Présidentielle 2022 : Macron et Le Pen se qualifient au second tour, les partis traditionnels s'effondrent... Ce qu'il faut retenir du premier tour
Jean-Luc Mélenchon complète le podium. Eric Zemmour se place quatrième, loin derrière le candidat de La France insoumise.
Les mêmes finalistes qu'en 2017, des partis traditionnels au plus bas... Le premier tour de la présidentielle, qui a eu lieu dimanche 10 avril, marque un changement du paysage politique français. Franceinfo résume ce qu'il faut retenir des résultats.
L'abstention a été forte (mais pas record)
L'abstention s'établit à 26,31%, soit près de quatre points de plus qu'il y a cinq ans, selon les résultats définitifs du ministère de l'Intérieur publiés à la mi-journée lundi. Depuis 2007, l'abstention aux élections présidentielles successives ne cesse de progresser. Toutefois, le record de 2002 (une abstention de 28,4%) n'est pas atteint.
Malgré cette abstention élevée, l'élection présidentielle reste de loin le scrutin attirant le plus d'électeurs. En 2021, deux tiers (66,7%) des inscrits avaient boudé les élections régionales et départementales. Le précédent record d'abstention était celui des élections européennes de 2009, où 59,4% des électeurs ne s'étaient pas rendus dans l'isoloir.
Macron et Le Pen se retrouvent au second tour
Les finalistes de la présidentielle de 2022 sont les mêmes qu'en 2017 : Emmanuel Macron (La République en marche) et Marine Le Pen (Rassemblement national) ont obtenu respectivement 27,84% et 23,15% des voix, selon les résultats définitifs communiqués lundi.
Devant ses partisans, à la porte de Versailles, à Paris, le président sortant a appelé à fonder, "au-delà des différences", "un grand mouvement politique d'unité et d'action". "Je souhaite tendre la main à tous ceux qui veulent travailler pour la France, à inventer quelque chose de nouveau, afin de bâtir avec eux une action commune pour bâtir notre nation dans les années qui viennent", a-t-il ajouté, défendant "une France humaniste, fidèle au souffle de 1789". "Ne ménageons aucun effort dans les 15 jours à venir, rien n'est fait", a-t-il prévenu à plusieurs reprises. "Quand l'extrême droite représente autant dans le pays, on ne peut pas considérer que les choses vont bien", a-t-il ensuite déclaré au micro de France 2.
Avec 23,15%, la candidate du Rassemblement national a quant à elle amélioré son score de 2017 (qui était de 21,3%). Face à ses partisans, elle a souhaité élargir son mouvement. "Tous ceux qui aujourd'hui n'ont pas voté pour Emmanuel Macron aujourd'hui ont bien sûr vocation à rejoindre ce rassemblement", a déclaré Marine Le Pen. "Je veux être la présidente de tous les Français", a-t-elle lancé. "Ce qui se jouera n'est pas seulement un vote de circonstance mais un choix de société et même de civilisation", a-t-elle ajouté, mettant en avant "les valeurs de la République", "la laïcité" et également "l'égalité entre les femmes et les hommes".
Jean-Luc Mélenchon échoue de peu
Le leader de La France insoumise se hisse à la troisième place avec 21,95% des voix. Jean-Luc Mélenchon améliore ainsi son score de 2017 et échoue de peu à se qualifier. D'autant que l'écart avec la candidate d'extrême droite s'est réduit durant la soirée, le candidat insoumis passant de 20,1% à 22,2% contre 23,3% à 23% pour sa rivale dans les estimations d'Ipsos-Sopra Steria pour France Télévisions, Radio France, France24/RFI/MCD, Public Sénat/LCP Assemblée Nationale et Le Parisien-Aujourd'hui en France. "Les deux qualifiés sont bien Emmanuel Macron et Marine Le Pen, mais Jean-Luc Mélenchon est très proche", a toutefois assuré Brice Teinturier, directeur général délégué d'Ipsos, sur France 2.
"Tant que la vie continue, le combat continue. (...) Vous n'êtes ni faibles, ni sans moyen, vous êtes en état de mener cette bataille, et la suivante, et la suivante, et la suivante, a lancé Jean-Luc Mélenchon face à ses partisans. Regardez moi ! Je n'ai jamais lâché prise, je n'ai jamais cédé, je n'ai jamais baissé le regard et c'est de cette façon que nous avons construit cette force", a-t-il poursuivi. Et le candidat insoumis de conclure : "Alors bien sûr, les plus jeunes vont me dire : 'Eh ben, on n'y est pas encore arrivés'. Ce n'est pas loin, hein. Faîtes mieux ! Merci."
Eric Zemmour termine loin derrière
Eric Zemmour, quatrième, finit loin derrière avec 7,07%. Il a promis de rester dans le paysage politique français. "Je prends chacune de vos voix comme le cri d'un peuple qui ne veut pas mourir", a déclaré Eric Zemmour après l'annonce des résultats. "Le fait que vous ayez été deux millions à soutenir un homme parti de rien montre que vous m'avez entendu. C'est un élément fondamental qui ne pourra pas être oublié dans les prochains jours, dans les prochaines années. Votre voix ne pourra plus jamais être négligée."
Le fait que vous ayez été deux millions à soutenir un homme parti de rien montre que mon message a été entendu. Votre voix ne pourra plus jamais être négligée, quelle que soit l’issue du second tour.#MerciZemmourpic.twitter.com/XcZFf0ki2F
— Eric Zemmour (@ZemmourEric) April 10, 2022
Le PS et Les Républicains au plus bas
Les deux partis historiques de la Ve République subissent une gifle sans précédent. Le faible score de la candidate des Républicains, Valérie Pécresse (4,78%), est sans doute la principale surprise de la soirée. La défaite était attendue, mais pas ce score sous les 5%, seuil en dessous duquel tous les frais de campagne ne sont pas remboursés. "J'ai dû batailler sur deux fronts : contre le camp du président sortant et contre celui des extrêmes. Alliés, en la circonstance, pour diviser et battre la droite républicaine", a déclaré Valérie Pécresse. "Le réflexe du vote utile a joué à plein", a-t-elle regretté. "J'assume en responsabilité toute ma part dans cette défaite."
Dans cette campagne, j’ai porté l’ambition d’une France unie, libre et fière.
— Valérie Pécresse (@vpecresse) April 10, 2022
⁰J’ai dû batailler sur deux fronts : contre le camp du président sortant et contre celui des extrêmes. Alliés, en la circonstance, pour diviser et battre la droite républicaine. #Pecresse2022 pic.twitter.com/5LLBMApBQ0
L'avenir des Républicains s'annonce délicat. "Aujourd'hui, les LR, à force de vouloir être le centre et la droite, sont menacés de n'être presque rien", a estimé le député Julien Aubert.
Anne Hidalgo finit avec 1,75%, trois fois moins que Benoît Hamon en 2017 alors qu'il n'avait récolté que 6,3%. "Je sais combien vous êtes déçus ce soir et nous tirerons bien sûr ensemble tous les bilans de façon objective. Mais vous savez que nous ne baissons, que je ne baisse jamais les bras", a déclaré Anne Hidalgo, adressant une pensée particulière aux "premiers de corvée".
Le PS n'est "sûrement pas" mort, a assuré le chef des sénateurs socialistes Patrick Kanner. "Nous avons beaucoup d'élus territoriaux, nous dirigeons de très nombreuses et grandes collectivités", a rappelé sur France 2 le sénateur, qui a joué un rôle majeur dans la campagne d'Anne Hidalgo, appelant à une "reconstruction à laquelle nous devons nous préparer en toute urgence". Une reconstruction qui s'annonce gigantesque et aiguise les appétits.
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Yannick Jadot sous la barre des 5%
Malgré de grandes ambitions, le candidat écologiste termine avec le score de 4,63%. Après l'annonce des résultats, le candidat a regretté que les questions environnementales aient été "largement ignorées dans cette campagne confisquée". "L'écologie sera absente du second tour, elle ne pourra pas l'être du quinquennat", a-t-il averti, appelant ses partisans à se mobiliser en vue de "l'échéance énorme" des législatives.
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Plusieurs candidats appellent à "faire barrage"
Anne Hidalgo a pris la parole dès l'annonce des premières estimations. Elle a appelé à voter pour Emmanuel Macron : "Parce que c'est l'engagement de toute ma vie, pour la République, et pour que la France ne bascule dans la haine de tous contre tous, je vous appelle avec gravité à voter le 24 avril prochain contre l'extrême droite de Marine Le Pen en vous servant du bulletin de vote Emmanuel Macron."
Valérie Pécresse partage la même position. "Le projet de Marine Le Pen conduirait le pays à l'impuissance, à la discorde, à la faillite, a-t-elle justifié. Sa proximité historique avec Vladimir Poutine la discrédite." "Ainsi, et malgré les profondes divergences que j'ai martelées tout au long de la campagne, a-t-elle expliqué, je voterai en conscience Emmanuel Macron pour empêcher l'arrivée au pouvoir de Marine Le Pen et le chaos qui en résulterait."
Yannick Jadot, le candidat écologiste, est sur la même ligne. "Sans hésitation, sans ambiguïté, j'appelle les électrices et les électeurs écologistes à faire barrage à l'extrême droite en déposant dans l'urne un bulletin Emmanuel Macron le 24 avril prochain", a déclaré l'élu d'Europe Ecologie-Les Verts. "Notre vote ne vaut pas caution" pour le président sortant, qui doit maintenant "créer les conditions du rassemblement pour faire échec à l'extrême droite", a-t-il toutefois prévenu.
Jean-Luc Mélenchon, le candidat de La France insoumise, a appelé à empêcher une possible élection de Marine Le Pen. "Il ne faut pas donner une seule voix à Madame Le Pen, a-t-il répété à quatre reprises, anticipant les éventuelles remarques et critiques. Voilà, je crois que le message a été entendu."
Fabien Roussel, le candidat communiste, a aussi invité ses électeurs à voter pour Emmanuel Macron. "Je ne permettrai jamais qu'un projet raciste et xénophobe soit mis en œuvre à la tête de l'Etat. Je ne me résoudrai jamais à ce que Madame Le Pen puisse utiliser nos institutions au service de son entreprise de haine et de division", a-t-il déclaré. "C'est pourquoi j'appelle ce soir à battre l'extrême droite en se servant du seul bulletin qui sera à disposition."
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️ "Je ne me résoudrai jamais à ce que madame Le Pen puisse utiliser nos institutions au service de son entreprise de haine et de division", a déclaré le candidat PCF Fabien Roussel
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Comme Jean-Luc Mélenchon, Philippe Poutou, candidat du NPA qui a récolté 0,77%, a appelé à "ne pas donner une voix" à Marine Le Pen au second tour.
Eric Zemmour, le candidat de Reconquête!, a pour sa part appelé ses électeurs à voter pour Marine Le Pen. "Parce que je pense à la France avant tout, je ne peux pas rester les bras croisés devant les maux qui guettent notre pays. J'ai bien des désaccords avec Marine Le Pen, je n'en referai pas la liste. Mais face à elle, il y a un homme (...) qui fera pire s'il est réélu", a-t-il justifié.
Nicolas Dupont-Aignan, le candidat de Debout la France, a lui aussi appelé à voter pour Marine Le Pen, avec qui l'élu souverainiste s'était d'ailleurs allié au second tour de 2017.
Nathalie Arthaud (Lutte ouvrière) n'a quant à elle pas donné de consigne. Idem pour Jean Lassalle qui "fait totalement confiance" à ses électeurs "puisque vous avez été intelligents au point de me choisir malgré tant de difficultés". Le député des Pyrénées-Atlantiques est crédité de 3,13% des voix, selon les résultats quasi définitifs du ministère de l'Intérieur.
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