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Trump, Bolsonaro, Johnson : ces dirigeants rattrapés par la crise du coronavirus... et les autres

Aveugle, le coronavirus a frappé riches et pauvres sur la quasi-totalité du globe, même là où certains juraient, avec plus ou moins de bonne foi, qu'il n'arriverait pas. Las. À l'heure prochaine du bilan, deux types d'attitudes gouvernementales se sont distinguées, radicalement opposées.

Article rédigé par franceinfo, Ludovic Pauchant
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 7min
Le président brésilien Jair Bolsonaro, à Brasilia, le 20 mars 2020. (SERGIO LIMA / AFP)

Depuis le début de la pandémie de coronavirus et jusqu'à ses presque 560 000 décès recensés dans le monde mi-juillet, c'est peu dire que les discours et les doctrines ont fluctué, rebondissant parfois sur la science, sur la foi, le déni, voire carrément le mensonge, si l'on considère par exemple la position campée par le despote turkmène Gourbangouly Berdymoukhammedov, qui a purement et simplement interdit l'utilisation du mot coronavirus. Là-bas, comme en Corée du Nord, il n'y a officiellement aucun cas de contamination, ni de mort lié au virus, qui semble craindre les dictatures...

Certains ont minimisé le risque... avant de se raviser

Ailleurs, dans le monde bien réel où l'information et le citoyen circulent relativement librement, il frappe à l'aveugle et la réalité galope derrière ceux qui s'en méfiait. A l'instar de Donald Trump, le président américain, qui, évoquant une "vaste blague", assurait mordicus que le virus disparaîtrait "comme par miracle". En vain : les États-Unis continuent d’enregistrer près de 60 000 nouveaux cas quotidiens, les hospitalisations ont doublé depuis début juin pour retrouver leur niveau de mai. Les décès, eux, ont augmenté de 70% en une semaine. Mardi, le président américain apparaissait masqué pour la toute première fois depuis le début de l'épidémie.

Celui que certains désignent comme son double tropical, le président brésilien Jair Bolsonaro, avait, lui aussi, décrit un "fantasme" et une ''petite grippe'', pour justifier son opposition farouche à des mesures de confinement. Testé lui aussi positif au coronavirus, Jair Bolsonaro continue à critiquer les mesures d’isolement mises en place par les gouverneurs locaux et déclarait la semaine dernière sur son compte Facebook avoir commencé à prendre chaque jour un comprimé d'hydroxychloroquine, sur laquelle il mise pour enrayer l'épidémie. Le Brésil, lui, a passé le cap des 71 000 morts et plus d'1,7 million de contaminations confirmées, selon les données officielles.

Le président mexicain Andres Manuel Lopez Obrador et le général Luis Cresencio Sandoval Gonzalez, secrétaire à la défense nationale  lors de la visite à l'hôpital militaire de Temamatla pour les patients atteints de coronavirus, à Temamatla, au Mexique, le 3 avril 2020. (- / MEXICAN PRESIDENCY)

Coincé entre les deux géants, le Mexicain Lopéz Obrador, figure de la gauche mexicaine et adepte des bains de foules, n’a pris que tardivement conscience de la menace, soucieux avant tout de maintenir l'activité économique. Alors que les autorités accélèrent le déconfinement, pourtant critiqué par de nombreuses voix dans le pays, dimanche dernier, le Mexique est devenu le quatrième pays comptant le plus de morts du Covid-19, avec, selon les autorités sanitaires 299 750 cas de contamination confirmés et 35 006 décès.

Sur le Vieux-Continent, au Royaume-Uni, parmi les rescapés du Covid-19, le premier des sujets de Sa Majesté, le Premier ministre Boris Johnson, d'abord sceptique sur l'utilité d'un confinement et partisan d'une ''immunité collective'' qui aurait protégé ses concitoyens. Sorti de plusieurs jours de soins intensifs après avoir contracté le Covid et tardé à ordonner un confinement relatif, Boris Johnson, qui se vantait de serrer la main des malades et de prendre des vacances l’épidémie s 'invitait en Europe, concède aujourd'hui être favorable au port du masque obligatoire dans les endroits clos comme les magasins ou les transports. À cette date, le pays compte plus de 290 133 cas de contamination et 44 830 morts recensés.

D'autres ont pris à temps la mesure de l'épidémie... et leurs responsabilités

À chaque tableau d'horreur son tableau d'honneur. Sur ce dernier figurera sans nul doute la Belge Sophie Wilmès, inconnue de 45 ans propulsée Première ministre de la Belgique faute de candidat, qui, parmi les premiers, a assumé et communiqué sur la difficulté particulière de la crise sanitaire et imposé avec pragmatisme un confinement, suivi d'un déconfinement très progressif. Dans le peloton de tête, le Premier ministre italien, Guiseppe Conte, qui a su démontrer, alors que son pays était frappé de plein fouet par le virus, à communiquer à chaque étape de la pandémie, à emporter l'adhésion de ses concitoyens et s'imposer face à des partenaires européens plutôt rétifs à la solidarité quand l'économie italienne plongeait dans l'abîme.

Un peu plus au sud, le Premier ministre grec pourra, lui aussi, se féliciter d'avoir su prendre les devants : à l’image de l’Autriche, le gouvernement du conservateur Kyriakos Mitsotakis grec a ainsi imposé des mesures sévères dès l’apparition des premiers cas dans le pays, avec, en sus, interdictions de se rassembler, annulation des événements culturels et fermeture des écoles.

La Première ministre néo-zélandaise Jacinda Ardern et le ministre des Finances Grant Robertson  arrivent pour participer à une conférence de presse un jour avant que le pays ne soit mis en quarantaine, au Parlement de Wellington le 24 mars 2020.  (MARTY MELVILLE / AFP)

Du côté de la radicalité, la méthode néo-zélandaise, incarnée par la très charismatique Première ministre du pays, Jacinda Ardern, semble avoir porté ses fruits, et on ne compte quasiment plus aucune contamination sur cet archipel de cinq millions d’habitants. Dès le 26 mars, un confinement drastique a été appliqué, probablement le plus strict des pays dits ''occidentaux'' : plages, écoles, restaurants, bureaux, bars ont été fermés. La vente de plat à emporter interdite. Les visiteurs fraîchement arrivés de l'étranger placés en quarantaine, les tests généralisés, et le traçage numérique organisé avec méthode.

Merkel et Costa gardent le cap et reconfinent partiellement

Plus près de nos frontières, les Portugais ont eux pu compter sur leur Premier ministre, Antonio Costa, au pouvoir depuis cinq ans, qui a pris très tôt la décision de fermer les écoles, en négociant habilement avec son opposition au nom de l'union nationale. Il faut dire que la situation de l'Espagne, limitrophe, ne faisait aucun envieux... Le gouvernement Costa a annoncé le 26 juin un reconfinement à partir du 1er juillet des habitants de 19 quartiers de la banlieue nord de Lisbonne où persistent des foyers de contagion.

Un effort semblable à celui réalisé outre-Rhin : l’Allemagne a annoncé lundi le déconfinement d’un des deux cantons de l’Ouest du pays où des restrictions avaient été réintroduites après l’apparition d’un important foyer de contamination du nouveau coronavirus. La méthode semble payer : la chancelière Angela Merkel, qui a elle aussi contracté le coronavirus, connaît un regain de popularité depuis le début de l'épidémie auprès des Allemands, satisfaits de sa bonne gestion de la crise, dans un pays où le taux de mortalité est inférieur à ses voisins européens.

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