Retrait de Joe Biden : quels sont les prétendants pour porter les couleurs démocrates à la présidentielle américaine ?

Article rédigé par Linh-Lan Dao
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 9min
Un restaurant retransmet le débat entre le président américain Joe Biden et l'ex-président Donald Trump, à Shirlington, en Virginie (Etats-Unis), le 27 juin 2024. (CAROL GUZY / MAXPPP)
Depuis la prestation ratée de Joe Biden lors du premier débat présidentiel face à Donald Trump, plusieurs démocrates parlaient ouvertement de le remplacer. A quatre mois du scrutin, le président sortant a annoncé dimanche renoncer à se présenter à l'élection présidentielle.

Cet article initialement publié le 29 juin après le débat entre Joe Biden et Donald Trump a été mis à jour le 22 juillet, à la suite du renoncement du président américain en exercice à briguer un second mandat à la Maison Blanche.


Qui pour remplacer Joe Biden ? Lâché par son camp après un premier débat raté face à Donald Trump et des moments de confusion lors d'un sommet de l'Otan, le chef de l'Etat américain a finalement renoncé à se présenter à l'élection présidentielle, dimanche 21 juillet. A quatre mois du scrutin, le futur candidat désigné par le Parti démocrate aura un défi de taille à relever face à Donald Trump. Pour ne pas perdre de temps, le comité chargé de fixer les règles de la convention nationale démocrate, qui se tiendra fin août pour désigner le candidat officiel du parti, se réunira dès mercredi, selon le New York Times. Franceinfo fait le portrait des principaux prétendants à la succession de Joe Biden.

Kamala Harris, une vice-présidente impopulaire

La vice-présidente des Etats-Unis, Kamala Harris, le 21 juin 2024 à New York. (ANGELA WEISS / AFP)

Elle se présente comme la favorite. Joe Biden lui-même souhaite que la numéro deux de l'exécutif américain lui succède. "Aujourd'hui, je souhaite offrir mon plein soutien et mon approbation à Kamala pour qu'elle soit la candidate de notre parti", a déclaré le président américain sur X, à peine 30 minutes après avoir annoncé renoncer à se présenter à sa réélection. Kamala Harris a publié dimanche soir un communiqué dans lequel elle déclare compter "remporter l'investiture" démocrate pour la présidentielle en vue de "battre Donald Trump".

"Il est assez naturel que ce soit la personne qui occupe la vice-présidence qui soit l'héritière de la présidence précédente", estime Ludivine Gilli, directrice de l'observatoire de l'Amérique du Nord de la Fondation Jean-Jaurès. "Toute la difficulté, c'est qu'il faudrait un candidat consensuel qui puisse unir l'aile droite et l'aile gauche du parti", poursuit la docteure en histoire.

Kamala Harris, aujourd'hui âgée de 59 ans, est la première femme et première Afro-Américaine à avoir accédé à la vice-présidence, en 2020. Elle a été pionnière à plusieurs reprises  : première procureure noire de San Francisco puis de Californie, première femme d'origine sud-asiatique à représenter cet Etat au Sénat. Son âge, son dynamisme, sa pugnacité en commission d'enquête parlementaire, et sa relative proximité avec les minorités en ont fait une colistière idéale pour Joe Biden. Toutefois, elle est critiquée pour ne pas avoir su se tailler une place au sein de l'administration Biden, rapporte The Guardian.

Reed Brody, ex-responsable du parti démocrate, "ne comprend pas" pourquoi la vice-présidente n'a pas été plus exposée médiatiquement : "Biden lui-même avait dit à l'époque qu'il était un président de transition et on voyait en Kamala Harris un relais", explique-t-il. Car aujourd'hui, la vice-présidente ne jouit pas d'une grande popularité : selon un sondage Economist/Yougov de juin, seulement 33% des Américains estiment qu'elle est assez qualifiée pour être présidente. Vendredi, sur CNN, elle s'est empressée de défendre la candidature de Joe Biden.

Gavin Newsom, un gouverneur de Californie loyal à Joe Biden

Gavin Newsom, gouverneur de Californie, le 27 juin 2024 à Atlanta (Géorgie). (ANDREW HARNIK / GETTY IMAGES NORTH AMERICA)

Avec sa fougue et son énergie, le gouverneur de Californie Gavin Newsom, 56 ans, est populaire chez les démocrates. Mais ce fidèle de Joe Biden, un temps pressenti, a publiquement apporté son soutien à Kamala Harris après le renoncement de Joe Biden. "Personne n'est mieux placé que la vice-présidente américaine pour (...) guider notre pays dans une direction plus saine", a-t-il déclaré sur X.

Gavin Newsom a patiemment gravi les échelons : d'abord conseiller général puis maire de San Francisco, puis lieutenant-gouverneur avant d'être gouverneur de l'Etat américain le plus peuplé depuis janvier 2019. Adoptant un style de campagne plutôt offensif, il n'hésite pas à aller au front : il a débattu contre le gouverneur de Floride, Ron DeSantis, sur Fox News en 2023 et accordé une longue interview sur la même chaîne face à l'éditorialiste ultra-conservateur Sean Hannity, mi-juin. Il a triomphé d'une tentative de destitution par ses détracteurs en 2021.

Sur le plan des idées, il essaie d'incarner une troisième voie, relève Le Monde , faisant figure de "quasi-centriste sur les questions d'ordre public et d'austérité budgétaire". Il est aussi partisan d'une couverture médicale universelle et a mis en place un fonds de 60 millions de dollars pour aider les femmes dans les Etats ayant interdit l'avortement. Dernière initiative : proposer un amendement constitutionnel pour contrôler obligatoirement les antécédents de tous les acheteurs d'armes. Pour la présidentielle de 2028, il aura terminé son deuxième mandat à la tête de la Californie.

Gretchen Whitmer, une gouverneure du Michigan progressiste 

Gretchen Whitmer, la gouverneure du Michigan, le 19 mai 2024 à Détroit (Michigan, Etats-Unis). (ANDREW CABALLERO-REYNOLDS / AFP)

Agée de 52 ans, Gretchen Whitmer occupe le poste de gouverneure du Michigan depuis 2019. Réélue en 2022, elle avait fait campagne sur le droit à l'avortement, l'économie et la nécessité de maintenir la démocratie, deux ans après l'assaut du Capitole par des militants pro-Trump. Elle siégeait auparavant à la Chambre de représentants du Michigan puis au Sénat du même Etat. Joe Biden l'avait un temps envisagée comme candidate à la vice-présidence, avant de porter son choix sur Kamala Harris en 2020. Après l'annonce de renoncement à être candidat de Joe Biden, Gretchen Whitmer a salué le bilan du président américain sur X. "Mon travail lors de cette élection restera le même : faire tout ce que je peux pour élire les démocrates et arrêter Donald Trump", écrit-elle, sans apporter son soutien à Kamala Harris.

Se décrivant comme une démocrate progressiste, Gretchen Whitmer s'est prononcée en faveur de lois plus strictes sur les armes à feu, l'abrogation de l'interdiction de l'avortement et du soutien à l'enseignement préscolaire universel. En 2013, elle avait acquis une notoriété nationale en évoquant sa propre expérience de victime de viol, lors d'un débat sur une loi controversée sur l'avortement.

Critiquant la gestion de la pandémie de Covid-19 par l'administration Trump, elle a imposé plusieurs confinements impopulaires dans son Etat, ce qui lui a valu d'être la cible d'un complot d'enlèvement en 2020. Elle occupe depuis janvier 2021 le poste de vice-présidente du Comité national démocrate (DNC), ce qui lui a permis d'influencer la stratégie du parti au niveau national. Son expérience et sa capacité de gestion de crises en font une alternative crédible à Joe Biden.

Josh Shapiro, un gouverneur de Pennsylvanie très impliqué dans la crise des opioïdes

Le gouverneur de Pennsylvanie, Josh Shapiro, le 3 mai 2024 à Philadelphie. (BASTIAAN SLABBERS / NURPHOTO)

Avant d'avoir été nommé gouverneur en 2023, Josh Shapiro s'est illustré en tant que procureur général de Pennsylvanie. Il s'est par exemple opposé en 2017 à un décret migratoire controversé de Donald Trump interdisant l'entrée aux Etats-Unis de sept pays musulmans et a été à l'origine d'un rapport publié en 2018 faisant état d'un millier abus sexuels sur des mineurs par des prêtres de l'Eglise catholique. "Je ferai tout ce que je peux pour aider à élire Kamala Harris en tant que 47e présidente des Etats-Unis", a-t-il rapidement déclaré sur X après l'annonce de retrait de Joe Biden, apportant ainsi son soutien à la vice-présidente américaine.

Dans le cadre de la crise des opioïdes, il a participé en 2019 à plusieurs accords avec des entreprises pharmaceutiques, notamment le fabricant d'anti-douleurs Purdue Pharma, afin d'obtenir des dédommagements financiers. Par ailleurs, le quotidien Times of Israel l'a qualifié de "nouvel archétype du politicien juif très ouvert sur sa confession".

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