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Législatives 2022 : les trois premiers chantiers qui attendent la Nupes après le rapprochement des principaux partis de gauche

Initiée avec succès par La France insoumise, la coalition rejointe par EELV, le PCF et peut-être le PS fait face à de premiers défis, à près d'un mois du premier tour du scrutin.

Article rédigé par franceinfo
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Le candidat "insoumis" à la présidentielle, Jean-Luc Mélenchon, s'exprime lors d'un meeting à Lille (Nord), le 5 avril 2022. (ISA HARSIN / SIPA)

En moins d'une semaine, une nouvelle force est née à gauche. Baptisée dimanche 1er mai après l'accord conclu entre La France insoumise et Europe Ecologie-Les Verts, la Nouvelle Union populaire écologique et sociale (Nupes) a été rejointe mardi par le Parti communiste français. Et peut-être bientôt par le Parti socialiste. Ce dernier doit se prononcer jeudi sur l'accord conclu, la veille, par sa délégation au QG des "insoumis".

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En cas de feu vert, les quatre principales formations de gauche pourront se lancer en rang serré dans la campagne des législatives, avec comme objectif partagé de s'imposer et d'envoyer Jean-Luc Mélenchon à Matignon. Voici les défis qui attendent déjà cette coalition inédite, confrontée à ses premiers tests de solidité.

Conclure les derniers accords de la coalition

Avec le PS. Le gros morceau du jeudi 5 mai est bien sûr le conseil national du PS, à 19 heures. Plus de deux semaines après avoir approuvé l'ouverture des tractations avec LFI, les 300 membres du parlement socialiste sont de nouveau convoqués, cette fois pour entériner l'accord de ralliement aux autres forces de gauche. Cette validation "va être une bataille titanesque", selon le porte-parole du parti et chef des négociateurs socialistes, Pierre Jouvet, qui "entend les colères" nées au sein du parti sur le compromis trouvé.

Avec le NPA. Des tractations se poursuivent toujours entre La France insoumise et le Nouveau parti anticapitaliste. Dans un communiqué publié mercredi après-midi, le NPA a désapprouvé la possible intégration du PS à cette coalition. La présence du "parti du social-libéralisme" pourrait être un obstacle rédhibitoire pour la formation de Philippe Poutou, qui dit malgré tout "rechercher un accord". En cas de fumée blanche, un conseil politique national du NPA sera convoqué jeudi soir "en vue de la validation" d'une possible alliance.

Avec d'autres formations ? Fin avril, cinq petits partis de gauche ont annoncé "se rassembler dans la Fédération de la gauche républicaine", dont les candidats aux législatives entendaient "participer aux dynamiques de rassemblement aujourd'hui en œuvre". Ces partis – l'Engagement d'Arnaud Montebourg, la Gauche républicaine et socialiste (GRS) d'Emmanuel Maurel, le Mouvement républicain et citoyen (MRC), la Nouvelle Gauche socialiste (NGS) et les Radicaux de gauche  ont adressé un courrier à l'Union populaire dans l'espoir d'ouvrir des négociations. Jeudi matin, "aucune réponse" n'avait encore été reçue, selon la sénatrice GRS Marie-Noëlle Lienemann, contactée par franceinfo.

Répartir les circonscriptions et gérer les dissidences

Après une possible "photo de famille" réunissant les différents membres de la coalition dès vendredi, le lancement formel de la Nupes est prévu samedi, à Aubervilliers (Seine-Saint-Denis). "Ce qu'on souhaite, c'est présenter tous les candidats officiels de cette Nouvelle Union populaire écologique et sociale, les 577 candidats", a exposé, jeudi, le député "insoumis" Alexis Corbière. "Sans doute que Jean-Luc Mélenchon va prendre la parole, le futur Premier ministre, et on va donner le cap vers la campagne", a-t-il précisé, sourire aux lèvres, sur CNews.

A ce stade, le Pôle écologiste, dominé par EELV, a obtenu 100 circonscriptions, dont une trentaine avec de bonnes chances de victoire. Les socialistes doivent hériter de 70 investitures, avec l'espoir de remporter une vingtaine de sièges à l'Assemblée nationale. Les communistes pourront représenter la Nupes dans 50 circonscriptions, dont 16 jugées prenables. Le NPA, lui, dit s'être vu proposer "5 circonscriptions, non gagnables". LFI aurait alors 352 candidats à présenter dans les derniers territoires.

Avant même l'officialisation de ces investitures, la Nupes fait face à des menaces de dissidences. La présidente socialiste de la région Occitanie, Carole Delga, opposée à l'accord, entend soutenir des candidats PS "sacrifiés" dans le cadre des négociations nationales. "Lorsque nous avons des candidats qui incarnent un projet différent de LFI, nous estimons que nous avons légitimité à les présenter", a-t-elle exposé, mercredi sur France Bleu Occitanie. La maire communiste de Vénissieux (Rhône), Michèle Picard, a aussi choisi de maintenir sa candidature sur ses terres, pourtant attribuées dans le cadre de la Nupes à l'"insoumis" Taha Bouhafs.

Les partis ont déjà mis en garde les candidats tentés par une dissidence. "Chaque formation politique sera engagée à faire respecter cet accord" et "évidemment" à exclure toute personne qui se présenterait face à un candidat investi par la Nupes, a souligné le coordinateur national de La France insoumise, Adrien Quatennens, mercredi sur franceinfo. "Il peut aussi y avoir des recours juridiques, des référés", a-t-il brandi.

Se mettre d'accord sur le "programme partagé"

A ce stade, les quatre accords conclus par La France insoumise avec EELV, le PCF, le PS et, dans une moindre mesure, le mouvement Génération.s sont semblables, mais pas identiques. Sur la question brûlante du rapport à l'Union européenne, le texte signé par EELV mentionne l'éventualité de "désobéir à certaines règles européennes". Mais les socialistes, plus frileux, ont obtenu l'ajout de l'expression "déroger de manière transitoire" aux textes de Bruxelles. Dans un autre dossier sensible, les communistes sont les seuls à avoir paraphé un accord prévoyant "la renationalisation d'EDF, d'Engie, des autoroutes et des aéroports".

Avant une éventuelle harmonisation programmatique, chacun des quatre textes prend soin de préciser que les "objectifs" déjà inscrits dans l'accord "constitueront la base d'un programme partagé de gouvernement de plusieurs centaines de propositions". Le contenu précis des promesses qui apparaîtront dans les documents de campagne des candidats portant la bannière Nupes reste encore à déterminer.

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