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Qui a vraiment gagné les élections municipales ?

Vague bleue et confirmation de la percée bleu marine, la défaite est socialiste mais qui peut vraiment revendiquer la victoire ? Décryptage. 

Article rédigé par Salomé Legrand
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
Le reflet de Marine Le Pen, présidente du FN, dans la vitre de sa voiture, le 19 mars 2014 à Nice (Alpes-Maritimes). (LIONEL CIRONNEAU / AP / SIPA)

Des villes socialistes depuis vingt-cinq, trente, voire cent ans ont basculé à droite, dimanche 30 mars, et la gauche a perdu 171 villes de plus de 9 000 habitants, selon les calculs de francetv info. Le PS a été nettement sanctionné lors du second tour des élections municipales.

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"L'UMP est le premier parti de France", a salué son président, Jean-François Copé. "Il faut désormais compter avec une troisième grande force politique", s'est félicitée Marine Le Pen, la présidente du Front national. Mais qui a vraiment gagné les élections ?

Mathématiquement : l'UMP

Reims (Marne), Limoges (Haute-Vienne), Quimper (Finistère), Saint-Etienne (Loire), Brive-la-Gaillarde (Corrèze), Anglet (Pyrénées-Atlantiques), Bar-Le-Duc (Meuse), Roanne (Loire), Périgueux (Dordogne), Carcassonne (Aude)… La liste des villes qui ont basculé du PS à l'UMP, dont au moins dix de plus de 100 000 habitants, est longue.

L'opposition a recueilli 45,91% des suffrages au niveau national contre 40,57% pour la gauche, selon le ministère de l'Intérieur. Et l'UMP est également en mesure de gêner les maires socialistes dans plusieurs intercommunalités comme à Lille (Nord) ou Lyon (Rhône). La droite a remporté assez de municipalités autour de ces deux grandes villes pour mettre en péril les majorités de gauche dans leurs communautés urbaines.

"Dans de très nombreuses villes, les Français vont voir la différence entre une ville gérée par la droite et une ville gérée par la gauche", promet Jean-François Copé, qui souligne : "Pour la première fois de son histoire, l'UMP [créée en 2002] a gagné une élection locale."

Symboliquement : le FN

Marine Le Pen avait fixé deux objectifs : 1 000 conseillers municipaux et dix à quinze villes FN. Elle a rempli les deux. Après Hénin-Beaumont (Pas-de-Calais) dès le premier tour, le parti d'extrême droite a remporté neuf nouvelles villes, essentiellement dans le Sud-Est comme à Fréjus (Var), Le Luc (Var), Cogolin (Var), Béziers (Hérault), Beaucaire (Gard) et Le Pontet (Vaucluse). Mais aussi à Hayange (Moselle), Villers-Cotterêts (Aisne) et Mantes-la-Ville (Yvelines), sa première ville en Ile-de-France. Le FN a également remporté la mairie du 7e secteur de Marseille (150 000 habitants).

Marine Le Pen a insisté sur "une nouvelle étape pour le FN", qui ne s'était installé que dans quatre hôtels de ville en 1995, lors de sa dernière percée à une élection locale. Avec 1 290 conseillers municipaux élus, le FN bat de peu son record d'alors : 1 249 élus.

"Transformer les bons résultats de la présidentielle de 2012 en bons résultats locaux était un défi difficile à relever pour le parti", note le politologue Stéphane Rozès, qui qualifie de "réussite" la stratégie de la présidente du FN. Cette dernière s'est empressée de confirmer son nouveau positionnement sur l'échiquier politique en exigeant du gouvernement qu'il annonce la "disparition du pacte de responsabilité". Elle oblige ainsi l'UMP à choisir entre soutenir l'exécutif ou la suivre.

A gauche : EELV

Selon les décomptes du ministère de l'Intérieur, Europe Ecologie-Les Verts ne pèse, tout seul, que 0,48% au niveau national au second tour. Mais le parti mené par Emmanuelle Cosse ne sort pas déconfit de ce scrutin municipal.

Son candidat Eric Piolle a renversé la municipalité socialiste aux commandes depuis dix-neuf ans à Grenoble (Isère). A la tête d'une liste réunissant des collectifs citoyens et le Parti de gauche, il a recueilli 40,03% des voix, nettement devant le socialiste Jérôme Safar (27,45%), et devient le premier maire écologiste d'une grande ville.

Mais surtout, EELV a bien négocié son entre-deux tours en imposant des alliances confortables notamment à Nantes (Loire-Atlantique), Lyon et Paris. Dans la capitale, les écologistes ont négocié 16 sièges contre 11 lors de la précédente mandature.

Individuellement : Juppé, Bayrou et quelques barons du PS

Au premier tour, nombre de personnalités UMP avaient assuré leur réélection. Premier d'entre eux : Alain Juppé, réélu à Bordeaux avec 61% des voix. De quoi lui ouvrir la voie au niveau national, avec la présidentielle de 2017 en ligne de mire. Victoire également pour Jean-Claude Gaudin, à qui la gauche espérait ravir la mairie de Marseille, et qui lui inflige un camouflet.

A Pau (Pyrénées-Atlantiques), François Bayrou renaît. Le centriste, qui n'avait plus de mandat depuis juin 2012, remporte près de 63% des voix. Mais, soutenu par l'UMP, il se repositionne à droite de l'échiquier politique, deux ans après son appel à voter pour François Hollande à la présidentielle.

Du côté des socialistes, quelques personnalités sauvent leur peau, comme Martine Aubry à Lille ou François Rebsamen à Dijon. Mais leur victoire, bien en deçà de leurs scores en 2008, a un goût amer.

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