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Présidentielle 2022 : abstention, reports de voix, électeurs indécis... On vous résume les enjeux du second tour

Article rédigé par franceinfo
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Un électeur dépose son bulletin de vote lors du premier tour de l'élection présidentielle à Paris, le 10 avril 2022. (FIORA GARENZI / HANS LUCAS)

Si Emmanuel Macron fait figure de favori dans les sondages face à Marine Le Pen, plusieurs facteurs pourraient influer sur les résultats du second tour du scrutin présidentiel.

Un duel plus serré qu'en 2017. C'est la prévision de nombreux instituts de sondage à deux jours du second tour de l'élection présidentielle, dimanche 24 avril, lors duquel le président sortant Emmanuel Macron affrontera de nouveau Marine Le Pen.

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Au sortir d'un premier tour inédit, qui a vu les partis historiques s'effondrer et un faible écart entre la candidate du Rassemblement national et Jean-Luc Mélenchon, de nouvelles tendances électorales semblent se dessiner en France. En attendant le jour J, franceinfo passe en revue les variables qui vont peser dans la balance du second tour.

Que disent les derniers sondages ?

Le président sortant capitalise de plus en plus dans les intentions de vote, à en croire les sondages parus dans la semaine. Avec un score de 57,5% contre 42,5% pour sa rivale, Emmanuel Macron voit même son avance s'accroître sur Marine Le Pen en vue du second tour de l'élection présidentielle, selon la dernière édition du baromètre quotidien d'Ipsos-Sopra Steria pour franceinfo et Le Parisien-Aujourd'hui en France, réalisée et publiée jeudi 21 avril, au lendemain du débat de l'entre-deux-tours. Selon notre baromètre, l'écart n'a fait que se creuser depuis le premier tour.

Attention toutefois à ne pas confondre sondage et prédiction, car il s'agit avant tout d'une photographie de l'opinion à un instant donné. Il faut aussi rappeler qu'un sondage implique toujours une marge d'erreur. Invité le 19 avril de la matinale de France Inter, le sondeur Brice Teinturier mettait en garde sur l'idée d'une élection jouée d'avance, en listant les conditions qui pourraient permettre à Marine Le Pen de renverser la vapeur.

Quelle sera l'abstention ?

Si l'abstention était une candidate, elle serait arrivée en tête au premier tour. En effet, un électeur sur quatre n'a pas voté le 10 avril. Avec 26,31% des inscrits abstentionnistes, elle a connu une hausse de 4 points par rapport au premier tour de 2017. Elle est plus marquée chez les électeurs les plus jeunes et dépasse 40% chez les 18-24 ans et les 25-34 ans. Elle chute en revanche en dessous de 15% chez les 60-69 ans, une classe d'âge qui a très largement voté pour Emmanuel Macron au premier tour, expliquait à franceinfo Mathieu Gallard, directeur d'études chez Ipsos. 

Depuis l'élection présidentielle de 1974, le second tour est traditionnellement marqué par une abstention en baisse par rapport au premier tour. A une exception près : le second tour de 2017, qui opposait déjà Marine Le Pen à Emmanuel Macron. "Beaucoup de gens ne se reconnaissaient pas", explique Céline Braconnier, professeure spécialiste des comportements électoraux. La répétition du scénario de 2017 et la frustration liée à un nouvel appel au vote "barrage" sont autant de facteurs qui pourraient faire progresser l'abstention, et ce au détriment d'Emmanuel Macron, avance la chercheuse.

Que vont faire les électeurs de Mélenchon ?

Avec 21,95% des suffrages récoltés au premier tour, soit 7 712 520 voix, le candidat de La France insoumise a talonné Marine Le Pen (23,15%). Tous les regards sont depuis braqués sur son électorat, en nombre suffisant pour marquer le second tour d'une façon ou d'une autre. Suivront-ils la consigne de leur candidat, qui a enjoint ses sympathisants à ne pas donner "une seule voix à madame Le Pen", sans toutefois appeler explicitement à voter pour Emmanuel Macron ?

Jean-Luc Mélenchon répète ses consignes de vote : "il ne faut pas donner une seule voix à Mme Le Pen"
Jean-Luc Mélenchon répète ses consignes de vote : "il ne faut pas donner une seule voix à Mme Le Pen" Jean-Luc Mélenchon répète ses consignes de vote : "il ne faut pas donner une seule voix à Mme Le Pen"

Pour répondre à cette question, La France insoumise a mené une consultation à laquelle 215 292 personnes ont participé. A une semaine du second tour, 37,65% des personnes interrogées ont répondu qu'elles voteront blanc ou nul, 33,40% se sont prononcées en faveur d'Emmanuel Macron et 28,96% ont dit préférer l'abstention.

>> "Je voterai sans illusion" : dix électeurs de Mélenchon expliquent leur choix pour le second tour

En ce qui concerne le reste des consignes de vote, elles penchent nettement en faveur d'Emmanuel Macron. Ainsi, Valérie Pécresse (LR), Yannick Jadot (EELV), Anne Hidalgo (PS) ont appelé à voter pour le président sortant. Plus nuancés, le communiste Fabien Roussel et l'anticapitaliste Philippe Poutou ont appelé à faire barrage contre l'extrême droite. Du côté de Jean Lassalle (Résistons!) et de Nathalie Arthaud (Lutte ouvrière), refus catégorique de donner des consignes de vote. Seuls Eric Zemmour et Nicolas Dupont-Aignan, qui ont récolté 9% des suffrages exprimés à eux deux, ont appelé à voter pour Marine Le Pen.

Le débat a-t-il aidé les indécis ?

Diffusé mercredi soir par France 2 et TF1, le débat télévisé entre les candidats finalistes n'a réuni que 15,6 millions de téléspectateurs. Un score en deçà de celui de 2017 pour un rendez-vous qui ne joue, souvent, qu'un rôle mineur dans la fabrique des opinions électorales. "Les convaincus sont rassurés et les adversaires sont confirmés", résume Franck Louvrier, ancien conseiller en communication de Nicolas Sarkozy. "Le débat de l'entre-deux-tours, bien qu'incontournable, n'a jamais été décisif. Il est toujours la confirmation d'une dynamique de campagne", souligne pour sa part l'historien Jean Garrigues.

Pour les électeurs de Jean-Luc Mélenchon, les lignes n'ont pas bougé. "Cela ne me conforte pas de voter Macron, explique à franceinfo un militant qui a regardé le débat à Alfortville. Mais cela me confirme qu'il ne faut surtout pas que Le Pen soit présidente..." Statu quo également pour bon nombre d'indécis, comme cet électeur mélenchoniste interrogé par France 2 à Marseille : "Je n'ai toujours pas fait mon choix, mais ce n'est pas le débat qui va m'éclairer là-dessus, ça va être de décider si je veux faire barrage à l'extrême droite ou pas."

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