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franceinfo junior. Des questions d'enfants sur l'affaire Théo

Théo, 22 ans, a été grièvement blessé lors de son interpellation par des policiers, jeudi 2 février à Aulnay-sous-Bois. Trois élèves de CM2 ont voulu poser des questions sur ce sujet au micro de franceinfo junior.

Article rédigé par franceinfo, Julien Moch, Estelle Faure
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
Manifestation de soutien pour Théo à Bobigny, (Seine-Saint-Denis) le 11 février 2017. (PATRICK KOVARIK / AFP)

De son interpellation violente par quatre policiers, Théo raconte les coups à répétition, un viol et des insultes racistes. C'est ce qu'il a confié à son avocat, un témoignage auquel ont eu accès des médias comme franceinfo. Dans cet enregistrement, Théo fait état d'une violente interpellation qui s'est déroulée suite à un contrôle de police le jeudi 2 février à Aulnay-sous-Bois (Seine-Saint-Denis). "Ils m'ont assommé d'un coup. Lorsqu'ils m'ont frappé, j'ai tout de suite pensé qu'il fallait que j'aille là où il y a les caméras, sinon j'allais passer pour un menteur". Un des quatre policiers "vire tout le monde" et revient vers Théo. "Il baisse mon pantalon et il enfonce la matraque dans mes fesses", raconte-t-il. S'en suivent des coups et des insultes à caractère "raciste", précise-t-il. Il raconte que son agression s'est terminée lorsqu'il est arrivé au commissariat. "Un policier qui était plus sympa a tout fait pour que j'aille mieux", explique-t-il. Théo tient à le remercier : "Il m'a même accompagné à l'hôpital".

Enquêtes en cours

Suite à cette interpellation, Théo a été opéré et s'est vu prescrire 60 jours d'incapacité totale de travail. Dimanche 3 février au soir, l'un des policiers a été mis en examen pour viol et trois de ses collègues pour "Violences volontaires par personne dépositaire de l'autorité publique, avec arme et en réunion suivies d'incapacité de travail supérieure à huit jours". Ils ont tous été suspendus de leurs fonctions. Interrogé sur franceinfo jeudi 8 février, l'avocat du policier mis en examen pour viol a maintenu que son client évoquait un geste "involontaire" de sa part.

Selon plusieurs médias, les premières conclusions de l'IGPN – la police des polices – évoquent elles aussi le "caractère non intentionnel" du geste du policier mis en examen pour viol sur le jeune homme, tout en déplorant des conséquences "dramatiques". Néanmoins, leur enquête pour déterminer ce qu'il s'est passé va se poursuivre et elle donnera lieu à des conclusions définitives. Elle se base notamment sur l'exploitation des vidéos de caméras de surveillance et de téléphones portables ayant filmé l'interpellation. Dans cette affaire, ce sont deux versions des faits qui s'affrontent, celle de Théo d'un côté et celle des policiers de l'autre, qui évoquent par exemple un coup de poing reçu par des agents. C'est ce que détaille cet article de décryptage de notre rédaction.

De son côté, Le Défenseur des droits a été saisi par l'avocate de Théo. Il va lancer une enquête qui "illustre les conflits qui naissent parfois des contrôles d'identité", a expliqué l'instance. D'autres cas de violences policières ont surgi dans l'actualité ces derniers mois, comme lors des manifestations contre la Loi Travail. À cette occasion, la directrice de l'IGPN avait répondu à des questions d'enfants sur ce sujet pour franceinfo junior. Ce mercredi, dans le journal Libération, des personnalités et artistes comme Omar Sy ou Vincent Delerm ont lancé un appel pour demander justice, faisant par exemple référence à la mort d'Adama Traoré.

Appel au calme

À Aulnay-sous-Bois, le lundi suivant les faits, plusieurs centaines de personnes, dont des mères de famille, ont participé à une marche pour soutenir Théo. Durant plusieurs nuits, des violences ont éclaté dans des villes en banlieue parisienne, occasionnant des dégradations matérielles. Contactée par franceinfo, la préfecture de Seine-Saint-Denis explique que les policiers ont dû faire usage de leurs armes en tirant en l'air pour rétablir le calme. Au total, mardi 7 février au matin, vingt-six personnes avaient été interpellées suite à ces heurts. Quelques jours après les faits, au micro de franceinfo, le frère et la sœur de Théo ont témoigné, appelant notamment au calme. Son frère Mickaël refuse néanmoins de considérer "tous les policiers" comme des "pourris". Mais il leur demande maintenant "de dénoncer ces actes qui se multiplient dans les quartiers".

Pourquoi Théo s'est fait agresser ? Pourquoi des policiers font ça ? Est-ce qu'ils vont aller en prison ?

Ils ont entendu parler de l'affaire Théo et vu des images à la télévision. Trois élèves de CM2 ont voulu parler de cette affaire et poser leurs questions. Pour leur répondre, Jacques de Maillard, professeur de science politique à l’Université de Versailles Saint-Quentin, membre de l’Institut universitaire de France et directeur-adjoint du CESDIP (UMR CNRS/Ministère de la justice/UVSQ).

En partenariat avec le magazine d'actualités pour enfants 1jour1actu et 1jour1actu.com (franceinfo junior)

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