Soupçons de viol de Théo à Aulnay-sous-Bois : le frère et la sœur de Théo témoignent
Interpellé violemment par des policiers à Aulnay-sous-Bois, Théo, 22 ans a témoigné lundi des violences qu’il a subies : une matraque "enfoncée volontairement", des crachats, des insultes... Éléonore et Mickaël, sa sœur et son frère, se sont confiés à franceinfo.
Éléonore, la grande sœur de Théo, ce jeune homme de 22 ans arrêté par quatre policiers jeudi dernier à Aulnay-sous-Bois, en Seine-Saint-Denis, dans des conditions sur lesquelles la justice enquête, témoigne ce mardi 7 février au micro de franceinfo. "Qu'est-ce qui pourrait m'apaiser ? Rien, tranche la jeune femme. Pour l'instant, je n'ai même pas envie d'être apaisée. Je veux que Théo aille bien."
"Je n'arrive toujours pas à comprendre ce qu'il s'est passé, raconte Éléonore. Ce que je vois à la télé, les images qu'ils diffusent, c'est mon frère. C'est lui qui est allongé. Il est à l'hôpital. Sa chambre est vide, il n'est pas là. C'est bizarre. Difficile." "Je dois être forte, ajoute la grande sœur. On n'a pas le droit de flancher. Théo est tombé, il ne s'est pas effondré... Théo n'est pas mort, contrairement à certains. (...) J'ose croire que Théo est un phénix. Et qu'il va renaître, qu'il sera plus fort. Mais ça va être très, très, très long."
Mickaël, le frère du jeune homme refuse de considérer "tous les policiers" comme des "pourris". Mais il leur demande maintenant "de dénoncer ces actes qui se multiplient dans les quartiers". "Ce que je ne comprends pas, explique Mickaël, c'est qu'on continue à parler de policiers pour ces quatre individus. On ne peut pas mélanger les choses (...) Si on accepte de parler de policiers pour eux, ça veut dire que tous les habitants des cités sont des dealers de drogue."
"Bien évidemment qu'ils représentent une partie de la police, puisqu'il y a des pourris, comme on dit, ajoute le jeune homme. Mais ça ne veut pas dire que tous les policiers sont des pourris, au contraire ! (...) Il y a des gens qui aiment faire cette profession, et qu'on est bien contents de trouver quand on a besoin d'eux. (...) Moi, ce que je demande à ces policiers maintenant, c'est de dénoncer ces actes qui se multiplient dans les quartiers, il ne faut pas le nier, et notamment à Aulnay-sous-Bois."
Mickaël lance un appel au calme
Après une troisième nuit de violences et de tensions à Aulnay, le jeune homme lance un appel au calme : "On n'appelle pas au désordre, on préfère que les choses se passent dans le calme. Qu'on laisse la justice faire son travail. On ne souhaiterait pas qu'il y ait d'autres accidents, d'autres dérapages qui viendraient s'ajouter à celui de Théo." Le témoignage de Théo a été diffusé sur franceinfo et dans plusieurs médias, ce mardi. Une étape nécessaire selon son frère : "On entendait beaucoup de choses dans les journaux, sur les réseaux sociaux. C'était important que Théo puisse donner sa version. Nous, on est là pour l'écouter. On le croit."
Une version contre une autre
Mickaël et le reste de la famille de Théo se préparent à voir cette version remise en cause par les policiers impliqués : "C'est normal dans ce genre d'affaires, c'est une version contre l'autre", explique Mickaël. Mais il rappelle que "Théo a vécu quelque chose d'inacceptable (...) Quand bien même il se serait passé quoi que ce soit... On ne fait pas ça."
Mickaël a tenu à remercier sur franceinfo tous ceux qui apportent un soutien à son frère depuis la révélation de cette affaire, et notamment le maire d'Aulnay-sous-Bois : "C'est un ancien policier, il a pris position, et je tenais à le remercier, car c'est quelque chose de difficile pour lui, estime le jeune homme. La réalité et la justice, c'est tout ce qu'il souhaite". Théo "se remettra", souligne son frère Mickaël. "C'est un jeune fort, un courageux qui, mentalement, est costaud. Il va aller mieux, car nous, sa famille, on est là, on le soutient", espère-t-il.
Franceinfo avait eu accès lundi au témoignage de Théo. Le jeune homme avait livré sa version des faits à son avocat, confirmant notamment que l'un des policiers a "enfoncé" volontairement sa matraque.
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