"Il faudrait quelqu'un capable de tenir la boutique" : Elisabeth Borne de plus en plus contestée au sein de la majorité

Article rédigé par Paul Barcelonne
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2 min
Elisabeth Borne, la Première ministre, à Matignon, le 27 mars 2023. (LUDOVIC MARIN / AFP)
Alors qu'une 10e journée de mobilisation contre la réforme des retraites a lieu ce mardi, la Première ministre poursuit ses consultations pour tenter de rallier des alliés dans le camp présidentiel. Mais l'utilisation du 49.3 l'a fragilisée.

Il suffit de décrocher son téléphone, échanger quelques minutes avec des députés, avec des soutiens de la première heure d'Emmanuel Macron pour s'en rendre compte : le plan d'Élisabeth Borne pour "élargir la majorité" ne convainc pas. Alors que les opposants à la réforme des retraites ont rendez-vous dans la rue, mardi 28 mars, à l'occasion d'une 10e journée de mobilisation, la Première ministre poursuit ses consultations avec la présidente de l'Assemblée nationale et le président du Sénat.

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"Non pas que Borne soit déméritante", prend soin de préciser un ténor sous couvert d'anonymat, "mais il faudrait quelqu'un capable de tenir la boutique". Traduction : une partie de la majorité réclame à corps et à cri un Premier ministre plus politique pour tourner la page des retraites. "Il y a péril en la demeure", ose un autre, qui parle même de "l'effet déflagrateur" du 49.3 et craint que l'exécutif soit condamné à la feuille blanche.

"Faire le dos rond ne lui suffira pas"

Les langues se délient depuis que des propos rapportés du chef de l'Etat ont fuité dans Le Point. Selon le magazine, Emmanuel Macron se serait plaint auprès de son entourage. "Vous n’avez pas voulu de Catherine Vautrin, vous m’avez vendu Élisabeth Borne comme la perle rare, et voilà où on en est !" Des propos qui n'ont jamais été confirmés, mais qui font dire à une partie de la majorité qu'Élisabeth Borne n'est pas capable de relever le gant et qu'elle n'a plus tout à fait les cartes en main quant à son avenir.

C'est pourtant bien Élisabeth Borne qui joue les fusibles en première ligne. C'est elle qui a été chargée par Emmanuel Macron de noircir l'agenda des réformes, de reprendre ses consultations pour trouver des alliés. Et de proposer un contrat de méthode dans trois semaines, comme si son avenir à Matignon en dépendait. "Faire le dos rond ne lui suffira pas", lâche un ténor de la majorité.

La pression de la rue

La journée sera encore très longue pour elle ce mardi : petit-déjeuner de la majorité pour débuter, Conseil des ministres dans la foulée, puis viendront les questions au gouvernement probablement très animées à l'Assemblée nationale dans l'après-midi. La Première ministre aura un œil rivé sur les cortèges avec le risque de nouveaux débordements à Paris.

Ce mardi soir, elle reprend le fil de ses consultations avec les présidents des deux chambres Yaël Braun-Pivet et Gérard Larcher. Et toujours cette question lancinante et sans solution pour l'instant : comment gouverner désormais ?

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