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Carburant, voitures électriques, batteries, emploi, concurrence chinoise, salaires... Ce qu'il faut retenir de l'interview de Carlos Tavares

Le directeur général de Stellantis était l'invité du "8h30 franceinfo" du mardi 10 octobre 2022.

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Carlos Tavares, directeur général de Stellantis, était l'invité du "8h30 franceinfo" du mardi 10 octobre 2022. (FRANCEINFO / RADIOFRANCE)

Carlos Tavares, directeur général de Stellantis, était l'invité du 8h30 franceinfo du mardi 10 octobre 2022. Carburant, voitures électriques, batteries, emploi, concurrence chinoise, salaires... Il répond aux questions de Marc Fauvelle et Salhia Brakhlia. 

Crise du carburant : "Démonstration de l’importance de l’automobile" pour les Français

Carlos Tavares a estimé que les longues files d'attente aux stations-service sont une "démonstration par l’absurde de l’importance de l’automobile pour assurer la liberté de mouvement de nos citoyens". Selon lui, les "concitoyens sont très attachés à leur liberté de mouvement".

DIRECT. Grève : "Il y aura des réquisitions autant que nécessaire" dans les raffineries, assure Olivier Véran

Ce mardi, environ 30% des stations-service sont concernées par des pénuries de carburant en raison de la grève dans les raffineries de Total.

Voitures électriques : Elles seront moins chères "en 2026"

Les voitures électriques seront moins chères que les véhicules thermiques "en 2026", selon les prévisions de Carlos Tavares. Au fur et à mesure que la demande augmentera, "il va y avoir un effet d'échelle, dont on va faire bénéficier le client", dit-il. Mais le patron de Stellantis met en garde, le prix restera "volatil", puisqu'il est dépendant du prix des matières premières.

Autonomie des batteries : "600 km d'autonomie" dans "2-3 ans"

Carlos Tavares affirme que les voitures électriques produites par les marques du groupe Stellantis "vont dépasser les 600 km d'autonomie et certaines au-delà de 700 km d'autonomie" dans les prochaines années. "Ce défi technologique est déjà maîtrisé et les voitures sont déjà en train d'être industrialisées, donc vous les verrez bientôt sous 2 ou 3 ans", annonce-t-il.

Concurrence chinoise : l'UE "a déroulé un tapis rouge devant les constructeurs chinois"

Carlos Tavares accuse "l'Union européenne" d'avoir "déroulé un tapis rouge devant les constructeurs chinois". Selon lui, "l'Union européenne offre aux constructeurs chinois des conditions de mise en concurrence qui sont bien plus favorables en Europe, qu'elles ne sont favorables pour les constructeurs occidentaux sur le marché chinois". "Il n'y a pas réciprocité des conditions de mise en concurrence et donc le combat va être très, très rude", prévient-il. "Nous ne resterons en Chine que dans la mesure où nous y faisons du profit", ajoute-t-il.

Suppressions d'emploi : "C’est un risque qu'il faut considérer"

Carlos Tavares pointe le risque du tout électrique pour l'emploi : "C’est un risque qu'il faut considérer. La concurrence chinoise, notamment, aura des effets possibles sur l'emploi : "Si on ne fait pas les batteries sur notre sol, notamment européen et français, on a un risque d'exporter 100% de la valeur ajoutée du véhicule en dehors de nos frontières", dit-il. "Cela dépend des efforts nécessaires pour assurer la dimension abordable des véhicules électriques", explique-t-il. "La question est délicate. Il va falloir faire preuve de beaucoup d'imagination", prévient-il.

"Pas de raison de continuer à augmenter les entraves à l'usage de l'automobile"

"On a une accumulation d'entraves à l'usage de l'automobile dans notre pays qui est saisissant", dénonce Carlos Tavares. Il évoque notamment "toutes les taxes qui pèsent aujourd'hui sur l'automobile" et  "les limitations d'usage de l'automobile". Dans l'avenir, "à partir du moment où l'automobile est sûre, propre et abordable, il n'y a pas de raison de continuer à augmenter les entraves à l'usage de l'automobile", dit-il. Pour le patron de Stellantis, le "contraste entre ces entraves d'un côté et la passion qu'ont les Français pour leur automobile est saisissant."

Manque de semi-conducteurs : la situation rétablie "pas avant la fin 2023"

En raison de manque de semi-conducteurs sur le marché mondial, "il a été très difficile pour nous d'augmenter la production en volume au cours de ces derniers mois. La situation est en train de s'améliorer, mais très lentement", indique Carlos Tavares. "Nous avons eu beaucoup de mal à rétablir les capacités qui sont nécessaires pour répondre à la demande de nos clients", explique-t-il. La situation "sera rétablie à la fin de 2023, mais pas avant la fin 2023", poursuit-il.

Location de voitures électriques à 100 euros par mois : "C'est tout à fait possible"

La location de la voiture électrique à 100 euros, "c'est tout à fait possible, avec un effort conjugué de l'État et des constructeurs", assure Carlos Tavares. Le gouvernement travaille actuellement sur cette mesure phare de la campagne d'Emmanuel Macron. "100 euros par mois, c'est accessible. Il y aura probablement un apport de base qui sera relativement modeste. Ce ne sera pas quelque chose qui mettra en difficulté a priori les classes moyennes", souligne-t-il. "Bien entendu", le dispositif se fera avec des voitures françaises, a-t-il assuré.

Rémunération des grands patrons : "C'est une question qui est posée qu'en France"

Carlos Tavares touche une rémunération de 19 millions d’euros par an. Emmanuel Macron l'avait jugée en avril "excessive" et "choquante". Le patron de Stellantis a expliqué que "90% de ce salaire est indexé sur le résultat de l'entreprise. Si le résultat était mauvais, je toucherais 10% du montant", indique-t-il, ajoutant que la question du salaire, est "une question qui n’est posée qu'en France", souligne-t-il.

Augmentation des salaires : "C'est normal qu'il y ait un partage de richesses"

La CGT réclame à TotalEnergies une augmentation des salaires au vu des résultats importants du groupe : "C'est normal qu'il y ait un partage de richesses. Ceci est tout à fait légitime", déclare Carlos Tavares. Il rappelle qu'un accord a été trouvé avec les partenaires sociaux chez Stellantis pour une augmentation des revenus. La CGT de son côté dénonce l'utilisation de primes qui ne sont pas pérennes : "Quand je vais chez le boulanger et que je paye mon pain, la boulangère ne fait pas le tri entre l'euro qui vient de la prime et l'euro qui vient du salaire de base", réplique la patron de Stellantis. 

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Retrouvez l'intégralité du "8h30 franceinfo" du mardi 18 octobre 2022 :

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