, n'ont pas été en reste, avec des températures anormalement élevées enregistrées à la surface de l'eau. Franceinfo revient en six graphiques sur ces semaines préoccupantes.

1En France, une canicule tardive qui a battu des records de températures

Dans la deuxième partie du mois d'août, l'Hexagone a été touché par une vague de chaleur particulièrement intense et tardive. D'une durée de huit jours, cette canicule s'est classée "au sixième rang en termes de sévérité" parmi les 47 identifiées par Météo-France depuis 1947. Entre le 15 et le 24 août, la barre symbolique des 40°C a été franchie 49 fois. En moyenne, ce seuil est dépassé 13 fois par an depuis l'an 2000, précise l'institut.

L'indicateur thermique (IT) a été mesuré à 27,8°C le 24 août, battant pour la quatrième fois d'affilée le record de la journée la plus chaude jamais enregistrée à l'échelle nationale pour une seconde quinzaine d'août. L'étude de cet indicateur, défini comme la moyenne des températures quotidiennes sur un panel de 30 stations météorologiques de Météo-France, montre le caractère inédit de cette canicule. Depuis sa création en 1947, l'IT n'avait jamais atteint de tels niveaux à cette période de l'année.

Lors de cette vague de chaleur, 245 records absolus et 280 records mensuels ont été battus, selon Météociel. Ce site permet de suivre les prévisions et les phénomènes météorologiques en temps réel.

Nombre de ces records ont surpassé ceux qui venaient d'être établis lors de journées précédentes. Cela a par exemple été le cas de Vinsobres, village de 1 025 habitants situé dans la Drôme. Il a battu trois fois son record absolu en seulement quatre jours, pour finalement s'établir le 23 août à 43°C. L'ancien pic datait du 1er août 2020 (40,8°C).

2Des températures mondiales historiquement élevées

Au-delà de ces vagues de chaleur locales, la température moyenne de la planète a atteint des niveaux historiques. Selon les relevés de l'agence européenne Copernicus, avec 16,95°C, la température moyenne relevée à travers le globe en juillet a été la plus haute, tous mois confondus, depuis le début des mesures en 1940. "On estime que le mois a été environ 1,5 °C plus chaud que la moyenne de 1850-1900", a ajouté l'Organisation météorologique mondiale (OMM), rattachée à l'ONU, dans un communiqué publié le 8 août.

Les données de l'Agence américaine d'observation océanique et atmosphérique (NOAA), représentées dans le graphique ci-dessous, montrent que la température moyenne en 2023 se détache très clairement par rapport aux années précédentes.

3En Grèce, "le plus grand incendie jamais enregistré dans l'Union européenne"

Il s'est déclaré au nord-est de la Grèce le 19 août et a déjà brûlé plus de 81 000 hectares, notamment dans le parc national de Dadia, selon Copernicus. Ce feu est "le plus grand jamais enregistré dans l'Union européenne", a déclaré Balazs Ujvari, un porte-parole de la Commission européenne. Plus précisément, il s'agit du plus gros incendie de forêt d'un seul tenant depuis 2008, explique Copernicus.

La superficie brûlée correspond à la taille d'une ville comme New York (77 820 hectares). Plus d'un tiers de la forêt de Dadia a été ravagé, selon le journal grec Ta Nea.

De manière générale, la superficie cumulée brûlée en Grèce depuis le début de l'année est en hausse de +270% par rapport à la superficie moyenne de référence (2002-2022), explique Ta Nea, rapportant des analyses d'instituts grecs. Il s'agit du pays méditerranéen qui enregistre la plus forte augmentation. Au total, plus de 166 000 hectares étaient partis en fumée au 26 août sur l'ensemble du territoire, selon le système européen d'information sur les feux de forêt (Effis) de Copernicus. 

Selon la Commission européenne, citée par l'AFP, 11 avions, un hélicoptère et plus de 400 pompiers de la flotte européenne ont été envoyés pour aider la Grèce. C'est la moitié des moyens aériens européens communs. 

4Au Canada, des mégafeux incontrôlables

De l'autre côté de la planète, le Canada a aussi vécu un été terrible sur le front des incendies. Les mégafeux de forêt qui ravagent le pays depuis mai ont brûlé 15,6 millions d'hectares, soit l'équivalent du territoire de la Grèce. Depuis le début de l'année, 6 049 départs d'incendies ont été recensés par le Centre interservices des feux de forêt du Canada (CIFFC), dont 1 063 toujours actifs. Parmi eux, 695 étaient toujours hors de contrôle le 31 août. Beaucoup se sont déclenchés dans des parcs difficilement accessibles. 

Ces départs de feux ont été favorisés par un hiver particulièrement court et un printemps sec et venteux accompagné d'orages violents, a expliqué à franceinfo Maxence Martin, professeur en écologie forestière au Québec. Des territoires habituellement épargnés ont été touchés. C'est le cas de la Nouvelle-Ecosse, une province située à l'extrémité est du Canada. En 2023, 24 819 hectares y sont partis en fumée, soit 33 fois plus que la moyenne sur dix ans.

Ces milliers de feux de forêt historiques ont émis, à eux seuls, l'équivalent de plus d'un milliard de tonnes de dioxyde de carbone, du jamais-vu, ont estimé les autorités canadiennes le 11 août. Cela correspond pratiquement aux émissions annuelles du Japon, cinquième plus gros pollueur mondial, rappelle l'AFP.

Du côté des Etats-Unis, c'est Hawaï qui symbolise les ravages de l'été 2023. Portés par des vents violents, des incendies sur l’île de Maui ont quasiment détruit début août la ville touristique de Lahaina. Le 26 août, le bilan faisait état de 115 morts et de 388 disparus. C'est l'une des pires catastrophes naturelles de l'histoire de l'archipel. Selon une étude publiée le 30 août dans la revue Nature et réalisée par le Breakthrough Institute, basé en Californie, le réchauffement causé par l'homme a augmenté la fréquence des feux de forêt extrêmes de 25% en moyenne par rapport à l'ère préindustrielle.

5Les mers et les océans du monde entier en surchauffe

Les mers et les océans n'ont pas été épargnés. Des températures moyennes mondiales anormalement élevées ont été enregistrées dès le mois d'avril à la surface de l'eau. Cette tendance s'est accentuée au cours de l'été, jusqu'à un record absolu enregistré le 21 août avec une température de 21,1°C en moyenne, selon les calculs de la plateforme américaine Climate Reanalyzer, mise au point par l'université du Maine. Sur la période 1982-2011, la moyenne la plus haute atteignait à 20,29°C, soit 0,81°C degré de moins.

Des vagues de chaleur marine se sont ainsi développées au sud du Groenland, dans la mer du Labrador, dans le bassin des Caraïbes, dans la mer Méditerranée, mais aussi dans la partie nord de l'océan Atlantique. Ces anomalies représentent un risque majeur pour les espèces qui vivent à la surface de l'eau.

6L'étendue de la banquise en Antarctique n'a jamais été aussi faible pour un mois d'août

La banquise en Antarctique a connu une fonte historique en février. La glace a alors atteint son étendue la plus faible depuis 45 ans, date du début des mesures par satellite, d'après l'observatoire européen Copernicus. Entre juin et d'août, période qui correspond à l'hiver dans l'hémisphère Sud, la banquise n'a pas réussi à se reconstituer. Au 26 août, son étendue s'élevait à seulement 16,17 millions de km2, selon Climate Reanalyzer, contre 18,54 millions de km2 pour la moyenne de référence calculée par franceinfo.

Cette évolution a notamment eu de graves conséquences sur la reproduction des manchots empereurs. Sur cinq colonies surveillées dans la région de la mer de Bellingshausen, à l'ouest de l'Antarctique, toutes sauf une ont subi une perte "catastrophique" de 100% de poussins. Ces derniers se sont noyés ou sont morts de froid, lorsque la glace a cédé sous leurs minuscules pattes, rapportent des chercheurs dans la revue Communications : Earth & Environment.

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