Colère des agriculteurs : le point sur les revendications des syndicats après les annonces de Gabriel Attal

Alors que le Premier ministre a annoncé une série de mesures pour apaiser la grogne des agriculteurs, une partie des blocages se poursuivent. Un appel à un blocus de Paris et de Lyon a été lancé.
Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Le Premier ministre Gabriel Attal échange avec des agriculteurs lors d'une visite dans une exploitation maraîchère à Parçay-Meslay (Indre-et-Loire), le 28 janvier 2024. (ALAIN JOCARD / AFP)

Toujours en colère, les agriculteurs continuent à maintenir la pression. Malgré les annonces de Gabriel Attal, la Fédération nationale des syndicats d'exploitants agricoles (FNSEA), les Jeunes Agriculteurs (JA) et la Confédération paysanne ont appelé vendredi à poursuivre leur mobilisation. "Ce qu'il nous faut, c'est des décisions dont on sent qu'elles changent le logiciel", a déclaré Arnaud Rousseau, s'exprimant dimanche 28 janvier d'un barrage installé sur l'A16 près de Beauvais (Oise).

Le président de la FNSEA a également exhorté le gouvernement à "aller beaucoup plus loin" pour satisfaire les demandes de la profession. "Tant que ces demandes ne seront pas satisfaites, la mobilisation sera totale", a-t-il prévenu. Alors que les agriculteurs promettent un "siège" de Paris et de Lyon, lundi, franceinfo fait le point sur les revendications qui continuent d'être portées par les syndicats.

Un soutien accru à la trésorerie des agriculteurs

Malgré l'annulation de la hausse de la fiscalité sur le gazole non routier par l'exécutif, une partie des agriculteurs considère que leur trésorerie n'est pas assez soutenue par les pouvoirs publics. La présidente de la Coordination rurale, Véronique Le Floc'h, rappelait mardi auprès de franceinfo, après un entretien à Matignon, que malgré leurs heures de travail, les agriculteurs n'arrivaient plus "à couvrir leurs coûts de productions", et que la "détresse financière touchait aujourd'hui 40% des exploitations". 

Parmi les principales revendications du syndicat, la mise en place d'une année blanche, avec le report des remboursements de crédits contractés par les agriculteurs. Une mesure pour l'heure non retenue par l'exécutif. "Depuis ces annonces, il [Gabriel Attal] n'est pas revenu vers les syndicats que nous sommes. La Coordination rurale n'a pas eu de contact avec lui, ce qui est signe de mépris", a déploré Véronique Le Floc'h, présidente de Coordination Rurale France dimanche sur CNews.

 Une fiscalité plus avantageuse pour les jeunes agriculteurs

Dans un communiqué commun (document PDF) transmis mercredi au gouvernement, synthétisant leurs revendications, la FNSEA et les Jeunes Agriculteurs ont également indiqué vouloir "insister sur les mesures fiscales/sociales liées à l'installation et à la transmission". De quoi œuvre "en faveur du renouvellement des générations", selon eux.

"Ça me rend dingue d'entendre qu'il y a des jeunes agriculteurs qui attendent le versement de leur aide à l'installation depuis un an, voire plus", a réagi dimanche Gabriel Attal auprès des agriculteurs.

"On va tout accélérer", a-t-il promis, ajoutant que cette accélération valait aussi sur les aides financières européennes versées dans le cadre de la Politique agricole commune. 

Un assouplissement sur l'usage de pesticides

Dans le même document, les deux principaux syndicats agricoles réclament l'abandon des plans Ecophyto, visant à réduire de moitié l'usage des pesticides à l'horizon 2030. "Il faut qu'on vous donne plus de marge de manœuvre" a concédé Gabriel Attal dimanche matin. "Ce n'est pas normal que vous soyez empêchés d'utiliser certains produits (…) mais que des pays voisins les utilisent et que [leurs produits arrivent] chez nous".

Des mesures "supplémentaires" contre la concurrence déloyale

Rejoignant les critiques émises par plusieurs personnalités écologistes et de gauche, les agriculteurs reprochent enfin au gouvernement de ne pas avoir fait suffisamment de propositions pour lutter contre la concurrence étrangère jugée déloyale. "On a une production française, et en face, une concurrence d'autres pays avec une alimentation qui n'est pas produite avec les mêmes règles, loin de normes qui sont imposées à notre agriculture", avait déploré Arnaud Gaillot, président des Jeunes Agriculteurs, lundi sur France 2, prenant l'exemple de l'exemption des droits d'importation sur les volailles ukrainiennes en Europe.

"L'Ukraine n'a pas les mêmes règles de production que nous (...) Or en France, 50% des poulets consommés ne sont pas d'origine française, et beaucoup viennent d'Ukraine", a-t-il illustré. La FNSEA et les JA réclament ainsi à l'exécutif un "refus clair des accords de libre-échange".

"Je sais bien que, à travers ces premières mesures [annoncées vendredi], on n'a pas répondu encore à tout ce que je viens d'évoquer et ce qui constitue le malaise et le mal-être de nos agriculteurs aujourd'hui. Et je suis résolu à avancer, avancer résolument, à avancer vite", a réagi le Premier ministre dimanche à La Riche (Indre-et-Loire). "Je veux qu'on clarifie les choses et qu'on voie les mesures que l'on peut prendre, supplémentaires, sur ces histoires de concurrence déloyale", a-t-il ajouté lors de son déplacement, le deuxième en trois jours.

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