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Résultats des élections régionales 2021 : qui sont les grands perdants et gagnants du scrutin ?

Les élections régionales ont été marquées par une "prime aux sortants" et par une abstention record. 

Article rédigé par franceinfo
France Télévisions
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Une femme s'apprête à déposer son bulletin de vote dans l'urne à Perpignan (Pyrénées-Orientales), le 27 juin 2021. (ARNAUD LE VU / HANS LUCAS / AFP)

Elles devaient permettre une "répétition générale", et constituer un "tour de chauffe avant la présidentielle". A défaut de grande surpriseles élections régionales et départementales 2021, repoussées en raison de l'épidémie de Covid-19, ont permis d'y voir plus clair : les leaders de droite sont renforcés, la gauche conserve ses cinq régions et le RN est en repli, au terme de ce scrutin marqué par une abstention historique et dont notre carte vous donne les résultats région par région. A l'issue du second tour, qui s'est déroulé dimanche 27 juin, franceinfo vous liste les grands perdants et gagnants de ces élections. 

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Les gagnants

Les partis traditionnels. C'est l'une des surprises de ce scrutin : la carte des régions par parti n'évolue quasiment pas par rapport à celle de 2015. Car, fait rarissime, tous les présidents sortants de France métropolitaine finissent gagnants du second tour du scrutin. Le Parti socialiste à gauche et Les Républicains à droite restent ainsi maîtres du jeu dans l'Hexagone, où ils conservent leurs fiefs régionaux. L'abstention record enregistrée pourrait avoir joué en la faveur des présidents sortants, analysait à l'issue du premier tour Jean-Philippe Moinet, politologue et fondateur de La Revue civique, sur franceinfo.

"C'est une élection de statu quo, où tous les présidents sortants sont reconduits, et où tous les partis de droite ou de gauche ne font pas de bons résultats", a commenté Gabriel Attal, le porte-parole du gouvernement, dimanche soir sur France 2. Statu quo interprété par d'autres comme un retour en force des partis traditionnels : "Il y a un retour du clivage gauche-droite", a ainsi affirmé la socialiste Najat Vallaud-Belkacem, lâchant que "le dégagisme a été dégagé". De son côté, Damien Abad, président des députés LR, a lui salué le score de son parti : "La droite est plus que jamais debout ce soir", a-t-il tweeté. "On est aujourd'hui clairement la seule force d'alternance", a quant à lui assuré Christian Jacob, président du parti, sur France 2.

Les prétendants à la présidentielle. Valérie Pécresse, Xavier Bertrand et Laurent Wauquiez, tous trois présidents sortants, respectivement des régions Ile-de-France, Hauts-de-France et Auvergne-Rhône-Alpes, avaient parié sur ce scrutin pour renforcer leur position en vue de la présidentielle de 2022. Leur pari s'est avéré gagnant : les trois figures de droite arrivent en tête de leur région respective au second tour, avec une avance très confortable pour Xavier Bertrand et Laurent Wauquiez. "Ce qui pourrait paraître comme une excellente soirée pourrait en réalité être un cadeau empoisonné pour la désignation d'un candidat de droite", prévient Martial Foucault, directeur du Centre de recherches politiques de Sciences Po Paris (Cevipof), sur franceinfo.

Xavier Bertrand n'a ainsi pas manqué d'emprunter un ton présidentiel dans son discours de victoire. Le patron des Hauts-de-France, seul candidat déclaré de la droite pour 2022, a confirmé son ambition élyséenne à l'issue du scrutin régional : "Ce résultat me donne la force d'aller à la rencontre de tous les Français", a-t-il soutenu. Valérie Pécresse et Laurent Wauquiez n'entendent pas, à ce stade, lui laisser la voie libre, a appris France Télévisions auprès de leur entourage. La présidente de la région Ile-de-France devrait ainsi faire "un pas de plus" vers une candidature formelle à l'Elysée "d'ici fin juillet". Laurent Wauquiez, lui, "se laisse l'été" pour réfléchir à sa propre candidature.

L'abstention. La participation des Français n'a jamais été aussi basse lors d'élections sous la Ve République. Au total, 66,7% d'électeurs ne sont pas déplacés lors du premier tour et 65,7% d'entre eux se sont également abstenus pour le second tour, selon une estimation Ipsos/Sopra Steria pour France Télévisions. Soit un tout petit point d'écart. "L'abstention reste à un niveau très élevé, analyse Mathieu Gallard, directeur de recherches à l'Ipsos. On recule de seulement un point et c'est relativement rare car l'abstention diminuait nettement entre les deux tours lors des précédentes élections." 

Des chiffres historiques qui traduisent plusieurs tendances, dont un essoufflement de l'intérêt pour des élections, notamment chez les plus jeunes (87% des 18-24 ans ont boudé le premier tour des élections l20 juin). Et cette tendance frappe de manière relativement homogène l'ensemble des partis.

Les perdants

Le Rassemblement national. Le parti comptait asseoir son implantation territoriale en récupérant des régions aux partis traditionnels : c'est la douche froide. Comme en 2015, le parti d'extrême droite échoue à prendre la tête d'un exécutif régional. Pire, il voit même son score diminuer dans quasiment toutes les régions françaises, selon une estimation Ipsos/Sopra Steria pour France Télévisions. Thierry Mariani, seul candidat RN qui pouvait prétendre à s'emparer de la région Paca, a été largement battu par le candidat LR Renaud Muselier : ce dernier l'emporte avec plus de 57% des voix, aidé par le retrait de la liste de gauche.

Malgré les vifs appels pour mobiliser ses électeurs, et à un an de la présidentielle, le parti de Marine Le Pen ne parvient donc pas à briser le plafond de verre électoral qui l'empêche d'accéder à des postes de premiers plans locaux. "C'est un échec retentissant pour le Rassemblement national, non seulement en voix, mais aussi en Paca", a décrypté Brice Teinturier, directeur général délégué de l'institut de sondages Ipsos, sur France 2.

Les ministres. Ils étaient quinze sur la ligne de départ mais échouent à s'imposer à l'arrivée. Les ministres envoyés au front pour encourager l'implantation locale de LREM n'ont pas réussi à accomplir leur mission. "Ces résultats sont une déception pour la majorité présidentielle", a admis le patron du parti, Stanislas Guerini, sur BFMTV.

Les cinq ministres envoyés sur la liste de Laurent Pietraszewski dans les Hauts-de-France, dont trois poids lourds du gouvernement – Gérald Darmanin, Eric Dupond-Moretti et Agnès Pannier-Runacher – n'ont pas réussi à éviter la déconfiture : le secrétaire d'Etat chargé des Retraites a été éliminé dès le premier tour, n'atteignant même pas les 10%. Au soir du second tour, la ministre déléguée à l'Insertion Brigitte Klinkert et le ministre chargé des Relations avec le Parlement Marc Fesneau échouent eux à la quatrième place au terme de quadrangulaires, dans le Grand Est et en Centre-Val de Loire. Pour le politologue Rémi Lefebvre, pas besoin de chercher très loin les causes de ces difficultés pour LREM dans ces élections locales. "Le parti est très centralisé, très personnalisé. Il ne s'est pas donné les moyens d'être ancré localement", explique-t-il à franceinfo.

Les Verts. Ils voulaient transformer l'essai des municipales, mais ils s'arrêtent aux portes de la victoire. Malgré de belles deuxièmes places en Pays de la Loire (34,87% pour l'écologiste Matthieu Orphelin) et en Ile-de-France (33,6% pour Julien Bayou et ses alliées Clémentine Autain et Audrey Pulvar), après alliances, les listes des écologistes restent cette fois en retrait. Même dans les Hauts-de-France, où écologistes et listes de gauche partaient unis derrière Karima Delli : leur liste finit troisième avec 21,99% des voix, loin derrière Xavier Bertrand.

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