: Vidéo "Je ne connais que des gens qui aiment le pape", selon Thierry Bizot
Thierry Bizot, 53 ans, producteur de télévision, catholique pratiquant après une conversion récente, a accordé un entretien à Nicolas Poincaré après la diffusion d'un portrait du pape François, 78 ans, élu 266e évêque de Rome le 13 mars 2013, dans le hors-série du magazine "Complément d'enquête" du 20 août.
Après le portrait du pape François diffusé le 20 août dans le hors-série du magazine Complément d’enquête sur France 2, Thierry Bizot, 53 ans, producteur de télévision, auteur de Catholique anonyme (Seuil) et récent catholique pratiquant, a répondu aux questions de Nicolas Poincaré. Ils sont assis dans les fauteuils rouges emblématiques de l'émission, installés sur le parvis de l'église Saint-Sulpice, dans le VIe arrondissement de Paris.
Quand on est catholique, on est forcément papiste ? "Pas forcément. Quand ma conversion a eu lieu, j'étais tout feu, tout flamme. Benoît XVI a été élu et cela ne m'a fait ni chaud ni froid. Quand le pape François a été élu, et que j'ai entendu qu'il s'appelait comme saint François d'Assise et qu'il a dit 'buonasera' et ensuite 'priez pour moi', les larmes me sont venues aux yeux. Je pensais que les papes, je m'en foutais, et celui-là, je l'aime." Les précédents papes avaient presque oublié la pauvreté ? "Oui, il y a eu des dérives, des fastes. Ce qu'il y a de plus remarquable chez lui, c'est qu'il est en train de rendre accessible l'accès à Dieu. La religion, ce n'est que ça. C'est la relation à Dieu. La religion est là pour trouver cette source, si les gens en ont envie. Il rend les choses simples. Depuis que je suis redevenu catholique, je ne rencontrais que des gens qui n'aimaient pas Benoît XVI. Maintenant, je ne connais que des gens qui aiment le pape François, et je ne parle pas que des catholiques."
Le pape est-il bon en marketing ? Vend-il bien son produit ? "Oui, il est très bon. Dans votre documentaire, il y a quelque chose d'essentiel pour toute personne qui a la foi : jeune homme à succès, il rentre dans une église, fait une rencontre et devient prêtre. Une révélation. Les gens pensent que la foi est un truc intellectuel, moral. La foi est une histoire d'amour. C'est une rencontre et c'est aussi bête que ça. C'est donné à tout le monde. Il ne faut pas être grand clerc ou intelligent. On peut même être un salaud et avoir la foi. On peut être idiot ou inculte et avoir la foi. C'est comme de tomber amoureux."
"J'ai eu une conversion par la parole"
Cela lui est donc arrivé dans une église à Buenos Aires… Et vous ? "Cela m'est arrivé à 45 ans. Et pour fayoter auprès du prof principal de mon fils qui avait eu un mauvais carnet de notes, j'ai été à son invitation à une catéchèse de quartier absolument minable. Je voulais me casser tout de suite, mais, poli, j'allais rester jusqu'au bout. Nous étions cinq pour cinquante chaises… J'y suis retourné et de fil en aiguille, je me suis rendu compte que c'était intéressant. Je n'avais pas du tout la foi. Je pensais avoir fait une expérience rigolote, voire même un peu minable."
Et comment cela a-t-il évolué ? "Je pensais avoir fait une sorte de stage de récupération de points spirituels… Je parle un jour de Dieu avec un ami qui n'est pas particulièrement croyant. Je lui raconte ce stage vieux de six mois. Le récit sort de moi avec une émotion et une force qui m'étonnent énormément. J'avais les larmes aux yeux et lui aussi. J'ai eu une conversion par la parole. À force de le raconter. Jésus se montre à moi quand je parle de lui. Donc, je parle de lui tout le temps."
En quoi cela a-t-il changé votre vie ? "Ma vie n'a pas changé. Je suis toujours producteur, père de famille, j'ai la même voiture. J'emmerde mes clients pour leur vendre des programmes. Cela a en fait changé toute ma vie. J'ai été décentré de moi-même d'un millimètre, mais ce millimètre change tout. Je ne suis plus le centre de ma vie. C'est le choix qu'on a tous à faire. Il y a des choses plus grandes que nous : la nature, l'humanité, Dieu s'il existe…La deuxième étape m'est arrivée avec Jésus. J'accepte qu'il y ait quelque chose de plus grand que moi et je me mets à son service. Je décide de le servir. Je ne me sers pas en premier. Ça vaut le coup de servir ce truc plus grand que moi. Ma vie prend un sens plus savoureux."
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