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Coronavirus : la Corée du Nord affirme n'avoir aucun cas mais demande de l'aide

C'est l’un des très rares pays au monde à prétendre n’avoir aucun cas de coronavirus. Mais ce n’est pas très crédible, d’autant que la dictature au pouvoir vient, discrètement, de demander une assistance internationale.

Article rédigé par franceinfo
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La Corée du Nord affirme qu'il n'y a aucun cas de coronavirus dans le pays mais le journal officiel du régime a reconnu l’existence de plus de 7 000 cas d'insuffisance respiratoire.
 (KIM WON JIN / AFP)

Zéro cas. C’est le bilan officiel établi par la dictature en place à Pyongyang. Si l’on en croit le régime, la Corée du Nord et ses 25 millions d’habitants est donc épargnée par le virus. Elle ferait partie des pays qui ne comptent aucun cas. Ils ne sont que six sur les 194 reconnus par les Nations Unies.

Un pays déjà coupé du reste du monde

A première vue, on peut se dire : peut-être est-ce vrai. Après tout, ce pays est sans doute le plus fermé de la planète. Il n’a quasiment aucun contact avec le monde extérieur. Dès le 22 janvier, la Corée du Nord a fermé sa frontière avec la Chine. La rentrée scolaire a été repoussée. Tous les étrangers présents sur le sol nord-coréen ont été placés en quarantaine.

Les rares images qui nous arrivent de Corée du Nord montrent la mise en place de mesures drastiques : port de masques dans les rues, prise de température dans les lieux publics, désinfection des trains de fret. Même les dirigeants apparaissent avec des masques, à l’exception bien sûr du leader Kim Jong Un, qui doit apparaître invincible. Mais tout ça fait un peu image d’Epinal. La réalité est sans doute tout autre.  

7 000 cas troublants d'insuffisance respiratoire

Ce qui met la puce à l’oreille, c’est donc l’envoi d’aide humanitaire à la Corée du Nord. A quoi bon demander de l’aide si on n’en a pas besoin ? La Corée du Nord, qui est visée par de fortes sanctions internationales en raison de son programme nucléaire, a demandé en février une dérogation à l’ONU pour obtenir de l’assistance, dérogation obtenue. L’Unicef et l’ONG Médecins sans frontières ont donc été autorisés à livrer des masques, des gants, des lunettes, des thermomètres et du gel hydroalcoolique. Et ce convoi, après avoir été bloqué en Chine, est finalement arrivé à Pyong Yang le 30 mars. Il y a quelques jours, la Russie avait elle aussi livré quelques 1 500 kits de protection. Une ONG Suisse avait fait de même.

En fait, plusieurs indices laissent penser que la Corée du Nord est touchée par le virus. Elle est quand même en proximité immédiate des deux foyers de départ que sont la Chine et la Corée du Sud. Et d’ailleurs, le journal officiel du régime a reconnu l’existence de plus de 7 000 cas d’insuffisance respiratoire, notamment dans la région située à côté de la frontière chinoise. Officiellement, ce n’est pas du coronavirus mais on peut en douter. Selon les sites spécialisés de Corée du Sud, des milliers de soldats ont également été placés en quarantaine. Le virus semble avoir circulé via la frontière avec la Chine.

Le risque de la famine

Et si le pays est touché, il n'a certainement pas les moyens de faire face. Comme toute dictature, le régime a les moyens de pratiquer le confinement, ça c’est sûr. Et le pays compte beaucoup de médecins, presque autant que la France en proportion du nombre d’habitants. Mais il y a deux écueils majeurs. D’abord, les infrastructures médicales sont pauvres : manque de lits, manque de ventilateurs, de systèmes de réanimation. Ensuite le risque c’est que la famine ravage le pays. Ces derniers jours, les denrées de base (le riz, l’huile, la farine) ont vu leur prix s’envoler. Et ce ne serait pas la première fois que le régime nord-coréen laisserait son peuple mourir de faim.  

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