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Reportage "On a besoin d’eux" : au salon de l'emploi de Paris, les rectorats continuent de recruter des professeurs contractuels

Les académies n'ont pas le choix : pour avoir un enseignant devant chaque classe à la rentrée, elles doivent recruter des contractuels. Exemple au salon de l'emploi de Paris avec le rectorat de Versailles, un de ceux qui comptent le plus de contractuels.
Article rédigé par Thomas Giraudeau
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3 min
Bruno, titulaire d'un master d'école d'ingénieur, intéresse beaucoup Isabelle Coelho, de l'académie de Versailles, en manque de professeurs de physique-chimie. (THOMAS GIRAUDEAU / RADIO FRANCe)

Il faudra encore recruter de nouveaux professeurs contractuels en septembre 2023. Le ministre de l'Education nationale Pap Ndiaye l'a avoué en dévoilant sur franceinfo début décembre le nombre de candidats inscrits aux concours enseignants. Il est en légère hausse par rapport à 2022, mais pas de quoi pourvoir tous les postes enseignants à la rentrée prochaine. 

TÉMOIGNAGES >> "Un saut dans le vide" : comment les nouveaux contractuels dans l'éducation ont-ils vécu leurs premières semaines de classe ?

En 2022, 3 700 postes n'ont pas été pourvus dans le public, 300 postes dans le privé à l'issue des concours. Les académies veulent anticiper dès maintenant l'embauche de nouveaux contractuels. Plus de 7 000 néo-enseignants ont déjà été recrutés depuis la rentrée 2022. Le rectorat de Versailles tente d'attirer des candidats vendredi 10 février lors d'un salon pour l'emploi organisé porte de la Villette, à Paris.

"On est quand même dans la bienveillance"

Si le métier d’enseignant connaît une crise des vocations, le stand de l’académie francilienne, lui, ne désemplit pas. À la mi-journée, une quarantaine de candidats potentiels sont déjà venus se renseigner : "En quelle discipline souhaitez-vous candidater ?", demande une recruteuse. "J’ai fait de la philosophie, et là je suis en sciences politiques. Donc plutôt philosophie ou histoire-géographie", répond Charles. Ce jeune homme de 23 ans est intéressé par l’enseignement. Alors, pourquoi ne pas commencer comme contractuel ? 

"Le passage par le statut de contractuel dans un premier temps et puis après voir comment ça se passe. C’est vrai qu’on entend pas mal de choses là-dessus. Que le milieu de l’enseignement est rude. Je suppose que oui. Je veux tâter le terrain et en fonction de ça, je me fais mon avis."

Charles, 23 ans

à franceinfo

Ce n'est pas forcément un engagement à long terme, mais en face de lui, Isabelle Coelho s’en contente. "On est quand même dans la bienveillance, on a besoin d’eux, développe la responsable du recrutement des contractuels en collège-lycée dans l’académie de Versailles. Le passage par le contractuel peut être un mode d’accès à ce métier. Mais bon, on va réussir à remotiver tout le monde pour s’inscrire au concours."

"J’ai encore des besoins de suppléance"

Mais les concours cette année 2023 ne font pas le plein. Il y a à peine 10% de candidats en plus pour devenir professeur des écoles titulaires, 3% en plus en collège-lycée, par rapport à 2022. Une année catastrophique dans le recrutement. Pour combler la pénurie en 2022, l’académie de Versailles a recruté 800 nouveaux contractuels, sans expérience d’enseignement. À noter que cela représente 1% des enseignants de l'académie. Elle devra sûrement en réembaucher plusieurs centaines pour la rentrée prochaine et même dès maintenant, insiste Isabelle Coelho : "J’ai encore des besoins de suppléance. On a des professeurs qui s’absentent pour diverses raisons, et il faut les remplacer. J’ai des disciplines où j’ai toujours des besoins comme la physique-chimie, la technologie, l’éducation musicale."

Cela tombe bien pour Bruno avec son master d’école d’ingénieur en poche, le jeune homme veut essayer l’enseignement en physique-chimie. "Depuis toujours, c’est un truc qui pour moi fait sens, confie Bruno. Transmettre des connaissances, c’est merveilleux."  Il a donné pendant plusieurs années des cours de soutien scolaire, en mathématiques, en physique-chimie, mais aussi en français, en parallèle de ses études. Son profil est tellement recherché qu’il a déjà un entretien au rectorat de Paris alors qu’il n’est même pas arrivé au bout de la procédure de candidature sur Internet.

"Il y a une petite peur qu’on confie des classes à n’importe qui. Mais bon, j’espère que ce n'est pas ça."

Bruno

à franceinfo

Pour tenter de rassurer, l’académie de Versailles précise que beaucoup de candidats sont recalés, lors de l’entretien de recrutement avec des inspecteurs. Le rectorat prévoit aussi une formation de quatre jours pour les nouveaux contractuels avant la rentrée scolaire. Ils sont également suivis par un tuteur enseignant dans leurs établissements d'affectation ainsi que par des inspecteurs. 

au salon de l'emploi de Paris, les rectorats continuent de recruter des professeurs contractuels - le reportage de Thomas Giraudeau

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