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Qui sont les sept candidats à la primaire de la gauche ?

Ils sont sept sur la ligne de départ. Tour d'horizon des forces et faiblesses de chacun des candidats.

Article rédigé par Clément Parrot
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 11min
De gauche à droite : Manuel Valls, Arnaud Montebourg, Benoît Hamon, Vincent Peillon, Sylvia Pinel, Jean-Luc Bennahmias et François de Rugy. (AFP / FRANCEINFO)

Coup d'envoi. La Haute Autorité des primaires citoyennes vient de siffler le début du match en révélant la liste des sept candidats en lice pour la primaire de la gauche, samedi 17 décembre. Les candidatures de Gérard Filoche et Fabien Verdier n'ont pas été retenues.

Manuel Valls, Arnaud Montebourg, Benoît Hamon, Vincent Peillon, François de Rugy, Sylvia Pinel et Jean-Luc Bennahmias vont maintenant tenter de convaincre les électeurs de gauche durant une brève campagne de cinq semaines. Franceinfo vous présente les concurrents de ce scrutin qui se tiendra les 22 et 29 janvier.

Manuel Valls, le favori sorti de Matignon

Manuel Valls vient de passer quatre ans et demi dans les plus hautes fonctions de l'Etat, passant du ministère de l'Intérieur à Matignon. Il a choisi de quitter le gouvernement pour se consacrer à sa campagne, quelques jours après la renonciation de François Hollande. Député socialiste de l'Essonne depuis 2002, le maire d'Evry se place depuis longtemps sur une ligne de fracture à la droite du PS, n'hésitant pas à bousculer son camp sur les questions d'identité et de sécurité. Mais pour gagner la primaire, il sait qu'il va devoir se recentrer, comme en témoignent ses récents propos sur le progrès social, la solidarité ou le pouvoir d'achat.

Ma candidature est une révolte face à une disqualification annoncée de la gauche à la présidentielle.

Manuel Valls

Le Parisien

Ses forces. Les enquêtes d'opinion le placent largement en tête, même si, à cinq semaines du premier tour et avec une campagne à peine lancée, il sait que rien n'est joué. Il a reçu le soutien de proches de François Hollande et de la plupart des poids lourds du gouvernement (de Jean-Yves Le Drian à Michel Sapin en passant par Najat Vallaud-Belkacem). Seul ancien Premier ministre dans la course, il va pouvoir mettre en avant son expérience acquise pendant plus de deux ans et demi à la tête du gouvernement.

Ses faiblesses. Manuel Valls va devoir jouer une partition difficile entre la défense du bilan décrié de François Hollande et la nécessité de proposer un projet rassembleur. Sa ligne politique traditionnelle n'est pas majoritaire, comme l'ont prouvé ses 5,63% obtenus à la primaire de 2011. C'est ainsi que l'homme qui a utilisé à six reprises le 49.3 en tant que Premier ministre propose maintenant de le supprimer "purement et simplement" en dehors des textes budgétaires. Dans cette primaire, il risque d'être la cible de nombreuses attaques venues de sa gauche. Il se définit comme challenger, car il sait, après avoir observé la primaire de la droite, que le favori peut parfois tomber de haut.

Arnaud Montebourg, le challenger "made in France"

Arnaud Montebourg a choisi de se lancer dans la campagne à la fin du mois d'août. Après son départ du gouvernement en 2014, l'ancien ministre du Redressement productif avait pris du recul vis-à-vis de la politique, ce qui ne l'a pas empêché de préparer son retour en coulisses. L'ancien député de Saône-et-Loire n'a pas abandonné ses thématiques favorites du made in France et du soutien à l’appareil productif français. Empreint d'un protectionnisme de gauche, le "projet France" du candidat Montebourg promet aussi la fin de l'austérité avec un effort en faveur des classes populaires.

Je m’adresse à la France des fins de mois difficiles. (...) C’est pour elle que nous devons agir, pour les oubliés de l’économie et de la politique.

Arnaud Montebourg

Ses forces. Porte-parole de Ségolène Royal pour la présidentielle de 2007, il a l'expérience des campagnes électorales. Troisième homme de la primaire de 2011 avec plus de 17%, il est en mesure d'incarner l'espace politique à la gauche du PS, comme le montre le ralliement d'une partie des députés "frondeurs". L'ancien président du conseil général de Saône-et-Loire s'appuie également sur son ancrage local rythmé par ses deux rendez-vous bourguignons : la Fête de la rose de Frangy-en-Bresse et l'ascension du mont Beuvray.

Ses faiblesses. Arnaud Montebourg fait tout pour se détacher du bilan du quinquennat Hollande, mais il pourrait se voir reprocher ses deux ans passés à Bercy. Dans cette primaire, l'ancien ministre risque aussi de se faire contester sa place de challenger, sur sa gauche, par Benoît Hamon.

Benoît Hamon, le frondeur outsider

Benoît Hamon a participé au quinquennat Hollande en tant que ministre délégué à l'Economie sociale et solidaire, puis en tant que ministre de l'Education, avant d'être évincé en 2014 en même temps qu'Arnaud Montebourg en raison de ses désaccords sur la ligne économique. Issu d'un milieu populaire, il aiguise ses premières armes politiques à la tête du Mouvement des jeunes socialistes avant d'enchaîner les mandats comme député européen, député des Yvelines ou conseiller régional d'Ile-de-France. Il axe notamment sa campagne sur les thèmes sociaux et écologiques comme la lutte contre les perturbateurs endocriniens ou l’obsolescence programmée.

Croire à une croissance exponentielle infinie dans un monde fini, il n'y a que les fous et les économistes pour y croire.

Benoît Hamon

France 2

Ses forces. Depuis son passage dans "L'Emission politique", il est le candidat à la mode. Sur le plateau de France 2, il est apparu solide face à la contradiction d'un élu du Front national ou dans l'explication de ses propositions sur le revenu universel et la réduction du temps de travail. Comme le détaille Le Monde, les thèmes de l'ancien ministre ciblent un électorat plutôt jeune, actif et urbain, qui pourrait constituer une bonne part des voix en janvier.

Ses faiblesses. Par rapport à Manuel Valls et Arnaud Montebourg, Benoît Hamon souffre d'un petit déficit de notoriété, comme le prouve l'audience modeste réalisée lors de son passage à "L'Emission politique" (1,7 million de téléspectateurs). D'autant qu'il occupe un espace politique encombré à la gauche du PS, notamment en raison de la présence d'Arnaud Montebourg.

Vincent Peillon, l'invité surprise

La candidature de Vincent Peillon a créé la surprise, y compris parmi ses amis. L'ancien ministre de l'Education nationale du gouvernement Ayrault connaît bien les rouages du Parti socialiste, qu'il a commencé à fréquenter au début des années 1990. Il a travaillé avec Arnaud Montebourg et Benoît Hamon au sein du Nouveau parti socialiste, un mouvement qui cherchait à réformer le PS, avant de se ranger derrière Ségolène Royal.  

Je suis le candidat d'une éthique politique. 

Vincent Peillon

France 2

Ses forces. Vincent Peillon a la possibilité d'incarner un axe central du PS, entre la ligne des frondeurs Montebourg et Hamon et celle de Manuel Valls. "Peillon peut incarner le point d'équilibre de la gauche", espère l'un de ses proches. Il peut déjà compter sur le soutien de la maire de Paris, Anne Hidalgo, et d'une partie des députés hollandais.

Ses faiblesses. Il semblait à l'écart depuis plus de deux ans de la scène politique nationale, préférant dispenser des cours en Suisse et écrire des polars. Le député européen va donc devoir prouver qu'il est resté en phase avec ses concitoyens. Son bilan au ministère de l'Education nationale est contrasté, comme le détaille L'Obs, et il a surtout brillé en provoquant des couacs. Habitué des échecs électoraux, il va devoir déjouer le sort pour cette primaire.

Sylvia Pinel, la radicale

La présidente du Parti radical de gauche, Sylvia Pinel, a été investie par son parti pour participer à la primaire organisée par le PS. A 39 ans, elle est à la fois la seule femme et la plus jeune des candidats en compétition. La députée du Tarn-et-Garonne, proche du ministre de l'Aménagement du territoire, Jean-Michel Baylet, avait obtenu le portefeuille du Logement en 2014, en remplacement de Cécile Duflot. Elle a quitté le gouvernement en février pour se lancer dans la course présidentielle.

Le PRG a une longue histoire. (...) Il nous appartient de faire entendre notre singularité.

Sylvia Pinel

sur franceinfo

Ses forces. Bien que discrète au gouvernement, la ministre du Logement a laissé sa trace dans le paysage grâce au dispositif Pinel qui promeut l'investissement locatif, comme le détaille L'Opinion (article abonnés). Elle va pouvoir s'appuyer sur certaines des propositions chocs du PRG, comme la légalisation du cannabis, le retour au septennat et la suppression du Premier ministre.

Ses faiblesses. Le PRG a beau être fort dans le sud-ouest de la France, il ne pèse pas assez sur le plan national. L'ancienne ministre n'est pas assez connue et un récent sondage, cruel, l'a créditée de 0% d'intentions de vote.

Jean-Luc Bennahmias, le progressiste 

Jean-Luc Bennahmias portera les couleurs de l'Union des démocrates et écologistes, le parti présidé par Jean-Vincent Placé. Agé de 62 ans et journaliste de profession, cet ancien député européen a navigué entre les Verts et le MoDem de François Bayrou. Il se définit aujourd'hui comme "progressiste", un pied au centre et un à gauche, détaille Libération.

Je veux participer mais je ne suis pas sûr que je puisse l’emporter.

Jean-Luc Bennahmias

Ses forces. Il compte jouer la carte de la "gauche moderne". D'ailleurs, il a déjà admis sur BFMTV apprécier le positionnement d’Emmanuel Macron. N'ayant pas grand-chose à perdre, il ne peut que créer la surprise.

Ses faiblesses. Son cheminement tortueux sur l'échiquier politique le rend parfois difficile à suivre. En plus de son déficit de notoriété, il manque cruellement de soutiens et doit partager son espace politique avec François de Rugy. L'enjeu pour l'ancien eurodéputé sera sans doute de ne pas finir dernier du scrutin. 

François de Rugy, l'écologiste réformiste

François de Rugy participe à la primaire au nom de son mouvement Ecologistes !, qu'il a cofondé après son départ d'Europe Ecologie-Les Verts à l'été 2015. En claquant la porte pour rejoindre les rangs des députés pro-gouvernementaux, le vice-président de l'Assemblée nationale a dénoncé une "dérive gauchiste" de ses camarades écologistes.

La primaire peut contribuer à débloquer ce que les partis n'arrivent pas à faire depuis des années.

François de Rugy

Ses forces. Le député de Loire-Atlantique veut incarner une ligne originale mélangeant réformisme et écologie. A 43 ans, il va tenter de défendre ses propositions sur l'environnement. Il peut compter sur le soutien de deux ministres membres de son parti : Emmanuelle Cosse et Barbara Pompili.

Ses faiblesses. Dans son petit espace politique, il doit cohabiter avec Jean-Luc Bennahmias. Le combat s'annonce donc ardu pour ce député encore méconnu du grand public.

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