Résultats des élections régionales : avec Bertrand, Wauquiez et Pécresse, la droite se rassure... mais se cherche toujours pour 2022
Valérie Pécresse, Xavier Bertrand et Laurent Wauquiez ont remporté haut la main leur élection dimanche, respectivement en Ile-de-France, dans les Hauts-de-France et en Auvergne-Rhône-Alpes. De quoi réfléchir sérieusement à la présidentielle de 2022.
La droite a le sourire. En conservant ses sept régions au second tour des élections régionales, dimanche 27 juin, Les Républicains et leurs alliés confirment leur bonne implantation locale. La droite est "aujourd'hui clairement la seule force d'alternance", s'est félicité le président des Républicains, Christian Jacob. Mais avec ces bons résultats, les ennuis commencent pour la droite. "Ce qui pourrait paraître comme une excellente soirée pourrait en réalité être un cadeau empoisonné pour la désignation d'un candidat de droite", explique Martial Foucault, directeur du Centre de recherches politiques de Sciences Po Paris (Cevipof), à franceinfo.
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Trois ténors de la droite comptent bien profiter de la dynamique de leur victoire aux régionales pour peser dans ce choix. Il s'agit de Valérie Pécresse, arrivée en tête avec 46% des suffrages en Ile-de-France ; Xavier Bertrand, avec 52,37% dans les Hauts-de-France ; et Laurent Wauquiez, avec 55,3% en Auvergne-Rhône-Alpes, selon une estimation Ipsos/Sopra Steria pour France Télévisions. "Ces trois candidats peuvent revendiquer une légitimité par les urnes", confirme Martial Foucault.
Pour désigner son candidat à la présidentielle, le parti s'est donné jusqu'au mois de novembre. Son président, Christian Jacob, compte s'appuyer sur deux sondages pour voir si un "candidat naturel" se détache. Concrètement, le parti LR va commander deux larges enquêtes d'opinion effectuées sur un panel de 15 000 personnes adhérentes "aux valeurs de la droite et du centre". Si aucun candidat ne tire clairement son épingle du jeu, Les Républicains envisageront alors un processus de désignation pour déterminer celle ou celui qui représentera le parti. Le dispositif reste donc suffisamment flou pour laisser la place à une bataille des présidentiables.
Xavier Bertrand en première ligne
Le patron des Hauts-de-France est le seul ténor de droite à s'être pour l'instant déclaré candidat à la présidentielle. Xavier Bertrand avait conditionné sa candidature à sa réélection à la région ; c'est désormais chose faite. Il va maintenant pouvoir se consacrer à son ambition élyséenne, avec l'objectif de perturber le match retour Macron-Le Pen. Et il ne s'en est pas caché, dès dimanche soir.
"Ce résultat me donne la force d'aller à la rencontre de tous les Français."
Xavier Bertrand, président sortant de la région Hauts-de-Francedimanche 27 juin, à ses électeurs
Depuis deux mois, pourtant, Xavier Bertrand stagne dans les sondages pour la présidentielle de 2022 : ils ne lui attribuent que 14 à 18% des intentions de vote. Mais l'ancien ministre du Travail de Nicolas Sarkozy espère enclencher une dynamique autour de sa personne. Interrogé sur Europe 1, mercredi, sur le risque d'une "guerre des chefs" dans son camp après le second tour des régionales, l'ancien de LR a appelé au rassemblement. "Si nous voulons l'emporter (...), il faudra qu'on constitue ensemble une belle équipe de France."
Dans l'entourage de Xavier Bertrand, on est convaincu que sa confirmation à la tête de la région "va remettre une pièce dans le juke-box" et qu'elle apportera un nouvel élan. "Ce qui nous aide vachement aussi, c'est le rempart : le rempart au Rassemblement national, mais aussi à Emmanuel Macron qui a envoyé cinq ministres en vain", explique un proche à franceinfo. Xavier Bertrand va devoir surveiller ses principaux adversaires à droite, et notamment Valérie Pécresse et Laurent Wauquiez, qui vont également tenter de surfer sur leur reconduction.
Valérie Pécresse ne triomphe pas
La présidente sortante de l'Ile-de-France, Valérie Pécresse, semble partir avec un temps de retard après une victoire un peu moins large en Ile-de-France. "Elle fait à peine un peu plus que 2015 et bien moins que les deux autres. Elle est donc moins en position de force", analyse le politologue Olivier Rouquan. Pas de quoi la déstabiliser. "Une équipe de France de la droite et du centre a émergé (...) j'y prendrai toute ma part", a lancé Valérie Pécresse à l'annonce de sa victoire en Ile-de-France, dimanche.
L'entourage de l'ancienne ministre du Budget ne manque pas d'arguments pour mettre en avant sa championne. "Elle a aussi fait baisser le RN et délogé la macronie de la région où elle est la plus forte", observe l'un de ses proches dans Le Parisien (article pour les abonnés). Un autre proche estime aussi qu'elle est plus à même de rassembler que ses deux concurrents des Hauts-de-France et d'Auvergne-Rhône-Alpes : "Dans ces deux régions, il était impossible pour Bertrand et Wauquiez de perdre face au seul RN, dont les électeurs sont démobilisés."
Laurent Wauquiez fait plier le RN
De son côté, Laurent Wauquiez se donne l'été pour réfléchir à une éventuelle candidature présidentielle. Mais son équipe ne manque pas de rappeler qu'avec 43,85% au premier tour, l'ancien patron de LR réalise le meilleur score du parti en France. Une avance confirmée au second tour. "Laurent Wauquiez est celui qui a le plus siphonné le vote RN, comme Nicolas Sarkozy en 2007", confirme le politologue Olivier Rouquan.
Le président de la région Auvergne-Rhône-Alpes, qui ne parvient pas, depuis ces derniers mois, à percer dans les intentions de vote pour 2022, garde une bonne cote au sein des Républicains et auprès d'une partie des militants de base. Après une campagne axée sur la sécurité et la lutte contre la délinquance, il peut se vanter d'avoir amené le RN à 11,3% des voix au second tour, contre 22,5% en 2015.
"Ce soir, les extrêmes ont reculé fortement dans notre région car nous ne leur laissons aucun terrain pour prospérer."
Laurent Wauquiez, président de la région Auvergne-Rhône-Alpes
La bataille s'annonce âpre tant qu'aucun ténor de la droite n'aura été désigné. Et les sondages se tiennent pour l'instant dans un mouchoir de poche pour les trois ténors. Xavier Bertrand obtiendrait 18% des suffrages au premier tour de l'élection présidentielle 2022, selon un sondage Ipsos/Sopra Steria pour France Télévisions, publié dimanche soir. C'est cinq petits points de plus que Valérie Pécresse et Laurent Wauquiez, qui font toujours planer le doute sur leur candidature. "On n'a pas progressé d'un iota sur la question de l'incarnation à droite", résume Martial Foucault.
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