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Le débrief politique. Les 1er-Mai ne se ressemblent pas

Un 1er-Mai à la tribune pour Jean-Marie Le Pen, en hommage pour Emmanuel Macron, en larmes pour Jean-Luc Mélenchon... Tout ce qu'il ne fallait pas rater dans l'actualité politique de lundi 1er mai avec Yael Goosz.

Article rédigé par franceinfo, Yaël Goosz
Radio France
Publié
Temps de lecture : 5min
Les défilés du 1er-Mai en 2002 à Paris (gauche) et 2017 à Rennes (droite). (JOEL ROBINE / DAMIEN MEYER / AFP)

1er-Mai, journée charnière avant le finish

Le muguet fleurit chaque année mais tous les 1er-Mai ne se ressemblent pas. En 2002, on entendait ça dans le cortège parisien. "C'est un 1er-Mai qui n'est pas comme les autres. Attention, l'abstention, le vote blanc demain, c'est un piège". Dixit l'ancienne dirigeante de la CFDT, Nicole Notat. "J'ai toujours su qu'il y avait deux France, déclarait de son côté Christiane Taubira. La France esclavagiste mais également la France généreuse. Je savais qu'elle était là. Je suis ravie de la voir si nombreuse." Cortège monstre à l'époque : au moins 400 000 personnes pour dire "non" à Jean-Marie Le Pen. Beaucoup, beaucoup moins cette année : 142 000 personnes selon la police, 280 000 selon la CGT.

Chez les Le Pen, chacun sa tribune

Un 1er-Mai sans hologramme pour les Le Pen mais à chacun sa tribune : Marine Le Pen à la mi-journée devant 5 à 7 000 partisans à Villepinte (Seine-Saint-Denis) et Jean-Marie Le Pen, ce matin, devant une centaine d'inconditionnels place des Pyramides, à Paris, pour le traditionnel hommage à Jeanne d'Arc. "Rupture politique définitive" au sein du front familial, la candidate l'a redit dimanche soir sur France 2. Mais, pour une fois, un patriarche moins encombrant que d'habitude pour sa descendance : "C'est une fille de France. Ce n'est pas Jeanne d'Arc mais elle accepte la même mission que celle de Jeanne, qu'elle aime et admire." 

On a eu le droit à des saillies contre François Hollande et Emmanuel Macron mais aussi contre son propre camp. Évoquant la vidéo de Gilbert Collard et de Marine Le Pen sur un bateau de pêche au Grau-du-Roi (Gard), jeudi dernier, il a lancé : "Je suis plus à l'aise sur ma tribune dans le froid que Collard sur le bateau du Grau-du-Roi. C'est là où on voyait la différence entre les marins bretons et les marins d'eau douce." C’est surtout un homme fatigué que l’on a vu tout à l'heure. Jean-Marie Le Pen, 89 ans, n’a pas pu faire les 350 mètres qui sépare le Palais royal de la place des Pyramides. Il est resté assis sur son tabouret au pupitre. Même s’il n’en n’a pas manqué pendant tout son discours, on a senti un homme à bout de souffle. 

Pas la moindre allusion au père dans le staff de Marine Le Pen. D'ailleurs les dépôts de gerbe étaient séparés. Steeve Briois et Gilbert Collard étaient devant une autre Jeanne, dans le 13e arrondissement de Paris. La candidate, elle, avait d'autres priorités : pilonner son adversaire depuis Villepinte, dernier gros meeting de son entre-deux-tours. 

Macron : hommage, meeting et... qui pour gouverner ? 

Qui pour gouverner avec Emmanuel Macron ? Quel Premier ministre ? Quelles alliances ? C'est la question que posait aussi Marine Le Pen dans son meeting. Ça sent l'angle d'attaque pour le débat de l'entre-deux-tours, mercredi soir.

D'ici là, Emmanuel Macron accélère le rythme lui aussi. Il était ce matin sur le pont du Carrousel, à Paris : hommage à Brahim Bouarram, ce Marocain assassiné il y a 22 ans, jeté dans la Seine par des skinheads. Un hommage en présence du fils de Brahim Bouarram. "Ne pas se souvenir, c'est prendre le risque de répéter", a déclaré le candidat. Hommage et meeting cet après-midi à La Villette, à Paris, avec, pour fil conducteur, la défense de la République.

Les larmes de l'insoumis

Les larmes de Jean-Luc Mélenchon, c'est l'autre image du jour. Visiblement toujours en plein blues post-présidentielle, le leader de La France insoumise a salué ses partisans dans le défilé parisien du 1er-Mai. Poing levé.

La note du débrief : 6/20 pour les soutiens de Le Pen

6/20 pour le concert dissonant offert sur les ondes depuis deux jours par les soutiens de Marine Le Pen. Sur la scène de Villepinte, il n'y avait plus de drapeau européen, seulement deux drapeaux tricolores. Si c'est clair sur la forme, ça l'est beaucoup moins sur le fond. On sort de l'euro mais on garde une monnaie commune. Comment ? Selon quel calendrier ? Bon courage si vous avez compris

Alors que Marion Maréchal Le Pen déclarait : "Marine Le Pen attendra les élections européennes en 2018. À partir de là, elle entamera des négociations, pour peut-être plusieurs années". Louis Alliot a corrigé : "Je pense que Marion parlait de la renégociation éventuelle de sortie de l'Union européenne." Au tour de Florian Philippot, sur la future monnaie : "Vous la payez, un an après, très probablement en franc. En nouveau franc, pas l'ancien." Quand Stéphane Ravier estime que, "cela prendra six mois maximum de négociations", Jérôme Rivière tranche : "Vous êtes en train de rentrer dans un débat d'experts."

Un flou qui masque une prise de conscience, en interne, des difficultés à sortir de l'euro. Une sortie sèche dont Marine Le Pen sait qu'elle est impopulaire dans l'opinion alors elle cherche la synthèse. Cette synthèse peut clairement devenir un handicap pour le débat de l'entre-deux-tours, mercredi soir.

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