Cet article date de plus de quatre ans.

Le Turkménistan, ce pays où le coronavirus n’existe pas

On fait tous les matins le point sur un pays ou une zone du monde, en période de pandémie. Ce matin, on se pose au Turkménistan, où les autorités ont décidé de bannir le coronavirus, à leur manière.

Article rédigé par franceinfo - Lucas Menget
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
Le président Gourbangouly Berdymoukhammedov, à Tokyo, le 22 octobre 2019. (CARL COURT / POOL)

Concentrons nous un moment pour retenir le nom du dirigeant du Turkménistan, ce pays d’Asie centrale coincé entre l’Afghanistan, l’Iran et l’Ouzbékistan : il s’appelle Gourbangouly Berdymoukhammedov. Il est au pouvoir depuis 2006, c’est un despote, réélu en 2017 avec 97% des voix… Et quoi de mieux, pour lutter contre une épidémie, que de la nier ? Et bien ce cher président a tout simplement décidé de faire comme si elle n’existait pas. D’après un rapport de Reporters sans frontières, se basant sur des sources indépendantes et rares dans le pays, le mot "coronavirus" a tout simplement été interdit !

Ni mot, ni masques

 Les médias n’ont ainsi pas le droit d’utiliser le mot coronavirus, sous peine d’amende. Les brochures de santé distribuées dans les hôpitaux ne peuvent pas le mentionner non plus. Et dans les rues, la police veille à ce que les gens n’emploient pas le mot interdit. Et, surtout, pas de masque, qui serait un signe que le virus a touché le pays. C’est un moyen, certes totalement coercitif, d’éviter la pandémie. Sans mot, sans nom, le mal n’existe pas. Le président, que la population est invitée à appeler "Le Père protecteur", estime qu’il n’y a pas de cas dans le pays et que le virus ne peut pas toucher la nation.

Les Turkmènes ont peur mais se taisent

Résumons : pas de cas, pas de nom. Le Turkménistan passerait donc à côté de la pandémie. Peut-être y a-t-il un léger décalage entre le discours et la réalité. Parce que malgré tout, les écoliers sont invités à ne pas aller en classe. Et que l’immense communauté turkmène résidant en Turquie, plus d’un million de personnes,  ne peut plus rentrer chez elle. Sans le clamer, les autorités du pays ont fermé les frontières, de peur d’importer le virus.  Mais à Achgabat, la capitale, on se contente d’une fumigation des lieux publics avec une plante traditionnelle, la harmala. Les Turkmènes, comme tous les habitants de la Terre, ont peur. Mais se taisent.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.