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Quel avenir national pour Juppé ? "Son principal obstacle, c'est lui-même"

Le maire de Bordeaux a été réélu avec 61% des voix. De quoi lui ouvrir un boulevard au sein de l'UMP, selon le politologue Thomas Guénolé.

Article rédigé par Salomé Legrand
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Le maire UMP de Bordeaux (Gironde), Alain Juppé, après sa réélection, le 23 mars 2014. (SERGE POUZET / SIPA)

Il a fait mine de ne pas y toucher, sans oublier d'aborder le sujet. En annonçant sa large réélection à la mairie de Bordeaux (Gironde), dimanche 23 mars, Alain Juppé glisse : "Je laisse libre cours à votre imagination pour commenter la dimension nationale" de ce succès. L'ancien Premier ministre s'est ouvert un boulevard pour être le candidat de l'UMP à l'élection présidentielle de 2017. A certaines conditions. Les explications de Thomas Guénolé, politologue au Cevipof.

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Francetv info : Quelle est la portée nationale de la réélection d'Alain Juppé ? 

Thomas Guénolé : Sa réélection triomphale fait de lui l'un des candidats possibles de l'UMP pour 2017. A fortiori avec les épées de Damoclès judiciaires qui pèsent sur Nicolas Sarkozy

Il n'est pas le seul en course. Comment peut-il s'imposer ?

La stratégie de Nicolas Sarkozy, c'est de mener une précampagne présidentielle, jusqu'à s'autodécréter candidat et outrepasser la primaire. C'est l'approche bonapartiste. François Fillon, lui, a une approche plus légaliste, qui consiste à se présenter à la primaire désormais prévue dans les statuts de l'UMP. Je pense que tous deux font une erreur par rapport à la réalité des pratiques à droite : il faut avoir la main sur le parti pour prendre le pouvoir. 

C'est la fenêtre de tir d'Alain Juppé : s'il veut être le candidat en 2017, il faut qu'il prenne le parti en 2015, quand la présidence sera remise en jeu. Il a même probablement une opportunité plus tôt, en juin 2014. En effet, le FN sera certainement devant l'UMP aux élections européennes. Un 21 avril à l'envers qui devrait ouvrir une crise à la direction de l'UMP. S'il arrive à organiser une révolution de palais, Alain Juppé peut évincer Jean-François Copé et mettre la main sur le parti. 

Quels seront ses obstacles ?

Le principal obstacle d'Alain Juppé, c'est lui-même. Je ne sais pas s'il aura le caractère pour organiser une camarilla [une faction] et prendre la tête du parti. C'est quelqu'un qui a toujours été nommé par Jacques Chirac, nommé Premier ministre, nommé à la tête du RPR, nommé candidat à Bordeaux, ville déjà imperdable à l'époque. Ce n'est pas quelqu'un qui conquiert. D'ailleurs, il ne s'est même pas présenté à la présidence de l'UMP en novembre 2012.

Il a les atouts, il a la légitimité, c'est le plus âgé dans le grade le plus élevé, c'est tout à fait jouable. Mais il faut l'esprit de conquête, il faut qu'il crée son propre appareil, au-delà des réseaux chiraquiens sur lesquels il peut compter, pour récupérer le parti.

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