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Reportage "Nous faisons tout tout seuls" : à Irpin en Ukraine, l'urgence de la reconstruction avant un hiver qui pourrait être "désastreux"

Après les destructions, les habitants d'Irpin s'attèlent à la reconstruction de leur ville. Une tâche immense avant l'hiver qui arrive, dans cette ville qui avait servi de bouclier face aux Russes au mois de mars. 

Article rédigé par Agathe Mahuet
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
Dimitri au dernier étage de l'immeuble d'Irpin où vit son père Valéri, 86 ans. (AGATHE MAHUET / FRANCEINFO / RADIO FRANCE)

Au mois de mars, la ville d'Irpin, dans la banlieue de Kiev, était bombardée sans cesse, placée au cœur d'intenses combats entre Russes et Ukrainiens pour la prise de la capitale. Presque sept mois après, certains quartiers sont encore dans un état désastreux, des immeubles éventrés ponctuent le paysage et des débris jonchent les rues. Mais la situation est en train de changer, des immeubles commencent à être rasés, d'autres sont en train d'être retapés. 

Dimitri et son papa, Valéri, dans ce qui était la cuisine de l'appartement, le 2 octobre 2022. (AGATHE MAHUET / FRANCEINFO)

Irpin est même devenu une ville en travaux. Beaucoup de chantiers sont en cours, et le bruit des outils se fait entendre un peu partout dans les rues. Le plus souvent, ce sont les habitants eux-mêmes qui reconstruisent leurs habitations. C'est le cas de Dimitri, tournevis électrique à la main, qui vient chaque week-end aider son père, très âgé. Il monte au sixième étage de cet immeuble dévasté, privé de toit et d'ascenseur, avec dans les maisons sa petite "mallette Bosch". "Le réfrigérateur était ici", montre-t-il du doigt, "c'était la cuisine", explique-t-il en faisant la visite. Il n'en reste plus rien. 

Dans le mur, un obus a laissé un trou béant, et pourtant le papa, Valéri, 86 ans, sourit. "Cela ne sert à rien que je pleurniche, ça ne changera rien à la situation", dit-il avec sagesse. Son fils aussi essaie de rester positif, il est "très fier de son papa, très otpimiste, toujours actif." Pourtant, il craint de ne pas pouvoir sauver l'appartement de son père, touché par un début de dégâts des eaux, et menacé surtout par l'hiver qui arrive. 

"Les mois de novembre et de décembre seront désastreux. La neige et la pluie vont aggraver la situation, je ne sais pas ce qu'il faut faire, nous n'avons pas l'argent pour faire un toit temporaire."

Dimitri

à franceinfo

Il y a une véritable urgence à reconstruire une chape sur l'immeuble, sinon un seul hiver suffira à le rendre définitivement inhabitable. "Rien que pour les travaux, cela va nous coûter 22 000 euros", explique Olena, la présidente du syndicat de copropriété pour ces 270 appartements. 

Olena, la présidente du syndic des 270 appartements de ce quartier d’Irpin. (AGATHE MAHUET / FRANCEINFO / RADIO FRANCE)

Comme tous les habitants, Olena est obligée d'être hébergée ailleurs. Elle vit depuis sept mois chez des amis, "on se débrouille", dit-elle. Mais elle se sent un peu esseulée face à la tâche immense de la reconstruction et ne comprend pas que la mairie d'Irpin ne puisse pas les aider à réunir les fonds nécessaires. "Nous faisons tout, tous seuls", lance-t-elle, fataliste. Rien qui n'entame sa détermination à sauver son immeuble, malgré l'ampleur de la tâche. 

Les habitants d'Irpin face à l'urgence de la reconstruction - Le reportage d'Agathe Mahuet

Une petite fille qui joue au milieu de ce qui reste de ces appartements, où plus personne ne peut habiter, car il n’y a plus d’électricité. (AGATHE MAHUET / FRANCEINFO / RADIO FRANCE)

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