Cet article date de plus de trois ans.

Covid-19 : six questions sur la campagne de vaccination, qui débute dimanche en France

Les premiers Ehpad concernés ne sont pas encore connus. Seule une poignée de résidents commenceront à être vaccinés en fin d'année.

Article rédigé par franceinfo
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 9min
Environ un million de personnes sont concernées par la première phase de vaccination en France.  (JEAN-BAPTISTE PREMAT / HANS LUCAS / AFP)

"Une excellente nouvelle." Alors que l'année 2020 se termine sur une note inquiétante, avec l'apparition d'une nouvelle variante du coronavirus et le regain de contaminations dans certaines régions en France, le lancement de la campagne de vaccination, dimanche 27 décembre, a été salué par les autorités et les professionnels de santé.

>> DIRECT. Covid-19 : suivez l'évolution de l'épidémie de coronavirus 

Mardi 22 décembre, un test logistique grandeur nature de l’acheminement du vaccin Pfizer-BioNTech vers les Ehpad et CHU a été effectué depuis la plateforme de Chanteloup-en-Brie (Seine-et-Marne), en présence d'Olivier Véran, le ministre de la Santé. Comment va se dérouler cette première phase ? Quel public est concerné précisément ? Comment ce déploiement du vaccin va-t-il être contrôlé ? Franceinfo répond à six questions sur cette étape importante dans la lutte contre la pandémie de Covid-19.

>>  Covid-19 : quelles sont les stratégies de vaccination de nos voisins européens ?

1Faut-il attendre l'avis de la Haute Autorité de santé ?

Oui. La Haute Autorité de santé (HAS) doit donner son avis, étape nécessaire avant les premières vaccinations. Elle pourrait se prononcer "dans les prochaines heures ou prochains jours, vraisemblablement d'ici le 26 décembre, peut-être un peu avant", a souligné le ministre de la Santé, Olivier Véran, lors de sa visite à Chanteloup-en-Brie (Seine-et-Marne). Cet avis sera donné "soit le 23, soit le 24" décembre, avait précisé un peu plus tôt le ministère de la Santé à l'AFP.

Egalement sollicité, le Conseil consultatif national d'éthique (CCNE) a, lui, déjà rendu lundi son avis. Il invite en particulier à "faire preuve de vigilance dans le processus de recueil du consentement à la vaccination des personnes vulnérables", à "prendre en compte la diversité des points de vue sur la vaccination" et à "réexaminer constamment" les décisions prises "au vu des nouvelles connaissances".

Par ailleurs, des "réunions de préparation du lancement de la campagne vaccinale se tiendront toute la semaine avant un lancement européen prévu ce dimanche", a indiqué le porte-parole du gouvernement, Gabriel Attal, à la sortie du Conseil des ministres lundi. La France doit se coordonner avec ses voisins européens, après le feu vert de la Commission européenne

2Comment va être sécurisé l'acheminement des premiers vaccins ? 

Un test logistique grandeur nature de l’acheminement du vaccin Pfizer-BioNTech vers les Ehpad et CHU est effectué mardi matin depuis la plateforme de Chanteloup-en-Brie (Seine-et-Marne), en présence d'Olivier Véran. "Dans ces congélateurs, dans quelques jours, arriveront les premières doses du vaccin Pfizer-BioNTech. Elles seront conservées à -80 °C, puis décongelées en chambre froide sécurisée avant de pouvoir être distribuées dans les centres dans lesquels elles vont être prétraitées, avant, enfin, d'être envoyées dans les différents établissements", a expliqué le ministre de la Santé lors d'un point presse.

Olivier Véran en déplacement dans une plateforme logistique de Seine-et-Marne - prise de parole
Olivier Véran en déplacement dans une plateforme logistique de Seine-et-Marne - prise de parole Olivier Véran en déplacement dans une plateforme logistique de Seine-et-Marne - prise de parole


Cet acheminement des vaccins s'effectuera sous haute sécurité. Les transporteurs, tenus à une clause de confidentialité, pourraient n'être autorisés à s'arrêter sur les aires d'autoroutes que quelques minutes, le temps de vérifier la température de leur cargaison très sensible.

Les vaccins seront ensuite répartis dans une centaine de sites de stockage aux emplacements tenus secrets, et placés sous haute surveillance, avant d'être répartis entre les professionnels de santé.

Des précautions qui s'expliquent par plusieurs menaces. "Le vaccin est l'or liquide de 2021. C'est la chose la plus précieuse à distribuer dans l'année à venir. La mafia et d'autres organisations criminelles sont déjà préparées", a prévenu Interpol. Les autorités redoutent également des actes malveillants, des actions d'activistes "anti-vaccins" ou encore des attaques terroristes contre des sites ou des convois. 

3Quels seront les premiers sites concernés par la vaccination ?

Dimanche, les premiers vaccins seront administrés dans "deux ou trois" premiers Ehpad, a indiqué Olivier Véran sur TF1 mardi. L'un d'eux se trouve "pas très loin de Paris" et un autre "du côté de la Bourgogne-Franche-Comté", a précisé le ministre de la Santé, sans donner davantage de détails.

Après le Conseil des ministres, Gabriel Attal avait confirmé que la campagne de vaccination débuterait par les maisons de retraite, pour le personnel et les pensionnaires. "Ce sera un début très progressif", avait précisé auparavant Olivier Véran sur Europe 1. "Nous ne nous précipitons pas (...), c'est une vaccination qui prend le temps de s'assurer que les conditions sont réunies pour que la confiance soit au rendez-vous", a-t-il insisté.

4Combien de personnes cela représente-t-il ?

"Quelques dizaines de résidents" seront vaccinés dimanche, a affirmé Olivier Véran sur TF1. Un chiffre qui devrait atteindre plusieurs centaines de personnes à la fin de l'année. "Le vrai régime de croisière pour une vraie campagne de vaccination globale sur les 7 000 Ehpad, c'est bien entendu en janvier qu'il faut la prévoir", avait indiqué à franceinfo Florence Arnaiz-Maumé, déléguée générale du Synerpa (Syndicat national des établissements et résidences privés pour personnes âgées).

Environ un million de personnes sont concernées par cette première phase, "ce qui correspond aux quantités de vaccins qui nous seront livrées au cours du premier mois", avait précisé le Premier ministre Jean Castex lors de la présentation du calendrier de vaccination.

5Comment le consentement des patients sera-t-il recueilli ?

C'est l'un des aspects les plus délicats. Le vaccin n'est pas obligatoire et les résidents doivent être volontaires. "Nous avons fait le choix en France de prendre le consentement des personnes vaccinées (...) et de faire un examen médical préalable", a rappelé Olivier Véran mardi.

"Nous avons un processus d'accompagnement des résidents et des familles à mettre en place pour obtenir leur consentement", avait détaillé Florence Arnaiz-Maumé, du Synerpa, auprès de franceinfo. Parfois, les patients des Ehpad ne sont pas en capacité de donner leur consentement." "La personne de confiance dans les familles n’est pas forcément d’accord avec les autres membres de la famille, ce sera un vrai défi", observe sur franceinfo Jérôme Marty, président du Syndicat de l’union française pour une médecine libre.

Pour Romain Gizolme, directeur de l'AD-PA, l'Association des directeurs au service des personnes âgées, "il y a une zone d'ombre pour un certain nombre de personnes âgées". Certaines, "en situation de fragilité", ne bénéficient pas d'un représentant légal. "Il va falloir passer beaucoup de temps avec ces personnes pour arriver à recueillir leurs avis et s'assurer qu'il est bien éclairé", relève-t-il sur franceinfo.

6Comment les effets de ces premiers vaccins seront-ils suivis ? 

La "procédure classique" de pharmacovigilance sera "très renforcée", assure sur franceinfo la présidente de l’association des Centres régionaux de pharmacovigilance (CRPV), le docteur Annie-Pierre Jonville-Béra. Les centres régionaux de pharmacovigilance auront pour objectif "d'identifier les effets très rares qui, de par leur rareté, n'ont pas pu être détectés dans les phases précoces de développement, afin de les transmettre rapidement à l'Agence de sécurité du médicament (ANSM)", explique-t-elle.

"Il y aura un lien permanent entre les centres de pharmacovigilance et ces Ehpad pilotes pour que les médecins puissent déclarer en temps réel tous les effets ou suspicions d'effets indésirables qu'ils penseront en lien avec le vaccin, avec en priorité les effets graves", ajoute Annie-Pierre Jonville-Béra

Les patients qui le peuvent, leurs familles, et les personnels soignants vaccinés pourront aussi se déclarer sur le portail des signalements des effets indésirables

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.