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Complément d'enquête : "François, pape des pauvres, Vatican des riches"

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Article rédigé par Valerie Kowal
France Télévisions

À peine élu, le pape François a annoncé vouloir réformer le train de vie de la curie, mettre au pas des évêques corrompus et passer un grand coup de balai dans la banque du Vatican, soupçonnée d'abriter des comptes de la mafia. En Argentine, sous la dictature, celui qu'on appelle aujourd'hui le "pape des pauvres" a laissé un souvenir contrasté : lui qui se battait pour les bidonvilles est accusé par certains d'avoir abandonné deux prêtres aux mains de tortionnaires du pouvoir. Les témoignages de sa sœur, de ses amis de l'époque, mais aussi de ses détracteurs retracent la carrière d'un homme ambitieux.

"Habemus papam." L'Amérique latine en rêvait, le conclave a exaucé ses prières en sacrant Jorge Mario Bergoglio, un prélat non pas latin mais latino en 2013. Dans une curie touchée par le scandale, c'est d'abord son austérité qui séduit. Né le 17 décembre 1936 d'un père employé ferroviaire et d'une mère femme au foyer, ce descendant d'immigrés piémontais cultive un style très éloigné de la splendeur du Saint-Siège. Il a notamment expliqué aux journalistes pourquoi il avait choisi le prénom de saint François d'Assise, symbole de paix, d'austérité et d'assistance aux pauvres. François, a dit l'ex-cardinal de Buenos Aires, est "l'homme qui nous a donné cet esprit de paix, un homme pauvre". 

Depuis son élection au trône de saint Pierre, le pape a multiplié les signes d'une présidence différente de l'Église catholique. Il a ignoré la limousine et préféré prendre la navette avec les autres cardinaux le soir de son élection. Le lendemain, il est retourné à l'hôtel géré par le Vatican et a insisté pour régler sa note. Au cours de sa première audience avec des journalistes, le pape argentin a insisté sur cette idée : les catholiques doivent garder à l'esprit que c'est Jésus qui est au centre de l'Église, et non le souverain pontife. 

Ambiguïté sous la dictature argentine

Dans une curie touchée par le scandale, l'austérité du pape François séduit. À Buenos Aires, il a renoncé à la luxueuse demeure de l'archevêché et se contente d'un appartement à côté de la cathédrale. On ne lui connaît ni domestiques ni voiture, et il n'est pas rare de le voir dans le métro.

Son caractère a été forgé par une solide formation intellectuelle. Ses qualités lui seront utiles pour gérer la curie car il a des ennemis. Ses adversaires argentins ne manquent pas d'évoquer son rôle trouble durant la dernière dictature militaire entre 1976 et 1983. On l'accuse de ne pas s'être assez opposé à la répression et même d'avoir livré deux prêtres à la junte militaire.

Nathalie Sapena, pour Complément d'enquête, a recueilli les témoignages de sa sœur, de ses amis de l'époque mais aussi de ses détracteurs, qui retracent la carrière d'un homme ambitieux. Va-t-il réussir à réformer le Vatican, ses finances et son gouvernement sclérosé ? Qui est vraiment le pape François ? Enquête sur une personnalité plus complexe qu'il n'y paraît.

La rédaction de Complément d'enquête vous invite à commenter l'émission sur sa page Facebook ou sur Twitter avec le hashtag #Cdenquete.

(Rediffusion de l'émission du 11/06/2015)

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