Gabriel Attal nommé Premier ministre : quels sont les premiers défis qui l'attendent à Matignon ?

Article rédigé par franceinfo
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Le Premier ministre Gabriel Attal arrive pour la cérémonie de passation de pouvoir avec Elisabeth Borne à Matignon, le 9 janvier 2024. (LUDOVIC MARIN / AFP)
A peine entré en fonction, le nouveau chef du gouvernement hérite de plusieurs dossiers, avec plusieurs projets de loi sur la table et l'organisation des Jeux olympiques cet été.

Le nouveau Premier ministre n'aura pas attendu avant de mener son premier déplacement. Nommé mardi 9 janvier en fin de matinée, Gabriel Attal s'est rendu dans l'après-midi dans le Pas-de-Calais, après la passation de pouvoir avec Elisabeth Borne, pour y rencontrer les élus et les habitants touchés par les inondations survenues la semaine dernière. "J'aurai l'objectif de garder le contrôle de notre destin et libérer notre potentiel français", a-t-il annoncé par ailleurs lors de sa première prise de parole. Avec de nombreux chantiers et la perspective des Jeux olympiques cet été, l'année s'annonce en tout cas chargée pour le plus jeune chef de gouvernement de l'histoire de la Ve République.

1 Former son gouvernement

Composer le gouvernement représente déjà un défi de taille pour Gabriel Attal, macroniste de la première heure. Celui-ci doit en effet refléter les équilibres politiques de la coalition au pouvoir, avec Renaissance, mais aussi le MoDem et Horizons, les partis de François Bayrou et Edouard Philippe. Il devra aussi gérer le devenir de portefeuilles occupés par des poids lourds. Gérald Darmanin va-t-il rester au ministère de l'Intérieur ? Bruno Le Maire, en poste depuis 2017, poursuivra-t-il au ministère de l'Economie ? 

Le sort des ministres de l'aile gauche de la majorité est aussi incertain, comme Clément Beaune (Transports), Patrice Vergriete (Logement) ou Rima Abdul Malak (Culture). Certains, au sein de la majorité, réclament des sanctions contre ces membres du gouvernement qui ont pris position contre le projet de loi sur l'immigration en décembre. L'un d'entre eux, Aurélien Rousseau, ministre de la Santé, a d'ailleurs quitté l'exécutif avant même la démission du gouvernement.

2 Faire voter plusieurs textes

Avant de pouvoir imposer de nouvelles réformes, Gabriel Attal va d'abord hériter des chantiers lancés par le précédent gouvernement. Réforme hautement symbolique, l'inscription de l'interruption volontaire de grossesse (IVG) dans la Constitution est espérée par l'exécutif pour le début du mois de mars via un Congrès à Versailles. Pour respecter ce calendrier serré, le projet de loi doit être présenté dès le 24 janvier à l'Assemblée nationale avant de partir au Sénat. Pour éviter un nouveau camouflet, il faudra convaincre la droite sénatoriale, majoritaire à la chambre haute, qui reste sceptique à ce sujet. En cas d'accord, le texte pourra être adopté par le Congrès le 5 mars, à trois jours du 8 mars, date de la Journée internationale du droit des femmes.

Le dossier de la fin de vie doit également arriver dans l'Hémicycle au cours de l'année. Après trois mois de débats, la Convention citoyenne sur la fin de vie s'était prononcée pour une aide active à mourir, mais sous conditions. Le gouvernement avait initialement annoncé une loi unique pour la fin de l'été 2023, avant de la reporter à plusieurs reprises. Lors d'une interview sur France 5, le 20 décembre, Emmanuel Macron assumait "de prendre le temps" sur ce sujet sensible.

Enfin, fin janvier, le gouvernement prévoit un texte afin que la majorité de l'énergie consommée en France provienne des énergies renouvelables d'ici dix ans. Aujourd'hui, les énergies fossiles représentent autour de 60% de la consommation français, en comptant les transports en plus de l'électricité. Pour 2035, Agnès Pannier-Runacher, l'actuelle ministre de la Transition énergétique, vise l'inverse : 60% d'énergie décarbonée, avec ensuite l'objectif de la neutralité carbone en 2050.

Gabriel Attal, le nouveau Premier ministre, va donc devoir faire voter ces différents textes, en trouvant des majorités de compromis dans une Assemblée nationale toujours fracturée.

3 Batailler pour les européennes

L'échéance est dans toutes les têtes, au gouvernement, dans la majorité et dans l'opposition : le 9 juin, les Français sont appelés aux urnes pour désigner leurs députés européens. Telle une élection de mi-mandat, l'échéance a-t-elle guidé le choix d'Emmanuel Macron d'installer Gabriel Attal à Matignon ? "J'ai dit au président que si on ne changeait pas, on allait mourir, on allait perdre les européennes et ça serait irrattrapable", explique un proche du président à franceinfo.

L'enjeu est majeur pour le camp présidentiel, alors que les différents sondages montrent un écart significatif entre le Rassemblement national et le camp macroniste. Et ce alors que la popularité de la tête de liste RN, Jordan Bardella, lui aussi très jeune (28 ans), continue de grimper. "Gabriel Attal va nous faire du bien, soutient un conseiller ministériel. Le président de la République est malin : il impose un duel avec Jordan Bardella, deux jeunes au combat."

4 Relancer le quinquennat

Début décembre, Emmanuel Macron avait évoqué, sans en préciser les contours, un "rendez-vous avec la nation". L'initiative, qui doit voir le jour en janvier, est censée envoyer "un message d'unité" et relancer le second quinquennat du chef de l'Etat. Lors de la passation de pouvoir avec Elisabeth Borne, Gabriel Attal a de son côté promis de réunir les "forces vives de la nation" dès cette semaine. Alors qu'Emmanuel Macron souhaite créer une dynamique autour de l'année olympique en 2024, le Premier ministre va aussi devoir chapeauter l'organisation des JO, notamment sur les volets de la sécurité et des transports.

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