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Après les régionales, où en est la gauche à dix mois de la présidentielle ?

Après des élections régionales et départementales aux enseignements ambigus, les partis de gauche ont désormais les yeux tournés vers la présidentielle de 2022.

Article rédigé par franceinfo
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Clémentine Autain (LFI), Julien Bayou (EELV) et Audrey Pulvar (PS), alliés au second tour des élections régionales en Île-de-France, le 27 juin 2021, à Paris. (ALEXIS SCIARD / MAXPPP)

Une gauche qui retrouve le sourire... le temps d'une soirée. Promis depuis plusieurs semaines à un nouveau revers électoral, les partis de gauche ont finalement fait de la résistance à l'occasion des élections régionales des 20 et 27 juin, les cinq présidents socialistes sortants ayant réussi à conserver leur région dans l'Hexagone.

Mais quid de la suite ? Dans moins de dix mois aura lieu le premier tour de l'élection présidentielle de 2022, une échéance à hauts risques pour la gauche, très en retard dans les sondages et dont aucun candidat ne semble – pour l'heure – susceptible d'accéder au second tour. "En 2022, la gauche n'a aucune chance d'être qualifiée pour le second tour si elle ne part pas unie", a ainsi déclaré Audrey Pulvar, candidate PS en Île-de-France, au lendemain du second tour des régionales.

L'union est une condition peut-être nécessaire, mais pas forcément suffisante, comme l'a démontré la défaite de l'alliance conclue dans l'entre-deux-tours entre le PS, La France insoumise et EELV derrière l'écologiste Julien Bayou, en Ile-de-France. Ou le score décevant de la liste d'union emmenée par l'eurodéputée écolo Karima Delli dans les Hauts-de-France.

En réalité, les résultats des élections régionales, marqués par une abstention record, n'ont pas permis de tirer des enseignements clairs sur le leadership à gauche, entre socialistes, écologistes et "insoumis". Résultat : chacune de ses composantes va continuer à tracer son sillon dans les prochaines semaines, les discussions sur une éventuelle candidature commune à la présidentielle étant repoussées à l'automne.

Le PS veut reprendre la main

Le Parti socialiste se dit toujours favorable à une alliance "avec la gauche sociale et écologique" en vue de 2022. Mais depuis le résultat des élections régionales, le discours du premier secrétaire du parti, Olivier Faure, a légèrement évolué. Alors qu'il n'excluait pas il y a encore quelques semaines que le PS se range derrière une candidature ne venant pas de ses rangs, il affirme désormais que les socialistes constituent la "force motrice de la gauche".

Si le député de Seine-et-Marne considère toujours les écologistes comme "une force alliée, une force amie", il estime que "la réalité, c'est qu'il y a un plafond de verre, un plafond vert, qui fait qu'aujourd'hui ça ne permet pas d'aller jusqu'à la victoire".

Certains au PS ont été encore plus clairs, à l'image de François Kalfon, membre du bureau national du PS, qui a réclamé un "candidat socialiste" en 2022 car selon lui, "les Français ont plutôt donné quitus" au PS aux élections régionales. 

Le projet d'union, esquissé au printemps par plusieurs partis de gauche, pourrait ainsi être mis à mal. Le 17 avril, Olivier Faure annonçait sur franceinfo qu'il y aurait "un candidat et un projet communs" lors de la prochaine élection présidentielle, afin de rassembler "les écologistes, les socialistes, les radicaux, Place publique, Nouvelle Donne et Génération·s". Mais depuis, le processus est au point mort. 

Dans l'attente d'une déclaration officielle de candidature (Anne Hidalgo n'ayant pas encore franchi le pas), le parti va tenir du 27 au 29 août son université d'été à Blois (Loir-et-Cher). Puis se tiendra le 79e Congrès du Parti socialiste les 18 et 19 septembre 2021 à Villeurbanne (Rhône), qui pourrait s'avérer décisif.

Les Verts préparent leur primaire

Les écologistes, qui ont échoué à transformer l'essai des municipales, ne comptent pas laisser aux socialistes la légitimité à rassembler derrière eux la gauche non mélenchoniste à la présidentielle de 2022. À l'issue du second tour, Julien Bayou, secrétaire national d’EELV à la tête de la liste d'union de la gauche arrivée en deuxième position en Île-de-France, se veut positif : "La gauche et l’écologie [sont] de retour" pour la présidentielle à venir, a-t-il clamé dimanche 27 juin, saluant une avancée par rapport à 2015 en nombre de voix : le nombre d’élus écolos dans les conseils régionaux et dans les conseils départementaux devrait doubler, a-t-il estimé. 

"L'heure est venue d’écrire une nouvelle page de l’histoire", a lancé Julien Bayou, évoquant à demi-mot la présidentielle. Malgré les réticences de Yannick Jadot, qui rêverait d'être le candidat de la gauche unie, le parti a décidé de maintenir sa primaire interne, prévue en septembre. 

Les candidats potentiels ont jusqu'à la mi-juillet pour se déclarer. C'est ce qu'a fait le maire de Grenoble (Isère), Eric Piolle, mardi 29 juin, rejoignant Sandrine Rousseau, ancienne porte-parole et secrétaire nationale adjointe d'EELV, déjà déclarée candidate. Yannick Jadot pourrait lui aussi se lancer, bon gré mal gré.

Egalement pressentie comme candidate, l'ancienne socialiste Delphine Batho, désormais à la tête du petit parti Génération Ecologie, a jeté un froid au lendemain des régionales. Dans un communiqué, la députée des Deux-Sèvres a fustigé une "musique nationale dominante enfermant l'écologie politique sous la tutelle de l'union de la gauche”, assurant que "cette stratégie confuse ne conduit pas à des victoires”. Selon Le Parisien (article payant), la stratégie d'EELV ne ferait pas non plus l'unanimité dans les rangs de Cap écologie, le mouvement de Corinne Lepage. Les représentants d'EELV, de Génération.s, de Génération écologie et de Cap écologie doivent se réunir le 1er juillet pour "rediscuter de tout".

LFI déjà en ordre de bataille pour la candidature de Mélenchon

La France insoumise poursuit quant à elle son chemin vers la présidentielle. Jean-Luc Mélenchon, candidat du parti, a officialisé dès la fin 2020 sa candidature à la course à la présidence. À l'issue de la séquence des régionales et des départementales, LFI apparaît plus isolée que jamais de ses camarades de gauche, des listes socialistes ayant refusé de s'allier entre le premier et le second tour avec les partisans de Jean-Luc Mélenchon.

Arrivé quatrième en 2017 (19,58%), Jean-Luc Mélenchon se focalise sur son programme de 2022. Les AMFIS, le rassemblement estival de La France insoumise, auront lieu à Valence (Drôme) du 26 au 29 août 2021. Au programme : la redécouverte de" L’Avenir en commun, le programme de Jean-Luc Mélenchon",  moins d’un an de l’élection présidentielle de 2022", annonce le parti.

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