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"L'équipe ne tient pas la route" : le bruit d'un remaniement avant l'été se propage au sein du gouvernement d'Elisabeth Borne

Alors que la fin des "100 jours" approche, un remaniement pourrait se profiler. La Première ministre semble moins menacée qu'il y a quelques semaines, mais d'autres ministres risquent de perdre leur portefeuille.
Article rédigé par Paul Barcelonne, franceinfo
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
Elisabeth Borne, la Première ministre, le 7 juin 2023. (LUDOVIC MARIN / AFP)

Alors qu'elle se défendait au perchoir de l'Assemblée face à la 17e motion de censure déposée par les oppositions depuis son arrivée à Matignon, Élisabeth Borne a surpris tout le monde en s'accrochant à son poste de Première ministre. La locataire de Matignon a commencé à poser les jalons de nouveaux chantiers, au-delà de la fameuse feuille de route des 100 jours, vantant le "courage" de son gouvernement.

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Si Élisabeth Borne moins menacée qu'il y a encore quelques semaines, il y a quand même du remaniement dans l'air. C'est un signe qui ne trompe pas : les téléphones chauffent, les courtisans se font plus pressants, et les CV s'accumulent sur le bureau d'Emmanuel Macron. "Il regarde ce qui marche et ce qui ne marche pas", raconte un de ses fidèles, qui assure qu'un remaniement se prépare en coulisses, "avant le 14 juillet". 

Elisabeth Borne s'accroche à Matignon

Contrairement à ce qu'il avait d'abord laissé entendre, Emmanuel Macron ne veut plus trop traîner : pas question d'attendre la fin des fameux "100 jours", calendrier donné à Élisabeth Borne, pour tenter de sortir le pays de la crise politique et sociale post-réforme des retraites. "Tous les grands jalons de la feuille de route ont été posés", se défend l'entourage de la Première ministre, qui cite pêle-mêle France Travail, les annonces pour la petite enfance, la loi industrie verte.

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"Elle fait très bien le job", admet un ministre, qui reconnaît quand même, dans une grimace, qu'un problème demeure. "Macron et Borne ne sont toujours pas alignés idéologiquement, il fait semblant qu'elle existe." D'ailleurs, plus que jamais, les noms de Julien Denormandie ou de Richard Ferrand, fidèles parmi les fidèles du président, continuent de circuler pour la remplacer. Mais Élisabeth Borne s'accroche : "Il aimerait la changer, mais les conditions ne sont pas réunies", assure un confident du chef de l'Etat. Autrement dit : il n'y a pas de nouvelle donne politique, la majorité est toujours relative, et à ce jour, un accord ou une alliance avec Les Républicains semble encore relever de la politique fiction. 

Certains ministres menacés

Certains ministres devraient donc faire le frais du nouvel élan qu'Emmanuel Macron entend donner à son quinquennat, avant l'été. Il y a les bons et les mauvais élèves. Dans le collimateur, on retrouve les ministres gênés par leurs déboires judiciaires, Eric Dupond-Moretti et Olivier Dussopt, ceux qui ne sont plus en odeur de sainteté, comme la médiatique Marlène Schiappa ou les ministres venus de la société civile, François Braun, en charge de la santé, ou le ministre de l'Éducation nationale Pap Ndiaye.

"Les deux grands services publics sont affaiblis, ils n'ont pas pris leurs sujets à bras-le-corps", les tacle un de leurs camarades, qui regrette par exemple la gestion de l'affaire Lindsay, cette jeune fille de 13 ans qui s'est suicidée mi-mai. "Pap, c'est un bon chercheur, mais ministre, c'est un métier. Il aurait dû faire le 20h de TF1, avoir des mots durs contre le harcèlement." Un exemple suffisant pour que les langues se délient : "L'équipe ne tient pas la route", embraye sèchement un conseiller.

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Pour renouveler le casting, des profils plus aguerris, rompus aux plateaux télé, avec un CV plus politique, sont ciblés. "Nous devons être une équipe d'attaquants, pas de défenseurs", tranche un ministre de premier plan. D'où l'idée avancée en coulisses : aller puiser dans le vivier des députés, certains stratèges regardent aussi au Sénat, qui sera renouvelé de moitié en septembre – un Sénat qui est à majorité Les Républicains, des maires de province sont aussi sondés. Mais une difficulté persiste : à moins de quatre ans de la fin du quinquennat, la Macronie n'a toujours pas de banc de touche et le poste de ministre ne fait plus autant rêver.

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