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"Si on recule, le mandat est terminé" : la réforme des retraites divise l'exécutif entre optimistes et inquiets

Le 15 décembre, la Première ministre doit détailler son projet de réforme. Au sein du gouvernement, certains y voient un sujet "purgé depuis longtemps" quand d'autres craignent un nouveau vent de contestations.

Article rédigé par Jean-Rémi Baudot
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Elisabeth Borne, Gérald Darmanin, Éric Dupond-Moretti à l'Assemblée nationale, le 6 décembre 2022. (THOMAS PADILLA / MAXPPP)

À une semaine de l’annonce d’Elisabeth Borne, l’exécutif retient son souffle. Sans pour autant douter du fond de la réforme des retraites, l'effet du retour de ce dossier brûlant divise la majorité. D’un côté, il y a les ministres qui se montrent plutôt confiants. "Le sujet est purgé depuis longtemps", se risque un membre du gouvernement qui veut croire que les Français ont compris que cette réforme était indispensable. Optimisme conforté par la manière dont se sont déroulées jusqu'à présent les discussions avec les partenaires sociaux : pour le moment, personne n’a claqué la porte – ce qui est déjà considéré comme une victoire au sommet de l’État. 

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Ces "optimistes" ne pensent pas que le fond de la réforme peut enflammer le pays car, comme le dit un autre ministre, "il y a autant de salé que de sucré dans ce projet". Le "sucré", pour les promoteurs de la réforme, est, par exemple, le projet de retraite minimale à 1 200 euros, les promesses de mieux prendre en compte les carrières longues, la pénibilité, les seniors… Autant de points qui ne sont, pourtant, pas encore réellement arbitrés ou annoncés. Pas de quoi dissiper les inquiétudes de nombreux Français. 

"Les optimistes manquent d'expérience"

Le deuxième clan, ce sont les ministres qui appréhendent le moment où la réforme sera dévoilée, le moment où les Français vont comprendre qu’ils vont devoir réellement travailler plus longtemps, peut-être jusqu'à 65 ans. "Ça va parler pendant les repas des fêtes, ça peut être un accélérateur de colère", théorise une directrice de cabinet. Comment expliquer cette différence d’appréciation au sein du gouvernement ? En vieux routier, un ministre répond : "Les optimistes manquent d’expérience."

Sur le fond, la pression autour du gouvernement va être forte, la gauche ayant déjà annoncé qu’elle descendrait dans la rue si besoin. Mais il y a cette idée dans la majorité qu’Emmanuel Macron ne reculera pas : c'est une promesse de campagne et le coût politique serait trop important. "Si on recule, le mandat est terminé", martèle un cadre Renaissance avant d’ajouter : "L’immobilisme, c’est la chiraquisation". En coulisses, la majorité brandit discrètement une menace : "Si ça bloque, la probabilité d’une dissolution se rapproche." Un message à destination de la droite, avec un sous-titre : si vous ne soutenez pas cette réforme, vous risquez de perdre votre siège. 

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