Pourquoi François Hollande n'a (presque) pas remanié
Seuls deux nouveaux venus, Ségolène Royal et François Rebsamen, font leur entrée au gouvernement.
"On a changé le bocal, on garde les mêmes cornichons", "du neuf avec du vieux", "un replâtrage", "un jeu de chaises musicales", "plus ça change, plus c'est pareil"... Sitôt l'annonce du nouveau gouvernement faite, les responsables de l'opposition ont ironisé, mercredi 2 avril, sur le manque de renouvellement de l'équipe de Manuel Valls par rapport à celle de Jean-Marc Ayrault. Seuls Ségolène Royal, nommée ministre de l'Ecologie, et François Rebsamen, ministre du Travail, font leur entrée.
> Retrouvez la liste complète du nouveau gouvernement
Francetv info vous explique pourquoi François Hollande a fait ce choix.
Parce qu'il avait promis "une équipe resserrée"
En nommant Manuel Valls à Matignon, lundi 31 mars, le président de la République n'avait pas promis de grands bouleversements. "Ce sera une équipe resserrée, cohérente et soudée. Un gouvernement de combat", avait-il annoncé. Il s'agissait donc davantage de faire partir des ministres plutôt que d'en ajouter. Et, soucieux de limiter les couacs qui ont tant handicapé le gouvernement Ayrault, François Hollande a sans doute voulu privilégier l'expérience.
Parce que les ministres régaliens sont indéboulonnables
La majorité des ministres régaliens (Justice, Défense, Affaires étrangères) sont reconduits. Ministre préféré des Français, Laurent Fabius était l'un des piliers du gouvernement Ayrault. Un temps pressenti pour Matignon, l'homme politique expérimenté a fait savoir, début mars, sur RMC, qu'il ne voulait qu'une chose : rester au Quai d'Orsay.
Jean-Yves Le Drian lui aussi a refusé d'être nommé Premier ministre, comme l'a raconté le Journal du Dimanche. Proche de François Hollande et partisan de la nomination de Manuel Valls, il reste solidement installé rue de Brienne, au ministère de la Défense.
A l'inverse de son homologue de la Défense, Christiane Taubira n'est pas protégée par sa proximité avec le président ou le Premier ministre. Au contraire, elle s'est vivement opposée au second en 2013 sur la réforme pénale, lorsque Manuel Valls était ministre de l'Intérieur. Très populaire à gauche pour son combat pour le mariage homosexuel, son maintien permet à Manuel Valls de contrebalancer son image droitière.
Parce qu'il n'a pas voulu laisser les commandes à Valls
Le faible renouvellement du gouvernement s'explique aussi parce que le Premier ministre n'a pas réussi à placer ses proches. Il a bien tenté de nommer Jean-Jacques Urvoas, député du Finistère et fin connaisseur du monde policier, au ministère de l'Intérieur, expliquait Ouest-France. Mais François Hollande s'y est opposé, défendant la candidature de François Rebsamen. C'est finalement un troisième homme, Bernard Cazeneuve, qui occupera la place Beauvau.
De fait, si une écurie socialiste monte en puissance dans ce nouveau gouvernement, c'est celle de François Hollande. Le maire de Dijon (Côte-d'Or), François Rebsamen, fait son entrée au ministère du Travail. Michel Sapin s'installe au puissant ministère du Budget et devient le premier ministre de Bercy dans l'ordre protocolaire, devant Arnaud Montebourg, ministre de l'Economie.
L'ancien directeur de cabinet du président, Stéphane Le Foll, conserve son portefeuille de l'Agriculture et récupère le poste de porte-parole du gouvernement. Lundi, un proche de Hollande confiait au Parisien : "François n'est pas fou, il va garder un double des clés de la bagnole en mettant des hollandais aux postes stratégiques."
Parce que les écologistes ont dit non
Jean-Vincent Placé, François de Rugy, Barbara Pompili... Après l'annonce du départ des deux ministres Europe Ecologie-Les Verts, Cécile Duflot et Pascal Canfin, de nombreux noms de parlementaires EELV avaient circulé pour les remplacer. Mais le parti a décidé qu'ils ne participeraient pas au gouvernement Valls, même si certains en avaient envie.
Parce que la composition du gouvernement n'est pas terminée
La semaine prochaine, François Hollande nommera un nombre inconnu de secrétaires d'Etat pour compléter le dispositif et occuper les portefeuilles laissés vacants, comme la Santé. Il est probable que le président profite de l'occasion pour nommer de nouveaux venus, issus du Parlement ou de la société civile.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.