Jihadistes français en Syrie et en Irak : "Je veux que ma fille soit jugée en France", témoigne une mère de famille
Lydie, mère d'une Française partie en Syrie, a témoigné sur franceinfo vendredi. "Elle n'a que 25 ans, je souhaite qu'elle puisse se reconstruire même si elle va devoir répondre devant la justice", a-t-elle confié.
Le groupe terroriste État Islamique est en déroute en Irak et en Syrie. Il ne tient plus que quelques localités. Il reste encore environ 690 jihadistes français sur place, selon les chiffres donnés par François Molins, vendredi 10 novembre sur franceinfo.
Il y a notamment "295 femmes et 28 mineurs combattants de plus de 15 ans", a précisé le procureur de la République de Paris. Parmi ces Français présents dans la zone irako-syrienne, la fille et les deux petits-enfants de Lydie. "Je veux que ma fille soit jugée en France. (...) Les petits sont des innocents, ils n'ont pas demandé à être là-bas", a témoigné cette femme sur franceinfo.
Votre fille Julie est en Syrie depuis novembre 2014. Elle est partie avec son compagnon rencontré pendant ses études en Allemagne. Ils ont deux enfants nés en 2014 en Allemagne et 2016 à Raqqa en Syrie. Êtes-vous en contact avec eux ?
Non, je n'ai plus de nouvelles de ma fille depuis fin août. J'en avais eu par intermittence pendant ces trois dernières années. Depuis fin août, je ne sais pas s'ils sont toujours en vie. Pendant ces trois années, elle était restée à Raqqa et, dans le message que j'ai eu fin août, elle m'avait dit avoir quitté Raqqa. Elle avait perdu beaucoup d'amis. Ils étaient traqués, bombardés. Elle me disait que c'était très difficile. Je la sentais en détresse.
Vous donnait-elle des nouvelles du front, de la guerre ?
Oui, d'une guerre, des horreurs de la guerre. Les enfants étaient en bonne santé mais j'étais très inquiète par rapport à ce qu'elle a pu me décrire.
Si jamais votre fille parvenait à revenir en France, savez-vous ce qui l'attend ?
Bien sûr, je me suis déjà renseignée. Je sais très bien qu'elle sera arrêtée, placée en garde à vue, interrogée et sans doute condamnée. Elle va devoir répondre de ses actes, du fait qu'elle ait quitté la France, qu'elle soit allée en Syrie et qu'elle y soit restée trois ans. Je préfère qu'elle rentre, qu'elle soit entendue. J'ai peur pour elle, j'ai peur de ne plus la revoir, j'ai peur qu'elle meure là-bas.
Votre fille a-t-elle été formée au maniement des armes? A-t-elle participé aux combats ?
Non, je suis persuadée qu'elle n'a pas pris part aux combats. Elle était toujours enfermée dans un appartement. Elle était une femme au foyer, elle devait faire des enfants. Je ne pense pas qu'elle ait pris part aux combats. Je ne pense pas, je n'en suis pas sûre à 100 %. Elle est enceinte et doit accoucher au mois de décembre.
Vous auriez bientôt trois petits-enfants en Syrie. Redoutez-vous une éventuelle première rencontre ?
Non, j'ai vu des photos de mes petits-enfants, ils avaient l'air d'avoir le sourire. Ils avaient l'air en bonne santé. Je ne redoute pas de les voir, je suis leur grand-mère. Je n'ai pas eu la possibilité de les voir naître, de les voir grandir. Je serai là pour eux. On peut les aider à retrouver une vie normale. Nous serons là pour ça. Je vais me battre pour pouvoir les récupérer si ma fille est emprisonnée. Il faut faire confiance aux grands-parents. Ma fille c'est ma chair. Je ferais tout pour qu'ils deviennent des enfants français. Je veux que ma fille soit jugée en France. Je suis une maman, c'est ma fille unique, je n'ai pas d'autres enfants. Elle n'a que 25 ans, je souhaite qu'elle puisse se reconstruire même si elle va devoir répondre devant la justice. Je veux que les petits-enfants soient là. Ce sont des innocents, ils n'ont pas demandé à être là-bas. J'espère que la France et que le gouvernement feront tout pour les faire revenir.
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