Cet article date de plus de neuf ans.

#MonEnvoyéSpécial. Location d’appartement : la loi du plus fort

Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min - vidéo : 35min
Ce replay n'est plus disponible.
Article rédigé par franceinfo
France Télévisions

Louer une maison ou un appartement ressemble parfois à un parcours du combattant. Caution, garants, salaire… Certaines agences ou propriétaires vont même jusqu’à demander une lettre de motivation aux candidats. En cause, la peur de l’impayé et des procédures d’expulsion longues et onéreuses. Face à ce phénomène, un véritable "marché aux faux documents" a fait son apparition, accentuant encore la méfiance des propriétaires.

Aujourd’hui, plus de 3,5 millions de personnes sont mal logées en France, et le loyer est devenu le premier poste de dépenses des particuliers, devant l’alimentation et les transports, un budget qui n’a cessé de croître ces dix dernières années. Au-delà de la pénurie de logements dans certains quartiers et de l’augmentation incessante du montant des loyers, c’est la méfiance accrue des propriétaires qui est devenue un véritable frein à la location. 

Certains, malgré leur CDI et des revenus confortables, essuient refus sur refus. Le phénomène est particulièrement criant en région parisienne. C’est le cas de Nadia, jeune maman divorcée et mère d’une petite fille. Elle est assistante de direction et gagne 2 000 euros par mois. Au moment du reportage, elle vit dans un petit appartement avec une seule chambre. Depuis plusieurs mois, elle s’est lancée dans la recherche d’un logement plus grand pour elle et sa fille. Mais malgré son CDI, son salaire et la pension alimentaire qui lui est versée, son dossier a constamment été refusé. Elle pense que sa situation de femme divorcée et son unique salaire comme garantie ne sont pas adaptés à un marché de la location devenu intraitable. En parallèle, Nadia a fait une demande de logement social, mais elle est toujours sur liste d'attente.

La chasse aux faux dossiers 

Chaque année, 300 000 nouveaux ménages doivent trouver un logement. Pour satisfaire aux demandes exorbitantes des agences et des propriétaires, certains n’hésitent pas à monter leur dossier de toutes pièces. C’est le cas d’Anaïs qui, avec l’aide d’une amie graphiste et d'un logiciel de retouche, a augmenté son salaire de 500 euros en quelques clics. Elle sait qu’elle encourt des milliers d’euros d’amende pour cette ruse, mais qu’importe, elle assure qu’elle n’a pas d’autre choix.

Le marché aux faux documents va encore plus loin. Il existe désormais de véritables réseaux de vente de bulletins de salaire et d’avis d’imposition factices. Certains dossiers semblent être blancs comme neige. Pourtant, ils seront rejetés après un seul coup de téléphone à l'employeur mentionné... qui affirme n'avoir jamais entendu parler de l'aspirant locataire.

L’explosion des locations saisonnières

La défiance de certains propriétaires les conduit à louer leur bien de façon saisonnière, une pratique selon eux moins risquée. Mais c’est surtout la plus-value financière qui les incite à louer pour de courtes durées sur des sites comme Le Bon Coin ou Airbnb, contribuant ainsi au développement d'une économie collaborative

Pour pallier la pénurie et libérer des logements, la mairie de Paris a décidé d’agir et est partie à la chasse aux "meublés saisonniers". Le but ? Eviter que certains immeubles deviennent des hôtels à bas coût qui ne paient pas de taxes, et rendre ces logements disponibles pour des locataires de longue durée. 

Un reportage de Virginie Vilar et Yvan Wastiaux.

Retrouvez, en fin d’émission, les réponses de Françoise Joly et Guilaine Chenu à vos commentaires sur notre page Facebook et Twitter @EnvoyeSpecial. Et prenez dès maintenant les commandes de la prochaine émission : votez pour le sujet que vous voulez voir à l’antenne samedi 3 octobre, puis posez-nous des questions sur le reportage que vous avez choisi, en utilisant le hashtag #MonEnvoyeSpecial. Nous vous répondrons directement sur le plateau !

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.