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Coronavirus : pourquoi le protocole sanitaire dans les établissements scolaires pourrait bientôt être allégé

A moins d'un mois des vacances scolaires, les appels à assouplir les règles sanitaires imposées aux élèves se font de plus en plus nombreux. 

Article rédigé par franceinfo
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Des collégiens débarrassent leurs plateaux de cantine, le 2 juin 2020, à Beaucamps-Ligny (Nord). (JULIE SEBADELHA / HANS LUCAS / AFP)

Nouvelle étape de déconfinement en vue ? Le ministère de l'Education nationale s'est dit "prêt à desserrer" les mesures de lutte contre le Covid-19, lundi 8 juin, dans Le Parisien"si les autorités sanitaires nous disent qu'on peut y aller". Depuis plusieurs jours, face au ralentissement de l'épidémie, les voix appelant à l'allègement des protocoles sanitaires dans le primaire (PDF) et dans le secondaire (PDF) se multiplient, y compris au sein de la communauté scientifique. Voici pourquoi cette hypothèse est de plus en plus évoquée. 

Les conditions sanitaires le permettent

Le président du Conseil scientifique, Jean-François Delfraissy, s'est prononcé, dimanche, en faveur d'un allègement des contraintes dans les établissements scolaires"Même en continuant à respecter des règles un peu lourdes, on pourrait les simplifier en périscolaire d'ici la fin juin : pendant les repas, les récréations ou le sport", a-t-il suggéré dans Le JDD (lien abonnés). Une position soutenue par le généraliste Jérôme Marty, président de l'Union française pour une médecine libre, pour qui "on peut certainement relâcher un peu la pression".

Jeudi, Jean-François Delfraissy avait affirmé que le Sars-CoV-2 ne circulait plus qu'"à une petite vitesse" en France et que l'épidémie était désormais "contrôlée". La situation est particulièrement rassurante chez les mineurs, considérés comme moins contagieux que les adultes. 

"L'enfant joue un rôle tout à fait mineur dans la transmission du virus et (...) il s'avère peu contaminé et peu contaminant", a assuré, jeudi, sur franceinfo, Christèle Gras-Le Guen, secrétaire générale de la Société française de pédiatrie (SFP). La SFP plaide notamment pour une levée de la limitation stricte de 15 élèves par classe, tout en maintenant une forme de distanciation. Mi-mai, elle avait déjà critiqué certaines précautions "inutiles voire préjudiciables" imposées aux enfants (interdiction de jouer entre eux, de consoler un petit en le prenant dans les bras...).

Le gouvernement n'exclut plus cette hypothèse

A la fin juin, le ministre de l'Education nationale, Jean-Michel Blanquer, s'opposait à toute simplification des règles. "Ce protocole sanitaire est indispensable et il l'est encore au moins de juin, affirmait-il sur franceinfo. Si nous l'allégeons, ce sera pour la rentrée de septembre."

Ces derniers jours, face aux nouvelles rassurantes sur le front sanitaire, le ministre a timidement entrouvert la porte à un protocole simplifié. "J'espère que l'assouplissement du protocole sanitaire pourra arriver bientôt", a-t-il déclaré, jeudi. "Tout de suite, ce serait trop tôt", a-t-il aussitôt nuancé, appelant à rester "prudents". Il a confirmé cette ligne dimanche.

Je suis le premier à désirer que, le plus vite possible, on retourne à la normale, mais il ne faut pas aller plus vite que la musique.

Jean-Michel Blanquer

à franceinfo

Le ministère planche déjà sur de nouvelles règles sanitaires destinées aux colonies de vacances. "Publié dans les tout prochains jours", ce protocole spécifique sera "très clair, très court" et "plus souple" que celui actuellement imposé dans les écoles, a assuré le secrétaire d'Etat Gabriel Attal, vendredi, sur franceinfo. Ce protocole "va nous permettre de préparer la rentrée" de septembre, a-t-il reconnu.

La pression monte pour l'accueil d'un maximum d'élèves

A ce stade, le protocole sanitaire est le principal obstacle à un large accueil des élèves, dont seule une petite minorité a déjà retrouvé la classe. De moins en moins patients, les parents appellent à revoir le dispositif. "Il est temps peut-être d'assouplir les choses au niveau de l'école, pour qu'il n'y ait pas ce décalage entre l'école, lieu hypersécurisé, presque médicalisé, et la rue, lieu dans lequel on revit normalement", a plaidé Hubert Salaün, porte-parole de la fédération de parents d'élèves Peep, sur France 3.

Le patronat dénonce aussi une "situation pas acceptable aujourd'hui", qui pose "un problème d'organisation et de coût", selon la Confédération des petites et moyennes entreprises. "On souhaiterait effectivement que les enfants puissent être accueillis dans les écoles", a déclaré son secrétaire général, Jean-Eudes du Mesnil, le 2 juin, sur France 3.

Pressés par leur ministre de "permettre aux élèves d'être dans une sorte de mi-temps à l'école", les enseignants semblent favorables à un allègement des règles. Ce serait "un soulagement", selon le Snuipp-FSU, premier syndicat du primaire, à condition de le faire avec "prudence et cohérence".

Enfin, le Défenseur des droits, Jacques Toubon, s'est joint à l'appel, lundi. "La priorité, c'est de trouver des moyens, sur la base de ce que disent les scientifiques et les médecins, de faciliter le retour à l'école et de faciliter surtout la cantine", a-t-il affirmé sur France Inter.

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