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Législatives : Mathilde Panot, André Chassaigne, Aurore Bergé, Marine Le Pen… Quels sont les nouveaux présidents de groupes à l'Assemblée ?

Pour l'instant, neuf groupes ont été constitués et un dixième est en train de se former au Palais-Bourbon. La majorité relative obtenue par Emmanuel Macron va forcer ces groupes à travailler à des compromis sur les textes de loi.

Article rédigé par franceinfo
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C'est la rentrée à l'Assemblée. Les résultats des élections législatives, dimanche 19 juin, ont donné une majorité relative au camp présidentiel. Les différents groupes de l'hémicycle vont devoir travailler ensemble, dialoguer, chercher des compromis pour élaborer les lois. Le Palais-Bourbon compte pour l'instant neuf groupes, mais pourrait atteindre le record de dix, avec la constitution en cours d'un groupe composé de députés d'outre-mer, de l'UDI et d'anciens de Libertés et territoires.

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Les présidents de chaque groupe ont un rôle déterminant pour organiser le travail parlementaire et trouver de l'unité au sein de leur famille politique. Ils participent à la conférence des présidents, donc à l'établissement de l'ordre du jour des séances de l'Assemblée. 

Mathilde Panot pour La France insoumise

La députée LFI Mathilde Panot, le 19 juin 2022, à Paris. (XOSE BOUZAS / HANS LUCAS / AFP)

La députée LFI Mathilde Panot a été réélue à l'unanimité à la présidence de son groupe. La députée du Val-de-Marne, âgée de 33 ans, était la seule candidate à ce poste qu'elle occupait déjà lors de la précédente législature. Jean-Luc Mélenchon lui avait passé le relais à la tête des députés LFI en octobre 2021.

Elle va diriger un groupe bien différent désormais, avec environ 75 députés, au sein d'une coalition de gauche. "C'est une grande fierté, on multiplie par plus de deux le nombre de députés" de gauche au Palais-Bourbon, a réagi Mathilde Panot dans la journée. Sans Jean-Luc Mélenchon, qui n'est plus député, elle va malgré tout devoir gérer des ego et l'intégration des nouveaux venus.

André Chassaigne pour la Gauche démocrate et républicaine

Le député PCF André Chassaigne, le 28 février 2022, à Paris. (ARTHUR NICHOLAS ORCHARD / HANS LUCAS / AFP)

L'élu PCF du Puy-de-Dôme André Chassaigne, 71 ans, a été reconduit à la tête du groupe de la Gauche démocrate et républicaine (GDR) à l'Assemblée nationale, qui compte désormais 12 communistes et six ultramarins. Cet ancien professeur de lettres et d'histoire-géo puis principal de collège préside depuis 2012 ce groupe, qui a pu être reformé en 2017 et cette année aussi, en dépassant le seuil minimal de 15 membres.

Le numéro un du PCF, Fabien Roussel, a adoubé l'élu auvergnat, en estimant qu'il est "celui qui connaît le mieux le fonctionnement de cette maison". Le groupe GDR, avec ses "deux composantes (...), aura vocation à s'exprimer au sein de la gauche unie à l'Assemblée nationale, en toute indépendance, et dans le respect de la singularité politique de chacun de ses membres", disait récemment André Chassaigne. Il a, comme les autres alliés de LFI au sein de la Nupes, rejeté l'idée d'un groupe unique, mise sur la table par Jean-Luc Mélenchon.

Boris Vallaud pour le Parti socialiste

Boris Vallaud lors d'un débat sur un texte de loi concernant l'urgence sanitaire, le 21 mars 2020, à l'Assemblée nationale à Paris. (LUDOVIC MARIN / AFP)

Le député des Landes Boris Vallaud a été élu président du groupe socialiste à l'Assemblée. Agé de 46 ans et également porte-parole du PS, il l'a emporté par 26 voix contre quatre pour son collègue Guillaume Garot. A la tête de ce groupe d'une trentaine de députés, Boris Vallaud succède à Valérie Rabault, qui n'était pas candidate et qui s'est montrée à plusieurs reprises peu enthousiaste à l'égard de l'alliance de la Nupes.

De son côté, Boris Vallaud a estimé devant la presse, aussitôt après son élection, que la Nupes avait "donné un espoir", tout en étant dans "l'affirmation de chacun ce que nous sommes". Cet énarque de la même promotion qu'Emmanuel Macron est spécialiste des questions techniques de financement de la Sécurité sociale, sur lesquelles il intervient régulièrement à l'Assemblée nationale depuis son arrivée en 2017. Haut fonctionnaire, il a travaillé auprès d'Arnaud Montebourg au conseil général de Saône-et-Loire puis à Bercy de 2012 à 2014 durant le quinquennat de François Hollande. Il est ensuite devenu secrétaire général adjoint de l'Elysée puis conseiller du chef de l'Etat socialiste.

Cyrielle Chatelain et Julien Bayou pour les écologistes

Cyrielle Chatelain et Julien Bayou vont se partager la présidence du groupe écologiste. (AFP)

Julien Bayou, député de la 5e circonscription de Paris, et Cyrielle Chatelain, députée de la 2e circonscription de l'Isère, ont été élus coprésident et coprésidente du groupe écologiste à l'Assemblée nationale. "Conformément à son attachement à la parité et à son histoire à l’Assemblée nationale, le groupe écologiste a décidé d’une coprésidence paritaire", explique un communiqué du groupe. Cette coprésidence sera "de fait" car l'article 19 du règlement de l'Assemblée ne prévoit qu'un nom par présidence de groupe, mais EELV espère voir cette règle modifiée.

Julien Bayou, 42 ans, ancien militant pour le droit au logement et contre l'évasion fiscale, est secrétaire national d'EELV depuis novembre 2019. Il a affronté Valérie Pécresse au second tour des élections régionales en Ile-de-France en 2021, sans l'emporter. Cyrielle Chatelain, 34 ans, est peu connue du grand public. Cette titulaire d'un master en entrepreneuriat en économie sociale et solidaire a travaillé dans une fédération d'associations d'insertion par le logement, puis à la métropole de Grenoble.

Aurore Bergé pour Renaissance (ex-LREM)

Aurore Bergé entourée de journalistes, le 22 juin 2022, à Paris. (CHRISTOPHE ARCHAMBAULT / AFP)

Elue à la tête des députés Renaissance, Aurore Bergé a longtemps bataillé pour obtenir un poste clé dans la majorité. A 35 ans, la députée des Yvelines issue de la droite succède à Christophe Castaner, battu dans les Alpes-de-Haute-Provence.  L'ex-présidente déléguée du groupe s'était inclinée face à lui lors de la précédente élection pour ce poste en septembre 2020. Très présente sur les plateaux de télévision pour argumenter face à LFI ou au RN, Aurore Bergé s'est imposée en première ligne de la macronie depuis son arrivée à l'Assemblée en 2017.

Elle défend une vision stricte de la laïcité, proche de celle de l'ancien ministre de l'Education Jean-Michel Blanquer ou de l'ex-Premier ministre Manuel Valls. Quitte à créer la polémique dans son camp, comme en octobre 2019, quand elle s'était dite prête à voter une proposition de loi d'Eric Ciotti (LR) sur l'interdiction du voile pour les accompagnatrices scolaires. A l'Assemblée, elle s'est particulièrement impliquée sur les questions culturelles, notamment l'audiovisuel public.

Jean-Paul Mattei pour le MoDem

Le centriste Jean-Paul Mattei, le 27 juillet 2017, à Paris. (JACQUES DEMARTHON / AFP)

Jean-Paul Mattei, 68 ans, proche de François Bayrou et implanté dans son ancienne circonscription des Pyrénées-Atlantiques, a été élu patron des députés MoDem, succédant à Patrick Mignola, battu aux législatives. Il l'a emporté par 36 voix contre neuf à son seul concurrent Nicolas Turquois. Le groupe MoDem, allié de LREM et Horizons dans la majorité, est fort de 48 membres, dont un tiers de nouveaux élus.

Encarté chez les jeunes giscardiens en 1974, Jean-Paul Mattei est fermement ancré au centre droit. Décrit comme "sage et roublard à la fois" au MoDem, ce notaire de profession a été élu député pour la première fois en 2017. Cinq ans auparavant, il avait été le suppléant du candidat François Bayrou, battu aux législatives. Il était jusqu'ici vice-président des députés MoDem, un groupe composé de fortes personnalités à l'esprit libre, de Jean-Louis Bourlanges à Laurence Vichnievsky.

Laurent Marcangeli pour Horizons

Le député Horizons Laurent Marcangeli, le 21 juin 2022, à Paris. (Bertrand GUAY / AFP)

Laurent Marcangeli a été élu par acclamation à la tête du groupe Horizons à l'Assemblée nationale. Homme fort de l'opposition aux nationalistes en Corse, le maire d'Ajaccio est un ami d'Edouard Philippe, qui a fondé le parti. Son groupe parlementaire, représentant l'aile droite de la majorité, compte 29 membres dans la nouvelle Assemblée. Le groupe Horizons s'affiche comme "loyal" mais "libre" au sein de la majorité, à l'instar de l'ancien chef du gouvernement.

Avocat de 41 ans, Laurent Marcangeli avait été le plus jeune député de Corse, à 31 ans, en 2012, sous les couleurs de l'UMP dans la 1re circonscription de Corse-du-Sud. Il avait remis la droite au pouvoir en 2014 à la mairie d'Ajaccio. Il va devoir abandonner ses fonctions à la tête de l'exécutif de sa ville, du fait de la règle du non-cumul des mandats, en vigueur depuis 2017.

Olivier Marleix pour Les Républicains

Le député d'Eure-et-Loir Olivier Marleix, le 22 juin 2022 à Paris. (ALAIN JOCARD / AFP)

L'élu d'Eure-et-Loir Olivier Marleix, 51 ans, a été élu à la tête des députés LR par 40 voix contre 20 pour Julien Dive. Fils de l'ancien ministre Alain Marleix, le président des Républicains d'Eure-et-Loir est député depuis 2012. Ce représentant de l'aile conservatrice de LR avait parrainé Laurent Wauquiez en 2017 dans la course à la tête du parti, puis Michel Barnier dans la primaire de 2021. Julien Dive, qui défendait une conception de "droite sociale", avait le soutien des jeunes députés. Des parlementaires, déçus de ce choix, songent même désormais à un départ du groupe, selon les informations de franceinfo.

Olivier Marleix avait déjà été candidat à la présidence du groupe en 2019 et avait été battu par Damien Abad. Ce dernier a été exclu de LR après avoir été nommé ministre des Solidarités dans le gouvernement d'Elisabeth Borne. Le groupe LR est passé d'une centaine à une soixantaine de membres dans la nouvelle Assemblée, après l'échec de Valérie Pécresse à la présidentielle.

Marine Le Pen pour le Rassemblement national

Marine Le Pen au Palais-Bourbon, le 22 juin 2022, à Paris. (ALAIN JOCARD / AFP)

Marine Le Pen a choisi de laisser la présidence du Rassemblement national pour se concentrer au groupe RN à l'Assemblée. "Nous demanderons tout ce qui aurait été accordé au premier groupe d'opposition à l'Assemblée nationale, a déclaré la finaliste de l'élection présidentielle sur BFMTV, lundi. Donc la présidence de la commission des finances, bien sûr, une vice-présidence, bien sûr… Parce que le groupe que nous avons, qui est le premier groupe d'opposition, ne transigera sur aucun des moyens qui lui est accordé (…)."

Marine Le Pen va présider un groupe de 89 députés composé à la fois de jeunes partisans mais aussi de vieux militants proches de son père, qui devront tous montrer leur capacité à exercer le pouvoir. "Je vais les appeler à l'excellence" car "nous devons être meilleurs, plus travailleurs, plus performants, plus efficaces", a-t-elle affirmé. Elle voit dans ces députés "l'avant-garde" d'une élite susceptible de "prendre la responsabilité du pays" en 2027.

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