Guerre en Ukraine : quelles sont les vraies raisons de l'invasion russe ? Le Vrai du Faux Junior
Dans le Vrai du Faux Junior cette semaine, les questions des élèves sur les raisons invoquées par Vladimir Poutine derrière l'invasion de l'Ukraine par la Russie.
Le Vrai du Faux Junior, c'est le rendez-vous de décryptage et de vérification de l’information réalisé cette semaine avec les élèves des collèges Emile-Zola à Igny (Essonne) et Pablo Picasso à Montesson (Yvelines). Cette semaine, on s'intéresse aux différents arguments évoqués par Vladimir Poutine, pour expliquer l'invasion russe en Ukraine. Dénazifier le pays ? Réformer l'URSS ? Se protéger de l'OTAN ?
Eric Biegala, grand reporter à la rédaction internationale de Radio France répond aux questions des élèves.
Vladimir Poutine a-t-il donné les vraies raisons de l'invasion de l'Ukraine ?
Chloé s'interroge sur la sincérité de Vladimir Poutine quand il justifie l'invasion de l'Ukraine par la Russie : "Est-ce vrai que Poutine ne donne pas les vraies raisons de son invasion ?"
Eric Biegala lui répond d'abord que Vladimir Poutine ne donne pas les vraies raisons de son invasion "parce qu'il ne dit pas que c'est une invasion, il dit que c'est une opération militaire." En Russie, on ne parle pas de guerre et quand Vladimir Poutine donne des raisons pour justifier cette "opération militaire", elles sont "floues, il parle de dénazification de l'Ukraine" et "il dit vouloir démilitariser l'Ukraine", souligne Eric Biegala.
"Toutes ces affirmations sont fausses" rappelle le grand reporter à la rédaction internationale de Radio France, "Il n'y a ni régime nazi, ni armée surpuissante en Ukraine aidée par l'OTAN comme Vladimir Poutine le suggère."
Pour Eric Biegala, "les raisons manifestes de son invasion sont simples, même s'il ne le dit pas ouvertement, il veut prendre le pays, le mettre à la remorque de la Russie qu'il commande."
Est-ce que, comme l'affirme Vladimir Poutine, il y a des nazis en Ukraine ?
Gabriel se demande "s'il y a des nazis en Ukraine", comme l'affirme Vladimir Poutine pour justifier son invasion de l'Ukraine. Selon Eric Biegala, c'est "totalement faux". Le grand reporter à la rédaction internationale de Radio France confirme néanmoins que c'est la première des propagandes du président russe qui continue de dire que "l'Ukraine est complètement dominée par des nazis".
Eric Biegala nous explique que l'Ukraine est "un régime démocratique, très proche d'une démocratie occidentale, le président ukrainien, Volodimir Zelenski, est lui-même juif et on a du mal à imaginer comment des juifs pourraient être des nazis."
Il ajoute que "le ministre de la Défense ukrainienne est également juif et qu'il reste une communauté juive relativement importante en Ukraine." Enfin, Eric Biegala rappelle que "les juifs d'Ukraine ont été très largement assassinés par les nazis dans les années 40."
Pour autant, il est vrai qu'il y a "comme dans toutes les démocraties des petits partis d'extrême droite qu'on pourrait appeler néo-nazis, même s'il faudrait plutôt les définir comme ultra-nationalistes" développe Eric Biegala, qui ajoute "qu'ils ne représentent pas grand chose, entre 3 et 5% aux élections."
Vladimir Poutine essaie-t-il de reformer l'URSS?
La façon dont l'histoire est utilisée et parfois réécrite à l'occasion d'un conflit ne rend pas les choses simples à comprendre pour les collégiens et lycéens. Louane se demande "si c'est vrai que Vladimir Poutine veut reformer l'URSS".
Pour Eric Biegala, "c'est quelque chose qui doit être quelque part dans l'esprit de Vladimir Poutine, qui a regretté publiquement la fin de l'URSS et qui a dit a plusieurs reprises que sa disparition, en 1991, avait été l'un des plus grands séismes géopolitiques du 20e siècle." Il rappelle, à ce propos, que "le président russe a lui-même passé une grande partie de sa vie dans cette URSS en tant que fonctionnaire des services secrets, le KGB."
Pour Eric Biegala, c'est "difficile d'affirmer que Vladimir Poutine a véritablement l'ambition de recréer l'URSS, mais il semble quand même vouloir récupérer des terrtoires qui appartenaient à cet ancien empire soviétique."
Existe-t-il une liste des pays que Vladimir Poutine souhaite annexer ?
En complément de la question de Louane sur les ambitions de Vladimir Poutine dans l'Est de l'Europe, Anaïs se demande "s'il est vrai que le président de la Russie a une liste des pays qu'il veut annexer".
Eric Biegala précise qu'il est évidemment compliqué d'être informé d'une "liste secrète de pays que Vladimir Poutine souhaiterait annexer." Néanmoins, il pointe le fait que lors d'une émission en direct à la télévision biélorusse, le président Alexandre Loukachenko, allié principal de Vladimir Poutine, "a fait une présentation du plan d'attaque sur l'Ukraine". "Sur ce plan d'attaque, on voyait très bien les offensives qui sont en cours et on voyait aussi une offensive russe qui est, semble-t-il, en préparation et qui viserait la Moldavie, pays coincé entre la Roumanie et l'Ukraine et qui serait le prochain objectif de l'armée russe si toutefois elle arrivait à prendre l'Ukraine dans sa totalité, ce qui n'est pas encore le cas."
Comment la population russe perçoit cette guerre en Ukraine ?
Chloé se demande "si c'est vrai que la majorité de la population en Russie soutient les actions en Ukraine de Vladimir Poutine ?"
Pour Eric Biegala, "c'est difficile à dire car la population russe est très mal informée sur ce conflit." Il rappelle que "les médias d'État russes colportent ce laïus selon lequel c'est une opération militaire, certes, mais à des fins de dénazification, donc les gens qui regardent la télévision sont souvent convaincus que c'est le cas."
Mais Eric Biegala remarque aussi "que pour la première fois depuis 2012, il y a eu des manifestations de rue, à Moscou et à Saint Pétersbourg, les deux principales villes de Russie, avec des milliers de manifestants qui ont protesté contre cette guerre."
Pour le grand reporter de la rédaction internationale à Radio France c'est le signe "qui il y a très probablement une résistance assez forte parmi la population russe qui en général connaît assez bien la population ukrainienne et sait très bien qu'il n'y a pas de nazis à la tête du gouvernement."
Autre symbole de cette résistance, cette journaliste russe, Marina Ovsiannikova, qui est apparue, en direct, sur le plateau du principal programme d'information du soir de la plus puissante chaîne télévisée de Russie, dimanche 13 mars, avec une pancarte sur laquelle on pouvait lire "Non à la guerre. Ne croyez pas à la propagande. On vous ment ici".
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