Iran : la Chine soutient le régime face à l'isolement pendant que les États-Unis renouent le contact officieusement

Le régime iranien, isolé sur la scène internationale, compte la Chine dans ses soutiens, peu nombreux parmi les grandes puissances. De leur côté, les États-Unis discutent et négocient avec Téhéran, essentiellement sur le nucléaire.
Article rédigé par Sébastien Berriot, Sébastien Paour
Radio France
Publié
Temps de lecture : 4min
Place de Téhéran, surplombée par une affiche de campagne électorale (pour le président sortant du Parlement, Mohammad Ghalibaf), le 23 juin 2024. (ARNE IMMANUEL B?NSCH / DPA)

L'Iran est un régime isolé, notamment, en raison de liens avec le terrorisme international, soutenant encore aujourd'hui le Hamas et le Hezbollah. Officiellement, il n’y a plus de relation diplomatique entre les États-Unis et l’Iran depuis la révolution de 1979. Sanctionné par les Américains à plusieurs reprises depuis 1995, l'Iran a connu de nombreux embargos sur ses relations commerciales, notamment sur ses exportations de pétrole.

À neuf jours de la présidentielle iranienne prévue le 28 juin 2024, la campagne se fait sur la crise économique et l'inflation galopante. Mais aujourd'hui, la Chine a sorti le pays de cet isolement, au niveau commercial mais également diplomatique, et Washington renoue le dialogue pour tenter de contenir la progression du nucléaire iranien.

La Chine, un pays ami qui garde ses distances

Le soutien de la Chine au régime iranien s’est particulièrement manifesté en 2023, lors de la visite à Pékin du président Ebrahim Raïssi, décédé le 20 mai dans un crash d'hélicoptère. Une visite d’État fastueuse de trois jours, que peu de pays dans le monde offrent aux Iraniens. La Chine permet à Téhéran d’accéder à son immense marché, d’exporter ses produits et notamment son pétrole. En 2023, ce commerce bilatéral a atteint les 14 milliards de dollars.

Grâce à la Chine, le régime de Téhéran retrouve aussi une place sur la scène internationale, notamment depuis 2021, où l’Iran est devenu membre à part entière de l’Organisation de coopération de Shanghai, organisation politique et économique qui regroupe plusieurs pays asiatiques autour de la Chine et de la Russie. Enfin, la Chine coopère également avec Téhéran dans le domaine militaire, comme il y a encore quelques mois, avec des manœuvres communes dans le golfe d’Oman.

Malgré tout, la Chine reste prudente car elle sait que ce soutien comporte des risques. Les entreprises chinoises qui font des affaires avec Téhéran peuvent être sanctionnées et exclues du marché américain, bien plus important pour Pékin. C'est pourquoi l’accord stratégique conclu avec l’Iran en 2021 met beaucoup de temps à entrer en vigueur. Les Iraniens ont compris le message et savent que la Chine, tout en étant un pays ami, souhaite garder ses distances, pour ne pas compromettre ses propres intérêts.

 Les États-Unis toujours plus inquiets sur le nucléaire iranien

Les relations entre Washington et Téhéran sont officiellement inexistantes, mais dans les faits, il y a un dialogue entre les deux. Le chef de la diplomatie iranienne Ali Bagheri l’a encore confirmé au début du mois : les deux pays négocient, discrètement, au sultanat d’Oman. Ces discussions indirectes auraient même débuté au début de l’année alors que la guerre entre Israël et le Hamas était particulièrement intense. Il s'agit notamment d'aborder le sujet du nucléaire iranien, au moment où les partenaires des Américains sur le continent européen - la France, l’Allemagne et le Royaume-Uni - ont décidé de soumettre une résolution au Conseil des gouverneurs de l'AIEA (l’Agence Internationale de l’énergie atomique). Cette résolution veut condamner l'escalade nucléaire de l'Iran et lui demande des comptes pour son manque de coopération.

Les Américains sont inquiets car ils craignent qu'une telle initiative ne fasse qu’envenimer les tensions au Moyen-Orient. Washington a bien conscience que le programme iranien avance, que Téhéran accumule de l’uranium enrichi. De leur côté, les États-Unis veulent éviter le passage à l’étape d’après, c’est-à-dire la bombe atomique.

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