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Carte De Paris à Toulouse en passant par Rennes, la liste des universités perturbées s'allonge de jour en jour

Etablissement par établissement, franceinfo fait le point sur les universités perturbées par le mouvement de colère contre la réforme de l'accès à l'enseignement supérieur.

Article rédigé par franceinfo - Juliette Campion
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 11 min
Des étudiants bloquent l'accès à l'université Paris 1 Tolbiac, le 29 mars 2018, pour s'opposer à loi Vidal votée le 15 février 2018.  (ALPHACIT NEWIM / CROWDSPARK)

C'est un mouvement qui prend chaque jour de plus en plus d'ampleur dans le pays. Depuis plusieurs semaines, les blocages d'universités se propagent partout en France pour protester contre la loi Orientation et réussite des étudiants (ORE), adoptée le 15 février à l'Assemblée nationale. Les bloqueurs dénoncent une "sélection déguisée". Ils sont parfois rejoints dans leur mouvement par des enseignants qui appellent au boycott de la nouvelle plateforme Parcoursup.  

Quatre facultés sont à ce jour totalement bloquées, selon le dernier décompte réalisé mercredi 18 avril par le ministère de l'Enseignement supérieur. Il s'agit de Paul-Valéry à Montpellier, de Jean-Jaurès à Toulouse, de Rennes 2, et de Tolbiac à Paris. Franceinfo vous résume la situation, établissement par établissement. 

Université Paul-Valéry de Montpellier 

A Montpellier (Hérault), l'université Paul-Valéry est bloquée depuis la mi-février. Mais les forces de l'ordre pourraient de nouveau intervenir. Le tribunal administratif a en tout cas ordonné aux occupants, mercredi 18 avril, de "libérer les lieux sans délai". Le cas échéant, le président de l'université pourra "procéder d'office à leur expulsion". La justice a, par ailleurs, confirmé que certains examens pourraient se dérouler à distance. 

La situation sur place est sensible après les événements survenus dans la nuit du 22 au 23 mars. Ce soir-là, des étudiants occupant les locaux de la faculté de droit ont été agressés par un commando armé composé d'une douzaine d'hommes cagoulés. Plusieurs jeunes ont dû être hospitalisés. Les locaux avaient rouvert quelques jours plus tard, mardi 3 avril. 

>> Provocations, rivalités et extrême droite : comment la fac de droit de Montpellier a basculé dans la violence en une nuit

Mercredi 11 avril, nouvel incident. La salle des des serveurs de l'université a été "vandalisée par un groupe d'individus" déplore le ministère de l'Enseignement supérieur dans un communiqué. Malgré les blocages, le président de l'université avait commencé à organiser des examens via la plateforme numérique Moodle. Mais une "trentaine d'individus" a forcé la porte du local contenant les serveurs informatiques. Au lendemain de ce "sabotage", le président de l'université estimait que la "ligne rouge" était franchie. Sur place, la situation était tendue comme le montre ces images de France Bleu Hérault. 

Université Jean-Jaurès de Toulouse 

Le blocage de l'université Jean-Jaurès, qui a débuté le 6 mars à Toulouse (Haute-Garonne), a été reconduit jusqu'au lundi 30 avril. En réalité, la mobilisation sur place a débuté dès la mi-décembre, en raison d'un projet du gouvernement qui visait à fusionner plusieurs facultés de la ville. Mardi 20 mars, le président de l'université a été démis de ses fonctions par la ministre de l'Enseignement supérieur, Frédérique Vidal, en raison de ces "plusieurs mois de blocage".

D'après Actu.fr, le blocage entraîne des retards dans le versement des bourses aux étudiants en Erasmus, les bureaux des relations internationales étant inaccessibles. En attendant, l'administration continue de travailler sur l'organisation des examens. Ils ont été reportés à la première quinzaine de juin et à début septembre pour les rattrapages. "Quant à savoir quelle forme ils prendront, rien n'est arrêté pour l'instant, rapporte La Dépêche du Midi. Si le site est toujours bloqué, ils pourraient se dérouler sur internet." 

Université de Rennes 2

A l'université de Villejean à Rennes (Ille-et-Vilaine), le blocage a aussi été reconduit jusqu'au 30 avril. C'est ce qu'ont décidé, mercredi 18 avril, les 3 000 étudiants réunis en assemblée générale. Sur place, les étudiants peuvent compter sur un soutien fort, celui de leur président Olivier David dans un texte publié sur le site internet de la faculté. 

Malgré la mise en œuvre vertueuse du dispositif qu'elle a jusqu'à ce jour promue, l'équipe de direction entend les contestations qui s'expriment dans l'établissement.

Olivier David, président de Rennes 2

sur internet

Prévue initialement du 30 avril au 5 mai, la tenue des examens semble très compromise désormais. Dans ses colonnes, Ouest France raconte qu'une enseignante de l'université rennaise a fait passer des oraux dans un café du centre-ville, faute de pouvoir accéder aux bâtiments universitaires.

Université de Saint-Denis (Paris 8) 

Les étudiants de la faculté de Saint-Denis (Paris 8) ont voté le blocage mardi 3 avril pour manifester leur mécontentement contre la loi sur l'entrée à l'université. Une première échéance approche : vendredi 20 avril au soir, les locaux doivent théoriquement fermer pour une semaine de vacances. La coordination nationale étudiante appelle à une assemblée générale les samedi 21 et dimanche 22 avril sur place, rapporte France Bleu.

Les deux autres sites de Paris 8 (l'IUT de Montreuil et de Tremblay-en-France), ne sont pas concernés, précise la direction. 

Université de Tolbiac (Panthéon-Sorbonne, Paris 1)

Située dans le sud-est de Paris, la faculté de Tolbiac est devenue en trois semaines d'occupation, l'un des points chauds du mouvement contre la réforme de l'entrée à l'université. Occupée depuis le 26 mars, les étudiants ont voté le blocage du site jusqu'au 21 avril. Les locaux sont occupés jour et nuit, comme l'a constaté notre journaliste, et aucun cours ne peut avoir lieu. 

Dans une interview à CNews mardi 17 avril, le président de l'université, Georges Haddad, a évoqué "un vrai capharnaüm" sur place.

J'ai du mal à le décrire [le site] tellement je suis consterné par l'état du centre, un vrai capharnaüm. La violence, la drogue, le sexe même. On me l'a dit, et je crois que c'est vrai, il se passe des choses qui sont indignes.

Georges Haddad, président de l'université Panthéon-Sorbonne

sur CNews

Mercredi 11 avril, Georges Haddad affirmait avoir "demandé au préfet de police son concours pour rétablir le fonctionnement habituel du centre." La préfecture de police a aussi démenti, affirmant avoir bien reçu une demande d'intervention après des violences dans la nuit du 6 au 7 avril pour lesquelles six suspects seront jugés en septembre. Mais la préfecture précise dans son communiqué ne pas avoir donné suite et qu'aucune nouvelle demande ne lui avait été adressée. 

Trois autre universités franciliennes perturbées ainsi que l'EHESS 

Outre les sites de Tolbiac et de Paris 8, ceux de Clignancourt (Paris 4), Nanterre (Paris 10) et Censier (Paris 3-Sorbonne Nouvelle) sont également perturbés.

Jeudi 12 avril au soir, les forces de l'ordre sont intervenus pour expulser les étudiants qui se trouvaient à l'intérieur de la Sorbonne. D'après le cabinet du recteur, les étudiants réunis en assemblée générale avaient voté "l'occupation" du site. "Après trois heures de négociations infructueuses", le recteur a requis l'intervention de la police, "à regret" précise-t-il.

A Nanterre (Hauts-de-Seine), une assemblée générale a voté la reconduction du blocage jusqu'à mardi 17 avril. Les 200 participants ont aussi demandé la démission du président, ainsi que l’annulation des examens et l’attribution d’une note de "20/20 politique". 

L'Ecole des hautes études en sciences sociales (EHESS) est également bloquée depuis mardi 10 avril, en solidarité au mouvement étudiant, mais également pour soutenir la ZAD de Notre-Dames-des-Landes en cours d'évacuation. 

A Paris 3, le campus Censier est perturbé par les étudiants depuis le 9 avril. 

Université de Bordeaux-Montaigne, site de la Victoire

Un amphithéâtre du site de la Victoire, situé en plein centre de Bordeaux (Gironde), est occupé depuis le 9 mars par des étudiants. Deux entrées du site sont accessibles mais les cours ont été transférés dans d'autres bâtiments. Via la page Facebook "Bordeaux, casse ta sélection", certains étudiants grévistes réclament la démission du président de l'université et que les promotions touchées par les perturbations liées à la mobilisation obtiennent "la note de 15 au minimum afin que les étudiants ne soient pas pénalisés dans leurs études".

Les enseignants de l’université se sont récemment joints à la contestation et ont manifesté pour dire non à Parcoursup.

Université de Nantes

Une assemblée générale doit se tenir jeudi 19 avril dans la matinée. Une grande partie du campus du Tertre est bloqué depuis le 3 avril. D'après France Bleu Loire Océan, 250 étudiants se sont réunis mardi 10 avril pour voter "le blocage des examens" et "la validation automatique du semestre" pour tous les étudiants.

Jeudi 12 avril, 500 étudiants et lycéens ont manifesté dans le centre-ville.

Campus de lettres et sciences humaines à Nancy

Entamé le 22 mars, le blocage est toujours en cours à la faculté de lettres et de sciences humaines de Nancy. Les cours qui devaient reprendre mercredi 10 avril sont toujours suspendus en raison d'"un risque majeur de confrontation entre étudiants", a annoncé l'université. 

Agacés par une situation qui s'enlise, trois étudiants ont saisi mardi 17 avril en référé le tribunal administratif pour obtenir de la présidence la levée du blocage du campus.

Campus d'arts, lettres et langues, sciences humaines et sociales à Metz

A quelques kilomètres de là, autre blocage. Celui du campus d'arts, lettres et langues de la faculté de Metz. La présidence doit organiser, jeudi 19 avril, un vote électronique pour demander aux étudiants du campus de se prononcer sur la suite à donner au mouvement de protestation.

Université Lumière Lyon 2 

Les étudiants ont commencé à agir à l'université de Lyon 2 le 3 avril, en occupant un amphithéâtre. Le campus des berges du Rhône, fermé depuis le 8 avril, a été évacué par les forces de l'ordre le 9 avril. 

Universités de Lille 2 et Lille 3 

A Lille (Nord), le site est partiellement occupé, mais pas bloqué pour autant. Une nouvelle assemblée générale est organisée jeudi 19 avril. La coordination étudiante appelle au "boycott de leurs examens écrits et oraux" et réclame un minimum de 12/20 à leurs examens, d'après France 3 Hauts-de-France

Jeudi 19 avril, c'est au tour de Science Po Lille d'entrer dans le mouvement. Ses accès sont bloqués et les cours perturbés.

Université de Rouen 

Depuis le 28 mars, des étudiants bloquent des bâtiments de l'université de Rouen (Seine-Maritime). Le président de l'université a décidé de la fermeture administrative du campus principal de Mont-Saint-Aignan jusqu'au 21 avril. Une décision motivée par "les menaces d'une extension des blocages et face au risque accru de débordements", explique l'université.

D'après France 3, des "professeurs et employés de l'administration ont affirmé leur soutien aux étudiants. Ils estiment que ces réformes dégradent l'enseignement public."

Université de Strasbourg

Lors d'une consultation électronique organisée par la direction de l’université de Strasbourg mercredi 18 avril, 71,88 % des étudiants se sont déclarés pour la fin du blocage qui dure depuis trois semaines. Sur les 51 000 étudiants, 16 272 ont répondu à ce vote. 

Le président Michel Deneken espère un rapide retour à la normale. "Ce vote est un signe fort de votre attachement à ce que l’université reste un lieu ouvert, un lieu d’expression respectueuse de toutes les opinions, un lieu de liberté et de discussion, où l’on débat sans contrainte", écrit-il dans un communiqué.

Université de Marseille 

La faculté des sciences Saint-Charles, à Marseille (Bouches-du-Rhône) est toujours perturbée. Les cours sont en partie annulés ou transférés sur un autre site, celui de Luminy. Réunis en assemblée générale, personnels et enseignants de l'université ont voté, mardi 17 avril, une motion de soutien à la mobilisation étudiante. 

Sciences Po Paris

La protestation s'est étendue mercredi 18 avril à Sciences Po Paris. L'accès au bâtiment principal a été fermé dans la matinée "par mesure de sécurité" par la direction, en raison de l'occupation d'une partie de l'établissement. "Les cours qui y étaient prévus ont été reprogrammés ailleurs", a-t-elle précisé.

Le directeur de Sciences Po Paris annonce, jeudi 19 avril, vouloir organiser une "consultation en ligne". Cette dernière doit "permettre à l'ensemble de nos communautés [enseignants, étudiants, personnels] de s'exprimer" sur le blocage en cours. Aucune date n'a été fixée pour le moment.

Université d'Avignon

Par crainte d'occupation de salles, le président de l'université d'Avignon et des pays de Vaucluse a décidé, mercredi 18 avril, de fermer administrativement les deux sites de l'université. Et ce jusqu'au lundi 23 avril. Les cours et les examens sont annulés. 

Opposés à la nouvelle plateforme Parcoursup, des enseignants de la faculté ont choisi de démissionner, mercredi 18 avril, de la commission qui doit sélectionner les futurs étudiants. Plus de 1 200 dossiers ont été adressés pour seulement 200 places.

Université de Grenoble-Alpes

Les occupations à l'université de Grenoble (Rhône-Alpes) remontent au 5 avril. Actuellement, plusieurs bâtiments sont bloqués. Le président de l'université doit organiser un vote électronique d'ici à la fin de cette semaine pour connaître l'avis des étudiants, mais aussi du personnel. 

Université de Nice

Le site de Valrose, un des sites de l'université de Nice (Alpes-Maritimes), est régulièrement le théâtre d'opérations coups-de-poing. Dernière en date, jeudi 19 avril dans la matinée, "une dizaine d'étudiants ont bloqué l'entrée de la faculté, rapporte France 3A l'aide de barrières et de poubelles, ils barrent tous les accès au site." 

L'université déplore ce nouveau blocage et rappelle être ouverte au dialogue sur tous les sujets avec les étudiants et les personnels de la faculté.

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