Guerre entre Israël et le Hamas : otages et détenus libérés, aide humanitaire… Quel est le bilan des sept jours de trêve ?

Un total de 110 otages israéliens et étrangers ont été libérés sur les quelque 240 personnes séquestrées à Gaza depuis leur enlèvement le 7 octobre.
Article rédigé par franceinfo
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Un véhicule de la Croix-Rouge transportant des otages israéliens à Rafah, le 30 novembre 2023. (AFP)

Pas de troisième prolongation. Les combats entre Israël et le Hamas ont repris, vendredi 1er décembre, après une trêve, d'abord de quatre jours, entamée le 24 novembre, qui a été reconduite à deux reprises. Alors que le Quai d'Orsay souhaite que l'arrêt des combats "reprenne", le jugeant "indispensable", franceinfo fait le bilan de ces sept jours d'accalmie.

110 otages libérés

Selon un décompte au soir du 30 novembre, un total de 110 otages israéliens et étrangers ont été libérés, soit plus de 45% des quelque 240 personnes séquestrées à Gaza depuis leur enlèvement le 7 octobre.

Dans le détail, la trêve a permis la libération de 80 otages israéliens, des femmes et des enfants. Une vingtaine d'étrangers ou binationaux, en majorité des Thaïlandais travaillant en Israël, ont également été libérés hors du cadre de l'accord entre Israël et le Hamas.

Parmi les personnes libérées se trouvent quatre Franco-Israéliens. Les trois premiers sont Eitan Yahalomi, 12 ans, Erez et Sahar Kalderon, 12 et 16 ans. Ils ont été relâchés le 27 novembre.

Les jeunes ressortissants français Erez Kalderon, Sahar Kalderon et Eitan Yahalomi (de gauche à droite) ont été libérés par le Hamas le 27 novembre 2023. (FRANCEINFO)

Mia Schem, 21 ans, a été libérée le 30 novembre, soit le dernier jour de trêve. "C'est une grande joie que je partage avec sa famille et tous les Français", a réagi Emmanuel Macron.

240 prisonniers palestiniens relâchés

Selon les termes de l'accord conclu entre Israël et le Hamas, avec la médiation du Qatar, des Etats-Unis et de l'Egypte, le nombre de prisonniers palestiniens relâchés a été trois fois supérieur à celui des 80 Israéliens libérés.

Les premiers prisonniers palestiniens ont été libérés le vendredi 24 novembre. Ils étaient 39. Au total, à l'issue des sept jours de trêve, 240 ont été relâchés. De nombreux mineurs ont pu retrouver leurs proches après des mois derrière les barreaux. "Evidemment, je suis libre, je suis heureux", sourit Ahmed Salaymeh, 14 ans, le plus jeune des détenus palestiniens libérés lors de la trêve. "Mais au fond, je ne peux pas trop m'en réjouir."

Quelque 140 otages toujours retenus et quatre Français portés disparus

Il reste au total "au moins 110 hommes encore otages, 18 femmes au moins, deux enfants, des bébés", a estimé sur franceinfo Jean-David Ichay, cofondateur du collectif 7 octobre, en lien avec les familles des victimes des attentats en Israël.

Quatre Français sont encore en captivité ou portés disparus, selon le ministère des Affaires étrangères. Parmi eux, Ofer Kalderon, 53 ans, le père d'Erez et Sahar, qui ont été libérés le 27 novembre. Un autre est Ohad Yahalomi, un Franco-Israélien de 49 ans, qui est le père d'Eitan, lui aussi libéré le même jour. Le troisième Français en captivité ou porté disparu s'appelle Elya Toledano. Cet homme de 27 ans est un ami de Mia Schem, libérée le 30 novembre. Le quatrième Français est Orion Hernandez-Radoux. Ce touriste franco-mexicain de 30 ans se trouvait au festival Tribe of Nova lors de l'attaque du 7 octobre. "La France agit avec ses partenaires pour obtenir leur libération dès que possible", a assuré Emmanuel Macron, jeudi, après la libération de Mia Schem.

Plus de 1 100 camions d'aide humanitaire dans la bande de Gaza

L'accord de trêve a permis d'accélérer l'arrivée de l'aide humanitaire dans la bande de Gaza, où de longs convois de camions sont encore entrés jeudi depuis l'Egypte. Au total, plus de 1 100 camions ont pu entrer, selon un décompte rapporté par le quotidien belge Le Soir. C'est toutefois insuffisant face aux besoins immenses dans le territoire palestinien, déjà soumis à un blocus israélien depuis 2007 et placé depuis le 9 octobre en état de siège total par Israël.

James Elder, le porte-parole de l'Unicef, a diffusé en ligne, vendredi 1er décembre, une vidéo tournée dans un hôpital de la bande de Gaza. "Cet hôpital est le plus grand encore en fonctionnement et il est déjà à 200% de sa capacité. Il ne peut tout simplement plus accepter d'enfants blessés dans la guerre", déclare-t-il.

Selon l'ONU, 1,7 million des 2,4 millions d'habitants de la bande de Gaza ont été déplacés par la guerre, fuyant les combats dans le nord du territoire, et plus de la moitié des logements ont été endommagés ou détruits. "J'espère toujours qu'il sera possible de renouveler la pause qui a été instaurée. La reprise des hostilités ne fait que montrer combien il est important d'avoir un véritable cessez-le-feu humanitaire", a réagi le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, vendredi, sur le réseau social X.

Le Hamas a acquis une "stature politique"

A l'issue des sept jours de trêve,"indiscutablement, le Hamas a gagné une stature politique, il a mené une opération de communication qui lui a profité", a jugé sur franceinfo Guillaume Lagane, maître de conférences à Sciences-Po, spécialiste des questions de défense et de relations internationales. "On a vu des otages libérés, donc vis-à-vis de l'opinion internationale et surtout vis-à-vis de l'opinion arabe, c'est un succès pour le Hamas, qui a obtenu la libération de dizaines de prisonniers palestiniens", a-t-il ajouté.

Sur le terrain, le Hamas a profité de la trêve pour élaborer la suite, selon plusieurs spécialistes ou observateurs. Un officiel israélien sous couvert d'anonymat a estimé, jeudi, auprès d'Europe 1, que le mouvement islamiste réparait son système de communications et préparait sa stratégie pour la reprise des combats. Les hommes du Hamas vont tirer profit du fait qu'une importante partie de la population de la bande de Gaza soit repoussée dans le Sud, car ils "ont perfectionné l'art de se fondre dans la population civile et de l'utiliser comme bouclier contre les soldats israéliens", a souligné auprès de France 24 Amnon Aran, spécialiste des conflits entre Israël et le monde arabe à la City University of London.

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