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Réforme des retraites : "report progressif" de l'âge légal de départ, fin des régimes spéciaux... Les pistes présentées par Elisabeth Borne

Dans "Le Parisien", la Première ministre affirme que "la réforme s'appliquera à partir de l'été 2023", donc "de la génération née au deuxième semestre 1961". Le projet de l'exécutif sera présenté le 15 décembre aux partenaires sociaux.
Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Temps de lecture : 4 min
Elisabeth Borne, Première ministre, lors d'une visite au palais de la Berbie, à Albi (Tan), le 1er décembre 2022. (CHARLY TRIBALLEAU / AFP)

Le projet de réforme des retraites du gouvernement se précise. Malgré un contexte explosif, avec la guerre en Ukraine, l'inflation et les risques de pénurie d'électricité, l'exécutif compte présenter son plan aux partenaires sociaux le 15 décembre, comme le confirme Elisabeth Borne dans Le Parisien, vendredi 2 décembre. Alors que le dernier cycle de concertation a démarré jeudi soir au ministère du Travail, la Première ministre dévoile les pistes de la majorité.

Le texte sera présenté en Conseil des ministres au début de l'année prochaine, pour être examiné au Parlement au printemps et entrer en vigueur "à partir de l'été 2023, donc à partir de la génération née au deuxième semestre 1961". Franceinfo fait le point sur les mesures envisagées.  

Un "report progressif" de l'âge légal de départ à 64 ou 65 ans

La Première ministre affirme qu'un "report progressif" de l'âge légal de départ à la retraite (actuellement à 62 ans) à "65 ans d'ici à 2031" permettra "de ramener le système à l'équilibre dans les dix ans". "Les chiffres sont là, ils sont implacables. On a un déficit qui dépassera les 12 milliards d'euros en 2027 et continuera à se creuser si l'on ne fait rien", plaide-t-elle dans Le Parisien

Mais "on peut discuter" d'un "autre chemin", assure-t-elle, tout en excluant d'emblée "de baisser le montant des retraites ou d'alourdir le coût du travail par des cotisations supplémentaires". Le gouvernement "sera à l'écoute des propositions des uns et des autres", assure Elisabeth Borne, interrogée sur la possibilité d'un report de l'âge de départ à 64 ans en contrepartie d'un allongement de la durée de cotisation.

"Pour nous, l'engagement porté dans la campagne, c'est 65 ans."

Elisabeth Borne, Première ministre

dans "Le Parisien"

La proposition initiale d'Emmanuel Macron était de reporter progressivement l'âge de départ à 65 ans, mais il s'est dit depuis "ouvert" à un report à 64 ans avec un allongement de la durée de cotisation. Quant au rythme du recul de l'âge légal, le chef de l'Etat a, à plusieurs reprises, évoqué une hausse de quatre mois par an. "Les rythmes d'évolution, les bornes, font partie des discussions. Une chose est sûre, cela sera progressif", souligne la locataire de Matignon. Elle assure que "les personnes concernées nées en 1961" travailleront seulement "quelques mois de plus avant de pouvoir atteindre l'âge légal de départ en retraite".

Le principe des "carrières longues" maintenu voire "assoupli"

Quid de ceux qui ont commencé à travailler tôt, avant 20 ans ? Le principe dit des "'carrières longues', permettant de partir deux ans ou quatre ans avant l'âge légal de la retraite", "sera maintenu et même assoupli pour ceux qui ont vraiment commencé à travailler très tôt", assure la Première ministre. Que signifie ce "très tôt" ? Elisabeth Borne renvoie aux discussions avec les partenaires sociaux, mais évoque "la question des jobs d'été, qui sont aujourd'hui pris en compte, ou de l'âge auquel les personnes ont réellement commencé à travailler".

"On souhaite également, dans ce cadre, prendre en compte les périodes de congé parental dans le calcul de la durée de cotisation", ajoute-t-elle. La Première ministre précise également que "pour faire une réforme juste, notamment pour les femmes", le gouvernement entend "ne pas augmenter l’âge d’annulation de la décote, qui restera à 67 ans".

"S'il y a un maintien des 'carrières longues' qui protège nos artisans, on peut voir un recul à 64 ans", observait jeudi auprès de l'AFP Jean-Christophe Repon, président de la Confédération de l'artisanat et des petites entreprises du bâtiment, pour qui la "vision haute" des 65 ans, qui lui "paraît difficilement acceptable".

La pénibilité mieux prise en compte, mais le public aligné sur le privé

Alors que la CFDT milite pour un retour de la prise en compte de trois facteurs de risques dans la pénibilité, supprimés il y a cinq ans (port de charges lourdes, postures pénibles, vibrations mécaniques), Elisabeth Borne concède qu'"on peut sans doute encore améliorer les facteurs pris en compte, notamment pour renforcer la prévention de l'usure professionnelle". "On doit permettre aux personnes cassées par le travail de pouvoir, au vu de leur état de santé, partir un peu plus tôt en retraite", relève la cheffe du gouvernement, qui suggère aussi "de nouvelles utilisations du compte pénibilité, par exemple pour un congé de reconversion".

Le gouvernement maintient aussi sa volonté de supprimer la possibilité donnée à certaines professions dans la fonction publique, comme les policiers ou les magistrats, de partir plus tôt, à 52 ou 57 ans.

"Il y a un souhait de justice fortement posé par les Français. Et si on doit travailler un an, deux ans ou trois ans de plus, ça concernera toutes les catégories professionnelles."

Elisabeth Borne, Première ministre

dans "Le Parisien"

La fin des régimes spéciaux pour les nouvelles recrues

Concernant les régimes spéciaux appelés à disparaître (Elisabeth Borne cite notamment ceux de la Banque de France, RATP, et des Industries électriques et gazières), seuls "les nouveaux recrutés" seront concernés, au nom de la clause du grand-père. Ils "seront affiliés au régime général d'assurance-vieillesse, comme tous les salariés du privé". Elisabeth Borne alerte sur le montant de la "dette supplémentaire pour notre système de retraite si on ne fait rien", "100 milliards d'euros dans les dix prochaines années". 

Sur les régimes spéciaux, "les discussions doivent continuer et des arbitrages seront rendus d'ici Noël sur l'ensemble des sujets", a expliqué vendredi sur franceinfo Stanislas Guerini. Pour le ministre de la Fonction publique, "l'objectif, c'est vraiment d'harmoniser au maximum". 

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