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Procès des attentats de janvier 2015 : retour sur les 11 moments marquants d’une audience historique

Article rédigé par Catherine Fournier, Violaine Jaussent
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 16 min
La salle d'audience du procès des attentats de janvier 2015, à l'ouverture des débats, le 2 septembre 2020. (ELISABETH DE POURQUERY / FRANCEINFO)

Ce procès fleuve, interrompu pendant plusieurs semaines à cause de l’épidémie de Covid-19 et marqué par trois attentats terroristes en parallèle, s'est achevé mercredi avec le verdict. Franceinfo revient sur ces quatre mois mouvementés.

"Ce procès a été épique, tragique, mouvementé, parfois romanesque... Il a déclenché la fureur du monde, de la Turquie au Pakistan en passant par l'Afghanistan." Les mots de Richard Malka, l’avocat de Charlie Hebdo, lors de sa plaidoirie résonnent encore alors que le procès des attentats de janvier 2015 s'est achevé mercredi 16 décembre. Un mois plus tard que prévu. Les 14 accusés ont été condamnés à des peines allant de quatre ans de prison à la réclusion à perpétuité.

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De suspension en suspension, l’épidémie de Covid-19 est venue perturber le cours de cette audience historique. Comme les trois attentats commis sur le sol français depuis son ouverture (attaque près des anciens locaux de Charlie Hebdo, assassinat de Samuel Paty, attentat de la basilique Notre-Dame à Nice), le 2 septembre. Franceinfo revient sur ces quatre mois de procès en détaillant onze moments forts de ce rendez-vous judiciaire hors normes, au travers de déclarations ou de témoignages marquants.

1Beryl Brown, avocate de la défense : "Vous allez juger des hommes dont vous ne voyez pas le visage"

L'accusé Ali Riza Polat, le 26 octobre 2020, devant la cour d'assises spéciale de Paris. (ELISABETH DE POURQUERY / FRANCEINFO)

Le procès s’ouvre en pleine pandémie mondiale. Le débat autour du port du masque parasite le début de l’audience. Alors qu’il est obligatoire dans tous les lieux clos qui accueillent du public, les avocats demandent à pouvoir l’ôter quand ils parlent au micro. Idem pour leurs clients. "Vous allez juger des hommes dont vous ne voyez pas le visage. Les règles sanitaires sont contraires aux droits de la défense", plaide Beryl Brown, avocate du Belge Michel Catino. L’Agence régionale de santé est consultée, mais rejette la requête : le port du masque sera porté par tous, en permanence.

Un contexte gravé dans le marbre, puisque, fait historique, l’intégralité des débats est filmée. Les images de ce procès seront versées aux archives nationales pendant cinquante ans avant d'être libres de diffusion. "Ironie de l'histoire : les accusés sont masqués, la justice est masquée. Je ne sais pas quelle trace cela donnera dans cinquante ans, dans une autre période de l'humanité", souligne Isabelle Coutant-Peyre, avocate d’Ali Riza Polat, l’un des principaux accusés.

2Coco, dessinatrice de "Charlie Hebdo" : "Ils m'ont dit 'On veut Charlie Hebdo, on veut Charb'"

La dessinatrice Coco, le 8 septembre 2020, lors de son audition au procès des attentats de janvier 2015. (ELISABETH DE POURQUERY / FRANCEINFO)

Elle est la première de Charlie Hebdo à avoir croisé les frères Kouachi, ce mercredi 7 janvier 2015, en bas de l’immeuble du 10 rue Nicolas-Appert. "Ils m'ont appelée 'Coco Coco', j'ai été surprise, ça a été d'une fulgurance dingue." Petite veste vert bouteille, cheveux bruns relevés en chignon assortis à son masque noir, la dessinatrice Corinne Rey, dite Coco, livre un témoignage bouleversant au cinquième jour du procès.

La cour d'assises monte avec elle, dans les escaliers qui mènent à la rédaction. "Ils m'ont dit 'on veut Charlie Hebdo, on veut Charb'." Dans une "détresse absolue", la dessinatrice se trompe d'étage. "Pensant que cela me serait fatal, je me suis mise comme ça." Elle s'accroupit dans la salle d'audience, les mains sur la tête. "Je disais 'pardon, pardon'. J'ai pensé mourir exécutée ici." Coco finit par trouver le bon étage et compose le code permettant l'accès à la salle de rédaction. Elle assiste à la tuerie depuis un bureau sous lequel elle s’est réfugiée. "C'est le talent qu'on a assassiné ce jour-là, c'étaient des modèles pour moi, des gens d'une extrême gentillesse, qui avaient un vrai regard sur le monde", pleure-t-elle à la barre.

Le lendemain, Simon Fieschi, tient à témoigner debout, sa béquille posée à côté de la barre. Cet ancien webmaster de 36 ans, fait partie de ceux qui ont été grièvement blessés dans l’attentat de Charlie Hebdo, au même titre que Riss, Philippe Lançon – qui n'est pas venu témoigner – et Fabrice Nicolino. Ce sont les rescapés de la tuerie. "Rescapés, cela suppose qu'on a réchappé à quelque chose, corrige-t-il. Aucun de ceux qui étaient là ce jour-là, qu'ils soient vivants ou morts, blessés physiquement ou pas, n'a échappé à ce qu’il s'est passé." Simon Fieschi préfère le terme de "survivant". "La victime a des droits. En tant que survivant, on a des devoirs : le devoir de témoigner de ce que font des armes de guerre, de ce que cette balle a fait", lâche-t-il, avant de lister les séquelles provoquées par la balle qui s'est logée dans son cou et a touché la colonne vertébrale, avant de ressortir par l'omoplate.

3Sigolène Vinson, ex-chroniqueuse à "Charlie Hebdo" : "Longtemps, j'ai vu Hayat Boumeddiene me tirer un carreau d'arbalète dans le front"

Sigolène Vinson lors de son témoignage au procès des attentats de janvier 2015, le 8 septembre 2020. (ELISABETH DE POURQUERY / FRANCEINFO)

Ces survivants, qu'ils portent des cicatrices visibles ou psychiques, qu'ils soient membres ou non de la rédaction de Charlie, sont entendus pendant deux jours, les 8 et 9 septembre. Ils souffrent tous d’un stress post-traumatique, ravivé par le procès. Parmi eux, Sigolène Vinson. Cette ancienne avocate, chroniqueuse à Charlie Hebdo depuis 2012, a été épargnée par Chérif Kouachi parce qu'elle est une femme. Elle raconte, à la fois poétique et crue : "Il y avait des éclats d'os partout qui brillaient et de la matière que j'ai identifiée comme de la cervelle, qui, quelques instants avant, créait de l'intelligence et de l'humanisme. Et tout ça, c'était par terre."

Cette femme de 46 ans aux longs cheveux châtains et au look d'adolescente vit aujourd'hui près de la mer, dans le Sud. Malgré l'éloignement de la capitale et du massacre, certains réflexes persistent : "Dans les bars, je mets toujours un coup de pied sous la banquette pour voir si elle est creuse et si je peux me cacher." Les cauchemars habitent toujours ses nuits. "Longtemps, j'ai vu Hayat Boumeddiene me tirer un carreau d'arbalète dans le front. Car si un homme ne peut pas tuer une femme, une femme peut tuer une femme." Sigolène Vinson montre à la cour son tatouage. "C'est ma cicatrice, je pensais que ça allait partir de la tête pour aller dans l'avant-bras. Cela représente Moby Dick et il y a douze personnes dans la barque. Le policier Ahmed Merabet [abattu sur le boulevard Richard-Lenoir] et Frédéric Boisseau [responsable de maintenance pour Sodexo, il se trouvait dans le hall de l'immeuble de Charlie Hebdo pour y effectuer des travaux quand il a été tué] font partie de mon chagrin."

4Nezar Mickaël Pastor Alwatik, accusé : "Je ne pensais pas que j'allais rire, sourire, pendant ce procès, mais ça a été le cas"

Nezar Mickaël Pastor Alwatik (à gauche), au procès des attentats de janvier 2015, le 9 octobre 2020. (ELISABETH DE POURQUERY / FRANCEINFO)

C’est un de ces moments d’audience qui prennent la salle par surprise, surtout dans un procès aussi lourd. Le 10 septembre, des proches des victimes du journal s'attachent à faire revivre les disparus et "l'esprit Charlie" qui les animait avant l'attentat. L'humour arrive en haut du podium. Des caricatures de Charb sont projetées sur grand écran. Tout le monde en prend pour son grade, les religions comme les partis politiques. La salle se détend, rit. Le dessin d’une femme en burqa avec les fesses à l'air fait même pouffer certains accusés sous leur masque.

"Je ne pensais pas que j'allais rire, sourire, pendant ce procès, mais ça a été le cas", glisse un peu plus tard l’un d’entre eux, Nezar Mickaël Pastor Alwatik. "Ce journal, je ne l'ai jamais lu", souligne depuis le box un autre accusé, Amar Ramdani, qui se souvient seulement de Cabu dans le "Club Dorothée". C’est l’une des particularités de ce procès : la majorité des accusés ne connaissaient pas les frères Kouachi, mais seulement Amedy Coulibaly, le terroriste de Montrouge et de l'Hyper Cacher.

5Laurent J., rescapé de l’attentat de Montrouge : "J’ai regardé le canon et après je l’ai regardé dans les yeux, je me suis dit que c’était fini"

"La manche gauche d'Amedy Coulibaly me touchait, il était juste là." Laurent J., chef d’équipe au service propreté de la ville de Montrouge, raconte devant la cour d’assises comment il a tenté de désarmer le terroriste ce 8 janvier 2015. Sans réfléchir, "dans un état de haine", il fonce sur lui. "J’ai la main gauche accrochée au canon, la droite sur la crosse, le gars est balaise, je me retrouve à genoux avec la 'kalach' dans ma main, je me dis : 'Si tu lâches, t’es mort'. C’est là qu’il a prononcé une seule phrase : 'Tu veux jouer, tu vas crever'." 

Laurent J. prend un coup sur la tête, lâche l'arme et voit le terroriste prendre un pistolet dans sa poche. "J’ai regardé le canon et après je l’ai regardé dans les yeux. Je me suis dit que c’était fini." Mais l'arme d’Amedy Coulibaly s'enraye. "Ça a duré une ou deux secondes, il a fait demi-tour et il est parti en courant. Là, j’ai vu Clarissa [Jean-Philippe]", la policière municipale de 26 ans tuée par Amedy Coulibaly. Selon lui, la cible initiale du terroriste était l'école juive à proximité. "L’horaire correspondait, la direction dans laquelle il descendait, aussi. On ne peut pas venir dans un quartier comme ça, surarmé, en se disant : 'Je verrai sur place'. Ce qu’il a fait le lendemain [l'attaque de l'Hyper Cacher], c’est une preuve de plus."

6Zarie Sibony, ex-caissière de l’Hyper Cacher : "Nous étions confinés avec les corps, l'odeur du sang qui a coagulé, les balles"

Quatre heures et quatre minutes d'épouvante, entre le moment où Amedy Coulibaly pénètre dans le magasin, à 13h05, et l'instant où l'assaut est donné, à 17h09. Pendant deux jours, la cour d'assises spéciale se replonge dans la prise d'otages à l'Hyper Cacher du 9 janvier 2015. Elle déroule le film de cette journée meurtrière, minute par minute, en accéléré puis au ralenti, à travers l'audition d'un enquêteur, la diffusion d'images, la lecture de PV et le témoignage de rescapés. La première phase de la prise d'otages est d'une violence et d'une rapidité inouïes. "En un quart d'heure, il a tué quatre personnes", résume Christian Deau, ex-chef de la section antiterroriste de la brigade criminelle.

La seconde phase est beaucoup plus longue pour les otages qui restent enfermés avec le terroriste. Quatre heures de chuchotements. "Nous étions confinés avec les corps, l'odeur du sang qui a coagulé, les balles. Il nous a demandé à chacun notre prénom, nom, âge, profession et religion", frissonne Zarie Sibony, l’ancienne caissière du magasin. "Pourquoi cette méchanceté gratuite, cette haine du juif ? Je n'arrive toujours pas à l'expliquer", témoigne le père de l'une des victimes, Yohan Cohen. Amedy Coulibaly est finalement tué lors de l’assaut, donné quelques minutes après la "neutralisation" des frères Kouachi à Dammartin-en-Goële.

7Peter Cherif, jihadiste : "On m'a forcé à venir ici pour une affaire avec laquelle je n'ai rien à voir, je ne répondrai à aucune question"

Peter Cherif en visioconférence devant la cour d'assises spéciale de Paris, au procès des attentats de janvier 2015, le 23 octobre 2020.  (ELISABETH DE POURQUERY / FRANCEINFO)

Il est le grand absent de ce procès, celui que tout le monde souhaite entendre. Le jihadiste Peter Cherif apparaît enfin sur l’écran de visioconférence de la cour d'assises spéciale de Paris, vendredi 23 octobre. Ce Français de 38 ans proche des frères Kouachi, et soupçonné d'être le commanditaire de l'attentat de Charlie Hebdo, a été arrêté trop tardivement – en décembre 2018 à Djibouti – pour être jugé dans le box aux côtés des autres accusés.

Mais depuis la prison de Fresnes, il oppose un silence pesant aux questions de la cour. Après des propos d’ordre religieux, il lâche : "On m'a forcé à venir ici pour une affaire avec laquelle je n'ai rien à voir, je ne répondrai à aucune question." Le président de la cour et plusieurs avocats des parties civiles ont beau insister, Peter Chérif ne pipe mot. Mis en examen dans un volet disjoint, il pourrait être amené à s’exprimer lors d’un prochain procès.

8Antoine Comte, avocat des parties civiles : "Votre procès ne peut rester dans la mémoire de l’histoire comme le cercueil d’un certain nombre de droits"

La cour d'assises spéciale de Paris, le 24 septembre 2020. (ELISABETH DE POURQUERY / FRANCEINFO)

Nous sommes le lundi 23 novembre et le procès est suspendu depuis près d’un mois. Ce que tout le monde redoutait depuis le début est arrivé : Ali Riza Polat, le principal accusé présent dans le box, a été diagnostiqué positif au Covid-19, juste après son interrogatoire houleux. S’il n’a pas été hospitalisé, il souffre toujours d’une toux et de vomissements. Afin de pouvoir poursuivre les plaidoiries des parties civiles sans la présence de l’intéressé, le président de la cour envisage d’avoir recours à l’ordonnance du ministère de la Justice, qui autorise la visioconférence lors des procès d’assises, après la clôture des débats, le temps de la crise sanitaire. Mais l’opposition des avocats à cette mesure jugée inhumaine est unanime.

"Si vous décidiez d'utiliser ce texte [l’ordonnance de la Chancellerie], qui est du ressort de la dictature, ça veut dire que ça n'est pas seulement la défense, c'est l'ensemble des citoyens qui ne croiraient plus du tout dans le système judiciaire", lance Isabelle Coutant-Peyre, l'avocate d'Ali Riza Polat. "Votre procès doit être historique, mais il ne peut rester dans la mémoire de l'histoire comme le cercueil d'un certain nombre de droits", s'emporte de son côté Antoine Comte, avocat des parties civiles. "Jamais, en cour d'assises, nous n'avions envisagé d'avoir recours à la visioconférence !", abonde Me Christian Saint-Palais côté défense. Il s’adresse à l’avocat général : "Je n'aime pas ce regard que vous portez sur ces accusés comme s'ils étaient inertes. (...) Vous voudriez qu'il dégueule dans son seau pour ne pas vous déranger pendant que vous requerrez !" Le président de la cour d'assises spéciale ordonne finalement la suspension du procès jusqu'au lundi 30 novembre.

9Richard Malka, avocat de "Charlie Hebdo" : "On ne peut pas renoncer à la libre critique des religions, ce serait renoncer à ce droit si merveilleux d'emmerder Dieu"

Il est le dernier à plaider pour les parties civiles. Me Richard Malka, l’avocat historique de Charlie Hebdo, se lève ce vendredi 4 décembre après-midi, après ses consœurs Me Marie-Laure Barré et Me Nathalie Senyk. "Les caricatures ne sont pas coupables. Ce qui est coupable, c'est la barbarie, et rien d'autre", lance-t-il face à la cour d'assises spéciale de Paris. Dans ce plaidoyer pour l'impertinence et l'esprit de liberté, il poursuit : "On ne peut pas renoncer à la libre critique des religions. Ce serait renoncer à notre histoire, à la raison. Ce serait renoncer à l'indomptable liberté humaine, renoncer à ce droit si merveilleux d'emmerder Dieu !"

"Je ne me prononcerai pas sur la culpabilité des hommes qui sont derrière ce box. Mais pour moi, ceux d'entre eux qui ont connu Coulibaly ont tous commis un crime, qui n'est nulle part dans le Code pénal : un crime d'indifférence, de complaisance", déplore Me Richard Malka.

"En dépit de cet attentat, ce journal reste l’empêcheur de tourner en rond de cette société qui a abandonné le rire. On ne peut pas tuer une idée. Vous ne pourrez rien faire car Charlie est devenu une idée", conclut l’avocat.

10Julie Holveck, avocate générale : "Une victime voudrait qu'on juge les faits tels qu'elle les a vécus dans sa chair, mais nous jugeons des hommes"

Les avocats généraux Julie Holveck et Jean-Michel Bourlès lors d'une audience au procès des attentats de janvier 2015, à la cour d'assises spéciale de Paris. (ELISABETH DE POURQUERY / FRANCEINFO)

Le procès touche à sa fin, c’est l’heure du réquisitoire, avant les plaidoiries de la défense. Fait rare, l’avocate générale Julie Holveck exprime sa propre émotion en préambule. "Il y a des procès, plus que d'autres, qui font trembler la voix, qui font que le cœur se serre, des témoignages qui nous font écraser des larmes derrière un masque." La magistrate du parquet national antiterroriste était de permanence ce matin du 7 janvier 2015. Dépêchée sur place, elle se souvient de ce "kaléidoscope fou", de "ces scènes terribles, cet amoncellement des corps dans cette salle de rédaction si petite", "cette odeur de sang mêlée" à celle de la "poudre". Mais "de l'horreur de ces faits, on doit s'en extraire" lorsque "nous revêtons cette robe de magistrat, ajoute la représentante du ministère public. Une victime voudrait qu'on juge les faits tels qu'elle les a vécus dans sa chair, mais nous jugeons des hommes."

Malgré cet avertissement, les réquisitions prises avec son confrère Jean-Michel Bourlès sont sévères. A l’exception de l’accusé Mohamed-Amine Fares, pour lequel ils demandent le retrait de la qualification terroriste, et de Christophe Raumel, poursuivi pour simple association de malfaiteurs, les deux magistrats demandent des peines très lourdes, de 15 ans de réclusion à la perpétuité, assorties à chaque fois d’une période de sûreté.

11Isabelle Coutant-Peyre, avocate de la défense : "Les commanditaires, c'est le cosmos"

L'avocate d'Ali Rizat Polat, Isabelle Coutant-Peyre, le 23 octobre 2020 au procès des attentats de janvier 2015, à Paris. (ELISABETH DE POURQUERY / FRANCEINFO)

Ses saillies dans la salle d’audience ont souvent fait grincer des dents. Isabelle Coutant-Peyre, disciple de Jacques Vergès et connue pour avoir défendu et épousé religieusement le terroriste Carlos, est la première à plaider pour la défense, juste après le réquisitoire qui a réclamé la perpétuité pour son client. Pour la célèbre pénaliste, la complicité d’Ali Riza Polat dans ce dossier "a été tirée au sort" à la fin d'une instruction "à trous". Premier "trou noir" : les armes. L'enquête l'a établi : "Toutes les armes détenues par Amedy Coulibaly ont été fournies par monsieur Claude Hermant", un trafiquant d'armes lillois, indic à ses heures et figure de l'extrême droite locale. L'homme a été jugé et condamné à Lille en correctionnelle. "On nous dit : 'Circulez, y a rien à voir, c'est jugé.' C'est un scandale", s'offusque l’avocate, estimant que rien ne prouve non plus qu'Ali Riza Polat ait servi d'intermédiaire.

Second "trou noir" : les commanditaires des attentats. "C'est le cosmos. Quand on les trouvera, on fera un procès et les gens qui auront été condamnés entre-temps, on se dira que c'est une erreur judiciaire." Quand elle cite "l'affaire Dreyfus", les avocats des parties civiles quittent la salle. Ignorant les mouvements dans son dos, elle enjoint les magistrats de la cour d'assises spéciale qui lui font face : "Prenez les responsabilités que l'Etat n'a pas prises, à savoir une bonne justice."

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