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Coronavirus : comment l'Allemagne, en plein déconfinement, gère-t-elle ses nouveaux foyers de contamination ?

L'institut allemand Robert Koch a estimé que le "taux de reproduction" du virus (le nombre de personnes contaminées par un individu malade) est passé en seulement quelques jours de 0,7 à 1,1. Un taux supérieur à la barre en dessous de laquelle l'épidémie est censée reculer.

Article rédigé par franceinfo
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Des personnes chargées de tester les employés d'une usine de transformation de viande à Hamm (Allemagne), le 10 mai 2020.  (INA FASSBENDER / AFP)

Des cafés et des restaurants qui rouvrent leurs portes dans la région du Mecklembourg, des groupes de personnes profitant du beau temps dans les parcs ou encore des écoles de nouveau ouvertes, et ce depuis plus d'une semaine dans certains Länder... Contrairement à la France, le déconfinement est déjà bien engagé outre-Rhin en ce début mai où nombre de magasins, lieux de cultes, musées ou encore zoos sont désormais ouverts au public. 

Un assouplissement des mesures mises en place par les autorités allemandes mais qui fait planer la menace d'une seconde vague de l'épidémie de Covid-19. Lundi, l'Institut Robert Koch pour les maladies infectieuses, référence sur le sujet, a fait état d'une accélération du nombre de contaminations au nouveau coronavirus. En 24 heures, 357 nouveaux cas et 22 morts liées à cette maladie ont été recensés, élevant les bilans totaux à 169 575 cas confirmés et 7 417 décès en Allemagne. Le "taux de reproduction" du virus, mesurant le nombre de personnes moyen à être infectées par une personne atteinte du Covid-19, est passé – en seulement quelques jours  de 0,7 à 1,1 dans le pays. Or, il doit être inférieur à 1 pour considérer que l'épidémie recule, selon les spécialistes. 

Pour l'institut Robert Koch, ces premières données sont toutefois trop récentes et limitées pour conclure à l'imminence d'une nouvelle vague épidémique. L'organisme de virologie appelle néanmoins à une surveillance "de très près dans les prochains jours" de ces chiffres. Les autorités locales et fédérales, de leur côté, commencent à prendre des mesures. 

Fermetures d'établissements et dépistages massifs

Les nouveaux "clusters" allemands sont, à ce stade, très localisés. De nouveaux foyers de contamination se sont notamment développés dans plusieurs abattoirs du pays. Dans le canton de Segeberg, à l'extrême nord de l'Allemagne, 109 cas ont été recensés dans un seul abattoir. Dimanche 10 mai, 205 cas de contamination ont à leur tour été recensés dans une usine de transformation de viande dans le canton de Coesfeld, dans le Land de Rhénanie-du-Nord-Westphalie. 

Une campagne de dépistage massif a été lancée dans ces abattoirs et usines après ces premiers cas. Elle a permis de tester 950 des 1 200 employés du site de Coesfeld, et de repérer lundi un troisième foyer dans la ville de Bochum, à environ 60 km de là. Pas moins de 22 salariés d'une usine de transformation de viande y ont été testés positifs au nouveau coronavirus, rapporte la radio allemande Deutsche Welle*.

Les installations concernées ont été fermées provisoirement. Les autorités sanitaires ont également inspecté les habitations communes des employés, souvent des travailleurs étrangers venus d'Europe de l'Est. Leurs logements, équipés de dortoirs, ont pu accélérer les contaminations. 

D'autres nouveaux cas sont apparus dans des établissements accueillant des personnes âgées. Comme dans le Land de Thuringe, le canton de Greiz a ainsi vu une hausse nette de nouveaux cas, comme le rapporte la BBC* qui dénombre 80 contaminations pour 100 000 habitants.

De nouvelles restrictions locales 

La chancelière allemande, Angela Merkel, et les dirigeants des 16 Länder se sont mis d'accord mercredi sur une mesure "d'arrêt d'urgence", rapporte Euractiv*. De nouvelles mesures de reconfinement – ou un report de mesures de déconfinement  pourront être décidées dans des territoires où le taux d'infection excède, pendant sept jours, 50 contaminations sur 100 000 habitants. La décision pourra être prise à une échelle très locale : au niveau d'une ville, d'un canton ou même d'un établissement tel qu'une maison de retraite. 

Si quelque chose intervient localement, nous n'attendrons pas que le virus se propage à travers le pays. Nous agirons localement.

Angela Merkel, lors d'une conférence de presse

C'est ainsi que le confinement est revenu à l'ordre du jour vendredi dans le canton de Coesfeld, après la découverte de son foyer d'infections au sein de son usine de transformation de viande. L'ouverture des restaurants ou des parcs d'attraction, mais aussi la fin des restrictions de contacts entre personnes, ont été répoussées au moins jusqu'au 18 mai. 

Dans le canton de Greiz, le gouvernement régional réfléchit aussi à un report des mesures de déconfinement. Tout en montrant ses réticences. "Pour être clairs : nous n'allons pas mettre tout le canton en quarantaine", a assuré sa dirigeante, Martina Schweinsburg. Même si deux villes, particulièrement touchées par cette résurgence du virus, pourraient néanmoins être reconfinées dans le courant de la semaine. 

* L'ensemble de ces liens sont en anglais.

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