Cet article date de plus d'un an.

Pécresse, Ciotti, Copé... Comme Gérald Darmanin, ces personnalités politiques de droite ont changé d'avis sur le mariage pour tous

En 2013, ils étaient des opposants farouches au projet de loi ouvrant la voie au mariage entre personnes du même sexe. Aujourd'hui, ils assurent avoir une autre position sur le sujet.
Article rédigé par franceinfo
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 5 min
Le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, lors d'un conseil des ministres organisé le 19 avril 2023, à Paris. (ARTHUR N. ORCHARD / HANS LUCAS / AFP)

Des rétropédalages en cascade. Le 23 avril 2013, le projet de loi sur le mariage pour tous était adopté par 331 voix pour et 225 contre à l'Assemblée nationale, après de vifs débats dans l'hémicycle et une forte protestation des opposants dans les rues. Depuis, de nombreuses personnalités politiques de droite, parfois virulentes à l'égard du projet porté par la gauche alors au pouvoir, sont revenues sur la position qu'ils défendaient à l'époque.

"Beaucoup d'élus se sont amendés", confirme auprès de l'AFP Arnaud Alessandrin, sociologue et co-auteur de Mariage pour tous : la violence d'une conquête (éd. Le bord de l'eau). "Mais ce que disent nombre d'entre eux, c'est que la société a assimilé le mariage pour tous, alors qu'il n'y a jamais eu de majorité contre". Il ajoute que "si l'état de l'opinion avait été différent, peut-être qu'ils auraient continué à soutenir l'abrogation de la loi".

Dix ans jour pour jour après l'adoption de la loi, franceinfo fait le tour de ces élus, ministres ou ex-ministres, membres parfois éminents de l'UMP en 2012-2013 et qui se disent aujourd'hui favorables au mariage entre personnes du même sexe.

Gérald Darmanin reconnaît s'être "trompé"

Le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, a reconnu s'être "trompé" en s'opposant il y a dix ans à la loi autorisant le mariage pour tous, dans un entretien publié jeudi 20 avril par La Voix du Nord. "Si c'était à refaire, je voterais le texte", a déclaré l'ancien maire de Tourcoing, qui avait déclaré en 2013, alors qu'il était député UMP du Nord, qu'il ne marierait pas de couples de même sexe.

"Dix ans après, j'ai pu constater que le mariage homosexuel, comme l'adoption par les couples homosexuels, ne change rien et que les craintes qui avaient été exposées par la droite, et notamment dans ma famille politique, étaient infondées", a ajouté l'ancien membre des Républicains dans cet entretien.

Christophe Béchu suit le mouvement

Invité des "4 Vérités" sur France 2 vendredi, au lendemain des déclarations de Gérald Darmanin, le ministre de la Transition écologique, Christophe Béchu, également ancien du parti Les Républicains, a assuré qu'"aujourd'hui, [il] voterait oui" à la modification du droit qui permet aux couples de même sexe de s'unir.

En 2016, Christophe Béchu, alors maire LR de la ville d'Angers (Maine-et-Loire), avait fait retirer dans sa commune une campagne d'affichage sensibilisant contre la transmission du VIH et mettant en scène des couples de même sexe. "Une telle campagne dans des magazines pour adultes ne me choquerait pas. Mais sur des panneaux devant des écoles primaires, oui", avait-il déclaré à l'époque à France 3 Pays de la Loire.

Catherine Vautrin fait son mea culpa

Catherine Vautrin, ex-ministre sous les gouvernements Villepin et Raffarin, était pressentie pour occuper Matignon l'année passée. Mais ses positions controversées sur le mariage pour tous lorsqu'elle était députée UMP de la Marne lui ont peut-être coûté le poste de Première ministre. Vendredi, elle a, à son tour, changé son fusil d'épaule. "Anticiper les attentes de la société, c'est majeur en politique. Il y a dix ans, en ne votant pas le mariage pour tous, j'ai raté ce rendez-vous qui est aujourd'hui devenu une évidence", a-t-elle écrit sur Twitter. "La loi accompagne celles et ceux qui veulent vivre leur bonheur et c'est une très bonne chose."

Eric Ciotti ne "souhaite pas revenir" sur la loi

L'actuel président des Républicains (LR) Eric Ciotti était, en 2012, l'une des principales figures de La Manif pour tous et s'opposait au mariage des couples de même sexe. "Sur le mariage pour tous, je n'aurais peut-être pas la même attitude aujourd'hui. Aujourd'hui, je le dis clairement, je pense que ce texte est dans le droit et qu'on ne doit pas revenir dessus", commentait-il en juillet 2017 sur Europe 1, quatre ans après l'adoption de la loi.

Jean-François Copé évoque "le seul grand regret de [sa] vie politique"

Il était alors le président de l'UMP. Dix ans après, Jean-François Copé a affirmé, fin mars dans Le Journal du dimanche, qu'avoir "voté contre le mariage pour tous est le seul grand regret de [sa] vie politique". Il a déclaré avoir "fait ce choix pour rassembler [son] camp", divisé à l'époque. "C'est la seule fois de ma vie où j'ai voté contre moi-même (...) Dix ans plus tard, je pense que la page est tournée à droite", a-t-il encore allégué.

Christian Estrosi considère la loi comme "une avancée"

Après s'être opposé au mariage pour tous en 2013, Christian Estrosi, alors député-maire UMP de Nice, estimait, dès septembre 2014 sur Canal+, que si la droite reprenait le pouvoir en 2017, elle ne devrait pas revenir sur la loi, entrée dans les "pratiques" du pays, tout en considérant l'ouverture du mariage aux personnes de même sexe comme "une avancée".

Eric Woerth assure que le mariage pour tous "fait partie du paysage naturel"

Comme nombre des personnalités politiques de droite, Eric Woerth avait voté contre la loi il y a dix ans. Ce n'était pas "contre le mariage en tant que tel, mais plutôt contre les droits que cela donne dans la filiation", se justifie désormais celui qui a rejoint la majorité présidentielle d'Emmanuel Macron auprès de nos confrères du Parisien. Aujourd'hui, ce n'est "plus un sujet", selon lui. "La société a évolué, le mariage pour tous s'est plutôt bien installé et fait partie du paysage naturel", défend le député de l'Oise.

 Valérie Pécresse dit avoir "changé d'avis" dès 2014

La candidate de LR pour la présidentielle 2022 avait manifesté avec le mouvement de La Manif pour tous en 2012-2013. Députée à l'époque, elle avait même envisagé de "démarier" des personnes déjà unies en privilégiant "un statut d'union civile". Pourtant, invitée d'Itélé l'année suivante, l'actuelle présidente de la région Ile-de-France assurait "avoir changé d'avis parce que, tout simplement", elle a "réfléchi".  

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.