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Les infox de l'Histoire : "6 janvier 2021, l'assaut du Capitole, insurrection ou tentative de coup d'État ?"
Il est un peu plus de 12 heures à Washington, le 6 janvier 2021, quand Donald Trump prend la parole devant des milliers de ses partisans rassemblés dans un parc situé au sud de la Maison-Blanche. Refusant depuis deux mois d'accepter sa défaite à l'élection présidentielle du 3 novembre 2020, affirmant qu'elle a été truquée, que la victoire de Joe Biden a été frauduleuse, multipliant en vain les recours pour la faire annuler, il ne lui reste plus, ce jour-là, qu'à tenter d'empêcher qu'elle soit validée définitivement par le Congrès qui, au moment où il parle, se réunit à moins de deux kilomètres de là, au Capitole, vers lequel, ce 6 janvier, Donald Trump pousse une foule chauffée à blanc à se diriger pour renverser le résultat de l'élection présidentielle. Patrice Gélinet revient sur l'assault du Capitole avec Sébastien Paour, correspondant permanent de franceinfo aux États-Unis.
Patrice Gélinet : Ce jour-là, Donald Trump avait-il prévu et voulu ce qui allait se passer, l'invasion du Capitole par ses partisans ? Dans ce cas, comme il était encore président, on peut parler d'une tentative de coup d'Etat, ou alors a-t-il été dépassé par les événements qu'il a provoqué ?
Sébastien Paour : Peut-être qu'il a été dépassé, mais les mots qu'il prononce lors de son discours sont clairement un appel à la violence, à une prise de pouvoir, à "arrêter un vol", on l'a entendu, à marcher sur ce bâtiment du Capitole qui était effectivement au bout de Pennsylvania Avenue. On est à quelques centaines de mètres de l'endroit du jardin de l'éclipse où Trump vient de prononcer ce discours. Il fait un froid de canard et il appelle tous ses partisans à se diriger clairement, il ne dit pas quoi faire d'ailleurs, c'est toute sa défense, il ne dit pas précisément ce qu'il demande à ses partisans de faire, mais il leur dit : "Marchez là bas, c'est chez vous et il faut récupérer ce qui vous a été volé".
Pour "arrêter le vol", ce qu'il veut, c'est inverser le résultat des élections, selon lui. Qu'est-ce qui est frauduleux dans l'élection qui s'est produite le 3 novembre et comment est-ce que, selon lui, elle aurait été trafiquée ?
Tout est frauduleux selon lui. Dans la mesure où il a perdu, le seul résultat qu'il n'aurait pas contesté, ça aurait été une victoire de sa part. Tout le reste, c'est forcément que ça a été volé. Alors ça a été volé par le vote par correspondance qui a lieu plusieurs mois à l'avance aux États-Unis, plusieurs dizaines de millions de vote par correspondance. Il s'en prend surtout dans les jours qui suivent et dans les semaines qui suivent aux machines de vote électronique, qu'il accuse de théories du complot. Il dit qu'elles sont manipulées depuis l'étranger. Ceux qui ont relayé cette théorie ont perdu en justice, notamment le média Fox news, qui a été condamné à 780 millions de dollars de négociations pour éviter un procès en diffamation. Donc tout ça, ce sont des accusations de Trump, notamment à cause de ses machines de vote et du vote par correspondance. Il n'a pas de preuves de tout ça, évidemment, puisqu'il y a eu des dizaines de procès, une cinquantaine de procès dans la foulée de ces accusations, d'enquêtes, localement dans les États, et toutes ont estimé qu'il n'y avait pas eu de fraude, que les élections avaient été justes et impartiales.
Avec "Les infox de l’Histoire", la troisième saison du podcast de la Fondation Descartes en partenariat avec franceinfo, voyagez à travers les époques au cœur des grands épisodes de désinformation. Patrice Gélinet et ses invités exposent et analysent les infox qui ont défrayé la chronique de l’antiquité à nos jours. Complotisme, désinformation, rumeurs, calomnies, emballements médiatiques… Une troisième saison de huit épisodes pour décrypter les mensonges de l’Histoire.
Producteur : Patrice Gélinet
Réalisatrice : Gilles Blanchard
Documentaliste/Attachée de production : Juliette Marcaillou
Technicien : Adèle Caglar
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