Aides de la PAC, fonds pour les viticulteurs, contrôle des produits étrangers... Les nouvelles annonces de Gabriel Attal pour l'agriculture

Quatre jours après une première salve de mesures, le Premier ministre a assuré mardi qu'il apportera "des réponses rapides partout là où c'est possible" face à la colère du monde agricole, tout en prévenant que "tout ne sera pas réglé en quelques semaines".
Article rédigé par Louis San
France Télévisions
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Le Premier ministre, Gabriel Attal, à la tribune de l'Assemblée nationale, lors de sa déclaration de politique générale, le 30 janvier 2024. (EMMANUEL DUNAND / AFP)

"Notre agriculture est notre force" et "nous devons mener notre réarmement agricole". En pleine crise, avec des barrages d'agriculteurs qui bloquent toujours des axes routiers dans plusieurs régions de France, Gabriel Attal était attendu au tournant lors de sa déclaration de politique générale à l'Assemblée nationale, mardi 30 janvier.

L'agriculture "constitue l'un des fondements de notre identité, de nos traditions", a déclaré le Premier ministre face aux députés. Selon lui, les "agriculteurs incarnent des valeurs fondamentales qui, lorsqu'elles sont bridées, fragilisent l'ensemble de la société : la valeur du travail, de l'effort, la liberté d'entreprendre". Le locataire de Matignon ne s'est pas contenté de leur rendre hommage. Quatre jours après son déplacement en Haute-Garonne où il avait fait plusieurs annonces, il leur a promis une nouvelle salve de mesures, assurant qu'il apportera "des réponses rapides partout là où c'est possible", mais prévenant aussi que "tout ne sera pas réglé en quelques semaines".

Les aides de la PAC versées avant le 15 mars

Alors que la question des revenus est au cœur des revendications des agriculteurs, Gabriel Attal a clairement abordé la question de leur trésorerie. "D'ici le 15 mars, toutes les aides PAC [politique agricole commune] seront versées sur les comptes bancaires des exploitants, a promis le Premier ministre. Nous travaillerons avec les régions pour que les aides à l'installation des jeunes agriculteurs puissent être versées dans les prochaines semaines."

Egalim, GNR, maladie hémorragique épizootique : des engagements rappelés

Gabriel Attal a assuré mardi le service après-vente des annonces faites le 26 janvier. Sur les lois Egalim, le Premier ministre a déclaré qu'une centaine d'inspecteurs de la répression des fraudes ont, "dès la semaine dernière", débuté "leurs contrôles sur le terrain, qui seront deux fois plus nombreux qu'auparavant". "C'est une vague de contrôles sans précédent", a-t-il insisté, précisant que "toutes les amendes qui seront infligées à l'industrie et à la grande distribution seront réutilisées pour soutenir les agriculteurs".

Le Premier ministre est également revenu sur les taxes qui touchent le gazole non routier (GNR). "Dès février", la moitié du remboursement de la taxe intérieure de consommation sur les produits énergétiques "sera versée aux exploitants", a-t-il assuré. Cela représente 733 euros pour une exploitation utilisant 7 000 litres de GNR, a-t-il illustré.

Dans la prolongation des aides annoncées lors de son déplacement en Haute-Garonne, Gabriel Attal a également abordé les aides d'urgence pour la maladie hémorragique épizootique (MHE). Il a réaffirmé que "dès la semaine prochaine, le 5 février précisément, un guichet pour la prise en charge des frais vétérinaires concernant la MHE sera ouvert". Cela va permettre de "verser les premières indemnisations dès la fin du mois de février". Le Premier ministre a par ailleurs rappelé que "le taux de prise en charge des frais vétérinaires a été réévalué à 90%".

Les premiers décrets pour simplifier les normes attendus dans les prochains jours

Martelant sa volonté de "débureaucratiser" et "déverrouiller" la France, Gabriel Attal a déclaré que "dix normes" qui touchent le monde agricole ont été simplifiées et que "les premiers décrets sortiront dans les prochains jours, par exemple sur le curage". "En ce moment même, partout en France, les préfets passent au tamis toutes les normes, avec les agriculteurs, pour supprimer ou simplifier les normes qui doivent l'être."

Un "fonds d'urgence" pour les viticulteurs

Assurant que le gouvernement avait "avancé" ces derniers jours lors de discussions avec le monde agricole, le Premier ministre a évoqué de nouvelles aides pour venir en aide aux viticulteurs, qui "souffrent". "Nous allons débloquer des moyens nouveaux avec un fonds d'urgence avant la fin de la semaine pour soutenir nos viticulteurs, particulièrement en Occitanie", a déclaré Gabriel Attal, sans détailler le montant.

Le chef du gouvernement a également fait savoir que l'élevage faisait partie des sujets en discussion. Après la mise en œuvre d'"un dispositif fiscal" qui permet aux éleveurs de "faire face à l'inflation, notamment sur le prix de leurs bêtes", il a assuré : "Nous le renforcerons, pour protéger toujours davantage nos éleveurs."

Un "grand plan" pour contrôler la traçabilité des produits étrangers

Gabriel Attal a vanté un "grand plan de contrôle sur la traçabilité des produits". Pour le chef du gouvernement, il s'agit de "garantir une concurrence équitable" pour que "les normes que l'on applique aux agriculteurs français soient aussi respectées pour les marchandises étrangères". Les agriculteurs se plaignent effectivement que des produits importés soient soumis à des normes moins contraignantes qu'en France.

"Trois priorités immédiates" au niveau européen

Le Premier ministre a évoqué trois "priorités immédiates", énumérant "les jachères", "les importations ukrainiennes, notamment de volailles" et le traité Mercosur. "Ces sujets seront portés très fortement par le gouvernement et le président lui-même", a-t-il assuré, alors qu'Emmanuel Macron s'est exprimé sur ces questions depuis la Suède, en marge d'un sommet européen, quelques minutes avant la déclaration de politique générale.

"Notre détermination est totale. Et nous ne nous laisserons pas faire", a assuré Gabriel Attal. "Nous prendrons également des mesures pour éviter toute surtransposition, d'où qu'elles viennent", a ajouté le Premier ministre. En clair, cela signifie qu'il ne souhaite pas que la France fasse du zèle sur la réglementation européenne en imposant des contraintes plus fortes que ce que dit le texte.

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