Législatives 2024 : ce qu'il faut retenir de la journée du samedi 15 juin
Après le psychodrame chez Les Républicains, c'est la gauche qui a montré ses divisions, samedi 15 juin. Plusieurs responsables de gauche membres du Nouveau Front populaire ont critiqué la décision de La France insoumise de ne pas réinvestir plusieurs députés sortants, mais de soutenir Adrien Quatennens dans sa circonscription, tandis qu'au PS, c'est la candidature surprise de François Hollande qui a temporairement jeté le trouble. Voici ce qu'il faut retenir de cette nouvelle journée de campagne en vue des élections législatives du 30 juin et du 7 juillet.
Des députés sortants LFI ne sont pas réinvestis et dénoncent une "purge"
Beaucoup dénoncent une "purge" ou une forme de "sectarisme". Plusieurs députés sortants et figures historiques de La France insoumise – comme Raquel Garrido, Danielle Simonnet ou Alexis Corbière – n'ont pas été investis par le parti de gauche radicale dans leur circonscription. Plusieurs avaient précédemment critiqué les positions de Jean-Luc Mélenchon ou de membres de la direction du parti. "Jean-Luc Mélenchon a réglé un compte avec moi", a dénoncé Alexis Corbière sur franceinfo, tandis que Raquel Garrido a déploré sur X qu'on lui fasse "payer le crime de lèse-Mélenchon".
Plusieurs proches de LFI ou responsables d'autres partis de gauche ont critiqué la décision du parti de gauche radicale. La secrétaire nationale des Ecologistes-EELV, Marine Tondelier, s'est dite sur France 2 "extrêmement choquée" et a appelé à "soutenir" les candidats non investis. Alexis Corbière, Raquel Garrido, et Danielle Simonnet assurent être toujours candidats face aux représentants désignés par LFI.
Dans un communiqué, La France insoumise a défendu "un choix de cohérence", au motif que certains sortants non renouvelés ont "exprimé (...) leur volonté de rejoindre (...) un autre groupe et une autre démarche que celle de" LFI, et parce que le groupe parlementaire LFI a été "trop souvent paralysé (...) par des jeux politiciens". "Les investitures à vie n'existent pas", a de son côté justifié Jean-Luc Mélenchon dans une interview à 20 Minutes, ajoutant que "la cohérence politique et la loyauté dans le premier groupe parlementaire de gauche sont aussi une exigence pour gouverner".
Le député LFI Adrien Quatennens réinvesti
Une autre investiture crée des tensions à gauche. Le député Adrien Quatennens a été investi par La France insoumise pour les législatives dans la première circonscription du Nord, malgré sa condamnation à quatre mois de sursis pour violences conjugales, une situation dénoncée par plusieurs responsables à gauche et collectifs féministes.
"Il a toujours été clair que tous les députés sortants de nos forces politiques respectives seraient soutenus par le Front populaire, hormis des cas très précis parce qu'il y aurait eu des VSS [violences sexistes et sexuelles] ou des affaires judiciaires", a déclaré Marine Tondelier, secrétaire nationale des Ecologistes-EELV, sur France 2. "Pour le coup, La France insoumise fait l'inverse."
"Vous préférez un homme qui frappe sa femme, auteur de violences conjugales, à des camarades qui ont l'impudence d'avoir un désaccord avec le grand chef. Notre démocratie mérite mieux que vous", a également asséné François Ruffin sur X. "A toutes celles et ceux qui s'opposeraient ou douteraient de la pertinence de ma candidature, sachez que je vous comprends. J'espère pouvoir, humblement, et par mes actions, regagner votre confiance", a réagi Adrien Quatennens par communiqué.
La militante féministe Amy Bah a annoncé sa candidature dans la même circonscription, au nom des "valeurs" du Nouveau Front populaire et de la gauche, estimant qu'"Adrien Quatennens est le talon d'Achille de la gauche". Elle a déjà reçu le "plein soutien" de Martine Aubry, la maire socialiste de Lille, qui s'est fendue d'un message posté sur X.
Des manifestations contre l'extrême droite partout en France
Près de 250 000 personnes ont manifesté contre l'extrême droite en France, à l'appel notamment de cinq syndicats, d'associations et des partis de gauche membres du Nouveau Front populaire, selon les chiffres du ministère de l'Intérieur. Environ 75 000 personnes ont manifesté à Paris, d'après la place Beauvau, contre 250 000 personnes dans la capitale selon les chiffres de la CGT. Ils étaient également plusieurs milliers dans plusieurs villes de France comme à Bordeaux, Nancy, Toulouse, Grenoble ou encore Le Havre, selon les mêmes sources ainsi que les antennes de France Bleu.
François Hollande annonce sa candidature en Corrèze, le PS cède
L'ex-président socialiste François Hollande a annoncé sa candidature dans la première circonscription de Corrèze sous l'étiquette PS, soutenu par le Nouveau Front populaire, au quotidien La Montagne. "A situation exceptionnelle, décision exceptionnelle (...) Si j'ai pris cette décision, c'est parce que j'ai estimé que la situation était grave", a justifié François Hollande lors d'une conférence de presse à Tulle (Corrèze), qui rappelle que "jamais l'extrême droite n'a jamais été aussi proche du pouvoir depuis la Libération". Les autres candidats potentiels au poste lui "ont tous demandé [d'être] le candidat" de la gauche dans la circonscription, pour laquelle le maire de Tulle Bernard Combes avait d'abord été investi par le PS, a assuré François Hollande, déjà député de la circonscription de 1988 à 1993 et de 1997 à 2012.
La direction du PS a d'abord contesté auprès de France Télévisions avoir accordé l'investiture et le soutien du Nouveau Front populaire à François Hollande, précisant que "seules les instances du conseil national ou du bureau national peuvent investir des candidats". Mais la section locale du PS en Corrèze a déclaré avoir "choisi la candidature de François Hollande" sur le réseau social X, ce dont la direction nationale du parti a finalement "[pris] acte", en faisant valoir que François Hollande "a déclaré cette semaine qu'il se reconnaissait dans la démarche et le projet du Nouveau Front populaire".
Gabriel Attal présente une partie du programme du camp présidentiel
Le Premier ministre a présenté dans la soirée plusieurs mesures du camp présidentiel en faveur du pouvoir d'achat, au Journal de 20 Heures sur France 2 et dans un entretien au Parisien et à plusieurs titres de presse quotidienne régionale. Parmi elles, sa volonté de réhausser le plafond de la prime de partage de la valeur (surnommée "prime Macron"), versée volontairement par l'employeur aux salariés et en partie défiscalisée, de "3 000" à "10 000 euros" par an "sans charge ni impôt".
Gabriel Attal a aussi évoqué la mise en place d'un "fonds de rénovation énergétique" des logements des "classes moyennes et populaires", qui serait financé par une taxe sur les rachats d’actions (que le gouvernement envisageait déjà d'intégrer au prochain projet de loi de finances). Le Premier ministre promet également d'exonérer de frais de notaire les primo-accédants à la propriété de la classe moyenne, pour des biens allant jusqu'à 250 000 euros.
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