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Témoignages "Ils sont prêts à envoyer n'importe qui au champ de bataille" : un concours exceptionnel pour titulariser des enseignants contractuels dans des académies qui peinent à recruter

Les inscriptions s'ouvrent ce mercredi. Le concours aura ensuite lieu en mai prochain avec, à la clé, 370 postes dans les académies de Créteil, Versailles et de Guyane. Ce dispositif est nécessaire selon Éric et Jérémy, deux contractuels débordés par le rythme de travail.
Article rédigé par Noémie Bonnin
Radio France
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Des élèves de CM2 d'une école de Nancy (image d'illustration). (ALEXANDRE MARCHI / L'EST REPUBLICAIN)

L'Éducation nationale veut fidéliser ses enseignants contractuels, avec un concours exceptionnel pour devenir professeur des écoles titulaire le 3 mai prochain. Les inscriptions ouvrent mercredi 1er mars dans les trois académies qui peinent le plus à recruter. Il y aura 200 postes disponibles dans l'académie de Créteil, 120 postes dans celle de Versailles et 50 postes en Guyane.

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"Je vais me lancer, ne serait-ce que pour la sécurité de l'emploi et pour pouvoir accéder à des postes qui sont plus intéressants que du remplacement ponctuel dans des écoles", explique Éric, un ancien comédien de 55 ans devenu contractuel il y a deux ans après une reconversion. Celui qui enseigne dans une classe de CE2 à Créteil répond aux critères : être contractuel depuis au moins un an et demi, dans le primaire de l'une des trois académies concernées, et avoir un diplôme au moins de niveau BAC+2.

Un concours chaque année jusqu'en 2026

L'enseignant va donc bientôt bucher son concours mais ce n'est pas simple de trouver du temps disponible, en plus de la préparation de ses cours. "Le métier d'enseignant est très chronophage. Déjà, les soirées de la semaine, j'ai tendance à finir après 23 heures tous les jours... Il faut vraiment préparer les séquences."

Avec ce concours, le ministre Pap Ndiaye veut pallier la pénurie de profs dans les établissements scolaires, et éviter les déperditions en août, quand les contrats se terminent. Aujourd'hui, l'Éducation nationale compte 35 000 enseignants contractuels, dont 4 500 nouveaux, recrutés en septembre dernier. Dans les écoles primaires, cela représente 1% des effectifs.

"Ils ont tellement de trous qu'ils sont prêts, pour combler les trous, à envoyer n'importe qui au champ de bataille."

Jérémy, enseignant en Seine-Saint-Denis

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Certains contractuels jettent l'éponge après quelques mois, voire quelques jours, mais Jérémy, lui, s'est accroché. Il travaille cette année en Seine-Saint-Denis, dans trois établissements et niveaux différents. "Ils ont tellement de trous qu'ils sont prêts, pour combler les trous, à envoyer n'importe qui au champ de bataille, témoigne l'enseignant qui se souvient des premiers mois très compliqués. Pendant la Première guerre mondiale, on envoyait des gens hors de la tranchée et on regardait ceux qui survivaient à la fin, je le vois comme ça. Il y a zéro formation, on vous met sur des classes très difficiles. Par exemple, j'ai une classe avec deux élèves autistes, mais je n'ai aucune AESH (accompagnant des élèves en situation de handicap, ndlr) sur un double niveau, CP-CE1. S'il n'y a pas un minimum d'expérience, ça peut rapidement partir en vrille."

Le concours de professeur des écoles permet d'accéder à la sécurité de l'emploi mais, pour autant, certains contractuels n'ont pas envie de le passer, pour garder une certaine liberté dans le lieu d'affectation. Une fois fonctionnaire, il n'y a plus de marge de manœuvre. L'Éducation nationale prévoit d'organiser en tout quatre concours exceptionnels de ce type, un par an, jusqu'en 2026.

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