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En images Royaume-Uni, Portugal, Taïwan... Les "gilets jaunes" font des émules (mais sans mobiliser autant qu'en France)

A Lisbonne, la capitale portugaise, des utilisateurs de Facebook se sont inspirés de l'exemple français pour lancer un appel à la mobilisation pour le 21 décembre. En Pologne, des agriculteurs polonais vêtus de gilets jaunes ont bloqué pendant plusieurs heures, le 12 décembre, une autoroute en direction de Varsovie.

Article rédigé par franceinfo
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Des "gilets jaunes" manifestent à Lisbonne, la capitale portugaise, le 21 décembre 2018. (HENRIQUE CASINHAS / NURPHOTO / AFP)

La french touch a toujours la cote. Et pas seulement dans le domaine de la musique. Le mouvement des "gilets jaunes" inspire l'étranger. Royaume-Uni, Portugal, Pologne, ou encore Taïwan... Alors que l'"acte 6" se tient en France, samedi 22 décembre, franceinfo fait le tour du monde des initiatives qui se sont inspirés du mouvement tricolore.

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Royaume-Uni : contre la réforme des retraites

Le 21 décembre, les Beefeaters, célèbres gardes de la tour de Londres (Royaume-Uni), ont troqué leur traditionnel uniforme rouge et or contre des gilets jaunes. Les employés de l'organisme chargé de l'entretien des palais royaux (HRP) ont en effet décidé de faire grève, revêtus des fameux gilets de sécurité.

Les manifestants protestent contre l'introduction d'un système de retraite moins favorable, qui prévoit notamment des cotisations plus importantes de leurs employés, dans un pays où le système de retraite est par capitalisation.

Des gardes de la tour de Londres manifestent devant le monument historique, au Royaume-Uni, le 21 décembre 2018. (DANIEL SORABJI / AFP)

Portugal : contre le gouvernement

Des utilisateurs de Facebook se sont inspirés de l'exemple français pour lancer un appel à la mobilisation pour le 21 décembre. Au moins une quinzaine de groupes constitués sur les réseaux sociaux menaçait de "stopper le Portugal" en appelant à participer à environ 70 rassemblements.

"Ça suffit la corruption", "entrons dans l'histoire", avaient écrit des manifestants sur des banderoles. "Je ressens de la révolte parce que nous sommes constamment lésés et volés par les gouvernements successifs et peu importe les partis politiques. Le peuple est trop pacifique et est resté silencieux pendant trop longtemps et ça ne peut plus durer", a déclaré l'un d'eux à la presse.

Mais l’impact des manifestations a été limité. La plupart des protestataires sont partis après quelques heures, laissant sur place quelques militants scandant des slogans d'extrême droite, un mouvement qui a très peu de poids politique au Portugal.

Espagne : contre un Conseil des ministres organisé à Barcelone

Les indépendantistes catalans ont appelé à revêtir des gilets jaunes lors du Conseil des ministres qui se tenait à Barcelone, le 21 décembre. "Les 'gilets jaunes' arrivent à Barcelone", annonce une affiche de La Forja, une petite organisation de jeunes indépendantistes née en février 2018, qui se revendique en tant que mouvement de "jeunesse révolutionnaire", rapporte Slate.

"Les demandes ne sont pas économiques et sociales comme celle des Français, mais il faut souligner que le Premier ministre espagnol vient d'annoncer une hausse du salaire minimum de 22%", rappelle TV5 Monde.

Taïwan : pour une réforme fiscale et judiciaire

Des manifestants ont manifesté, le 19 décembre, pour réclamer une réforme fiscale et judiciaire. Ce mouvement est né en 2016 et a récemment choisi de porter le symbole de la mobilisation française. "Nous avons été touchés par le mouvement français et décidé d'aller dans la rue en gilet jaune", a expliqué un responsable à CNN (en anglais).

Des manifestants en "gilet jaune", à Taïwan, le 19 décembre 2018. (HSU TSUN-HSU / AFP)

Pays-Bas : contre le Premier ministre

Dès le 1er décembre, des rassemblements inspirés des "gilets jaunes" ont eu lieu dans plusieurs villes des Pays-Bas, comme La Haye ou Amsterdam. Le journal Het Parool, cité par Courrier international, rapporte que devant le siège du gouvernement, "ils étaient entre 100 et 200 personnes à réclamer la démission du Premier ministre de droite libérale, Mark Rutte".

"Le fossé entre les plus riches et les plus pauvres est de plus en plus grand. Je touche une pension de 640 euros par mois et je dois vivre avec ça, payer mon loyer. Pour me nourrir, je suis obligé d'aller à la banque alimentaire", a déclaré à RFI un retraité qui a manifesté. "Nous sommes de simples citoyens qui souhaitons faire entendre notre voix de façon pacifique", a ajouté une femme. La mobilisation dans le pays s'est poursuivie. Le 15 décembre, des manifestations ont notamment eu lieu à Rotterdam.

Des "gilets jaunes" manifestent à Rotterdam, aux Pays-Bas, le 15 décembre 2018. (EVERT ELZINGA / ANP / AFP)

Serbie : contre la hausse des prix du carburant

Bosko Obradovic, un député de l'opposition, a revêtu un gilet jaune, le 4 décembre, en plein Parlement serbe pour dénoncer le coût de l'essence dans le pays. "Nous voulons des prix normaux de l'essence, ou vous aurez des 'gilets jaunes' dans les rues de Belgrade et de Serbie", a lancé l'élu, leader de la formation de droite nationaliste Dveri. Ce dernier a appelé à un rassemblement à Belgrade, le 8 décembre, rapporte le site internet Le Courrier des Balkans.

Le mouvement s'est poursuivi le 15 décembre, toujours à Belgrade, malgré d'importantes chutes de neige.

Des manifestants en "gilet jaune" à Belgrade, la capitale serbe, le 15 décembre 2018. (MARKO DJURICA / REUTERS)

Israël : contre la hausse du coût de la vie

Des manifestants vêtus de "gilets jaunes" se sont mobilisés à Jérusalem et Tel Aviv, le 14 décembre, contre l'augmentation des prix de certains services publics et de produits alimentaires.

Des manifestants en "gilets jaunes" défilent à Tel Aviv (Israël), le 14 décembre 2018. (GILI YAARI / NURPHOTO / AFP)

"Nous avons beaucoup à apprendre des Français. Ils montrent le chemin. Les jeunes comme les retraités souffrent de la hausse du coût de la vie", a expliqué un contestataire au Figaro. Les rassemblements n'ont pas rassemblé grand monde : quelques centaines de personnes à Tel Aviv, et seulement quelques dizaines à Jérusalem. Mais le message a été entendu. Le ministre des finances, Moshe Kahlon, a annoncé la création d’une commission chargée de trouver des solutions.

Pologne : pour une aide aux éleveurs 

Des agriculteurs polonais vêtus de gilets jaunes ont bloqué, le 12 décembre, pendant plusieurs heures, une autoroute en direction de Varsovie pour réclamer du gouvernement une aide aux éleveurs touchés par la peste porcine africaine.

"On proteste à la française, comme les 'gilets jaunes', car les protestations pacifiques menées jusqu'à présent n'ont donné aucun résultat", a déclaré un des participants. Selon lui, environ 300 personnes ont participé au mouvement à Brwinow, à une trentaine de kilomètres de Varsovie. Le ministre de l'Agriculture, Jan Ardanowski, s'est rendu sur place pour rencontrer les agriculteurs.

Belgique : contre la hausse des prix de l'essence

Le mouvement s'est exporté assez tôt chez nos voisins. Le 16 novembre, à la veille des manifestations prévues en France contre la hausse des taxes sur les prix de l'essence, des "gilets jaunes" ont bloqué plusieurs dépôts de carburants.

Le 30 novembre, deux véhicules de police ont été incendiés lors de violentes échauffourées, à la fin d'une manifestation d'environ 300 "gilets jaunes" à Bruxelles, le premier rassemblement de ce type organisé dans la capitale belge. La mobilisation a perduré, principalement dans la région francophone de Wallonie. Le 8 décembre, environ 400 personnes ont été arrêtées, à Bruxelles, lors d'une manifestation.

Des "gilets jaunes" manifestent à Bruxelles, la capitale belge, le 8 décembre 2016. (ROMY ARROYO FERNANDEZ / NURPHOTO / AFP)

Allemagne : contre l'islamisation de l'occident

Trois mouvements d'extrême droite ont lancé un "rassemblement en 'gilet jaune'", le 1er décembre, pour protester contre "l'islamisation de l'occident". "Un traditionnel agrégat composé principalement de militants du mouvement islamophobe Pegida et du parti d’extrême droite AfD" ont réclamé "très classiquement, le refus du pacte de l’ONU sur les migrations ainsi que le départ de la chancelière", a expliqué Libération.

"Notre combat rejoint celui des 'gilets jaunes' français", a expliqué l'un des manifestants au Monde. "Ici, nous voulons nous débarrasser de Merkel. En France, ils veulent que Macron démissionne, mais au fond, notre objectif est le même : redonner le pouvoir aux peuples européens, en finir avec ces politiques inconséquentes qui donnent tous les droits aux étrangers alors que les Européens de souche, eux, sont traités comme des citoyens de seconde zone", a-t-il affirmé. Finalement, moins de mille personnes étaient réunies devant la porte de Brandenbourg, à Berlin.

Des manifestants d'extrême droite vêtus de "gilets jaunes" devant la porte de Brandebourg à Berlin (Allemagne), le 1er décembre 2018. (CHRISTOPH SOEDER / DPA / AFP)

Bulgarie : contre la hausse des prix du carburant

Le 18 novembre, au lendemain de la première journée de mobilisation française, quelques milliers de personnes, parmi lesquels des "gilets jaunes", se sont mobilisés. Ils ont bloqué des grands axes routiers ainsi que des postes-frontières entre la Bulgarie, la Turquie et la Grèce. Comme en France, ils protestaient notamment contre l'augmentation des prix du carburant.

Des Bulgares manifestent contre la hausse du prix des carburants, le 18 novembre 2018, à Sofia (Bulgarie). (DIMITAR DILKOFF / AFP)

Et bientôt en Egypte ?

Les "gilets jaunes" ne sont pas encore arrivés en Egypte et les autorités prennent des mesures pour éviter qu'un mouvement similaire à celui né en France puisse voir le jour. Les autorités du Caire ont limité la vente de gilets fluo réfléchissants jusqu’à fin janvier. Les revendeurs d'équipements de sécurité routière et industrielle ont reçu pour instruction de ne pas vendre de gilets jaunes aux acheteurs occasionnels et de limiter la diffusion aux grossistes et aux sociétés certifiées, uniquement après avoir obtenu l'autorisation de la police.

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