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Covid-19 : sommes-nous "sur la bonne voie" pour un allégement des contraintes sanitaires, comme l’affirme Emmanuel Macron ?

Face à une embellie des indicateurs du suivi de l'épidémie, le président de la République promet de réfléchir à relâcher les restrictions, à commencer par l'application du pass sanitaire. Mais des incertitudes demeurent.

Article rédigé par franceinfo
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L'application #TousAntiCovid permet à chacun d'afficher son pass sanitaire.  (THIBAUT DURAND / HANS LUCAS / AFP)

Le pass sanitaire sera-t-il abandonné avant la date prévue, le 15 novembre ? En déplacement mercredi 15 septembre en Eure-et-Loir, Emmanuel Macron a laissé entendre qu'un allégement des contraintes sanitaires serait possible, le pays étant "sur la bonne voie" face à l'épidémie de Covid-19.

"Dès que les conditions sanitaires le permettront, et à mon avis, quand je vois les chiffres, ça ne devrait pas venir si tard", on lèvera "certaines contraintes sur les territoires où le virus circule moins vite", a déclaré le président de la République le lendemain, lors des Rencontres de l'Union des entreprises de proximité (U2P).

Les chiffres et récentes études donnent-ils raison au chef de l'Etat ? Franceinfo fait le point.

Le taux d'incidence est repassé sous les 100 cas pour 100 000 habitants

Ce n'était pas arrivé depuis la mi-juillet. Le taux d'incidence est de nouveau sous la barre des 100 cas pour 100 000 habitants, selon les dernières données publiées par Santé publique France (SPF), mercredi 15 septembre. Il était remonté jusqu'à près de 250 cas pour 100 000 habitants il y a un mois.

Dans le même temps, le nombre de malades hospitalisés continue de baisser avec 9 555 personnes hospitalisées pour une infection au Covid-19 (soit 435 nouvelles hospitalisations par jour en moyenne sur les sept derniers jours).

La baisse se poursuit également dans les services de réanimation avec 1 959 patients, dont 119 admis ces dernières 24 heures (ils étaient 2 224 il y a une semaine). Il existe toutefois des disparités territoriales dans l'Hexagone. Si le taux d'occupation des services de réanimation par des patients Covid-19 atteint 70% en Provence-Alpes-Côte d'Azur, il est de 37% en Ile-de-France et de 18% en Bretagne et en Pays de la Loire.

Le Covid-19 a tué 79 personnes en 24 heures à l'hôpital, rapporte SPF, contre 100 il y a une semaine. Les chiffres des contaminations traduisent également une amélioration, avec 8 535 cas par jour en moyenne depuis une semaine (9 144 ces dernières 24 heures).

La campagne de vaccination est un succès

La vaccination anti-Covid 19 reste en France l'une des plus avancées parmi les pays européens, même si elle ralentit depuis quelques semaines. Evoqué depuis des semaines, l'objectif de 50 millions de primovaccinés – initialement fixé pour fin août – semble enfin à portée de main pour cette fin de semaine.

Selon Santé publique France, 74% de la population a reçu au moins une dose et 70% une vaccination complète. Pour mémoire, la vaccination a été ouverte aux 12-17 ans le 15 juin et le seuil des 50% de la population entièrement vaccinée avait été atteint le 27 juillet.

Autre soulagement pour le gouvernement, le système de santé n'a, dans l'immédiat, guère pâti de l'entrée en vigueur mercredi de la vaccination obligatoire pour le personnel des établissements de santé et médico-sociaux, alors que certains observateurs redoutaient des exclusions en masse. Le ministre de la Santé, Olivier Véran, a ainsi annoncé jeudi "quelque 3 000 suspensions" de travailleurs non vaccinés, "essentiellement du personnel des services supports", "très peu de blouses blanches".

"Le 15 septembre noir, jour de l'entrée en vigueur de l'obligation vaccinale des professionnels, tant commenté, fantasmé, qui annonçait une foule de contrevenants refusant la vaccination, n'a pas eu lieu !" s'est félicitée dans un communiqué Zaynab Riet, déléguée générale de la Fédération hospitalière de France (FHF), qui réunit les principaux établissements du pays.

Reste que le variant Delta joue également sur l'efficience des vaccins, qui protègent moins bien contre son infection, même si la protection vaccinale reste très élevée contre les formes graves. Une dose de rappel est envisagée pour les personnes les plus fragiles. La Haute Autorité de santé est d'ailleurs favorable à un rappel pour les personnes de 65 ans et plus et celles présentant des comorbidités. Cette injection est déjà administrée aux résidents en Ehpad depuis le 13 septembre.

La rentrée s'est, pour l'instant, bien passée

Avec la rentrée des classes et le retour au travail de nombreuses personnes, le gouvernement pouvait redouter que la flambée estivale perdure. Mais cette quatrième vague semble être sur le déclin. Malgré une situation toujours préoccupante dans les départements d'outre-mer, le nombre de nouveaux cas quotidiens de Covid-19 est en baisse depuis le 17 août, passant de 23 638 cas à 8 535 cas par jour en moyenne la semaine du 15 septembre.

"La rentrée scolaire est, à ce stade, réussie sur le plan sanitaire, a pointé sur RTL jeudi Olivier Véran, le ministre de la Santé. Il y a des fermetures de classes (...) mais si nous devions avoir un impact négatif de la rentrée scolaire en raison de l'épidémie, nous le saurions dans les jours actuels ou prochains. Donc il est trop tôt pour être optimiste, mais on reste vigilants et nous en saurons plus la semaine prochaine."

Mais une cinquième vague reste possible

L'Institut Pasteur, dans sa dernière modélisation de l'évolution de l'épidémie de Covid-19, invite à la prudence face à un éventuel rebond automnal. Notamment à cause de la contagiosité élevée du variant Delta. Les personnes non vaccinées de plus de 60 ans, soit 3% de la population, pourraient ainsi représenter jusqu'à 43% des hospitalisations. De quoi de nouveau mettre sous tension les services hospitaliers.

Parallèlement, la vaccination seule ne peut pas contenir l'épidémie si les autres mesures sanitaires sont abandonnées. "L'arrêt de toutes mesures de contrôle" pourrait, face au variant Delta, "conduire à un stress important sur le système de santé". C'est-à-dire à un pic d'hospitalisations, même dans l'hypothèse retenue d'une couverture vaccinale élevée (de 70% chez les adolescents de 12 à 17 ans, de 80% chez les adultes de 18 à 59 ans et de 90% chez les plus de 60 ans).

Aussi les chercheurs jugent-ils important que les efforts pour limiter la transmission soient maintenus, notamment "en appliquant les gestes barrières, le port du masque, un certain degré de distanciation physique, le tester-tracer-isoler et le pass sanitaire".

Et le retour du froid fait craindre un rebond de l'épidémie

Invitée sur franceinfo, la vaccinologue Marie-Paule Kieny met en garde : "Il ne faudrait pas tout d'un coup baisser la garde." Si 70% des Français sont vaccinés, il reste encore "30% des 12-17 ans" à vacciner et "entre 10 et 15%" des plus de 80 ans "qu'il va vraiment falloir chercher parce qu'ils ont besoin de cette vaccination. C'est pour les protéger eux que nous nous sommes tous vaccinés". Le Covid-19 restera en France, affirme la vaccinologue. "Peut-être qu'il faudra accepter qu'on n'arrive pas à empêcher complètement la circulation du virus. Il faut surtout empêcher l'impact sur la santé et la mortalité."

Sur RTL le professeur Arnaud Fontanet, membre du Conseil scientifique, alerte lui aussi sur "un risque de redémarrage" des contaminations avec le changement de saison. "Toute l'Europe voit les courbes descendre, un peu comme l'année dernière, rappelez-vous en septembre (...) et puis voilà, fin septembre, un coup de froid, et une deuxième vague qui redémarre. Je pense que quand le temps va changer, que ça va se refroidir, il y a vraiment un risque de redémarrage", estime-t-il. Mais, contrairement à l'année dernière, l'épidémiologiste ne s'attend "pas à ce qu'on ait besoin d'aller jusqu'à un couvre-feu ou un confinement". Toutefois, il juge prématuré d'évoquer la fin du pass sanitaire pour le moment.

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